Les futures mères passent trop d'examens inutiles pendant leur grossesse, conclut une étude des Mutualités libres (ML) que rapporte La Libre Belgique mardi. Selon cette étude, le nombre d'examens gynécologiques et d'échographies pourrait être drastiquement réduit, allégeant ainsi le budget moyen par grossesse aux frais de l'Inami.
Les ML ont passé 19.533 accouchements au crible en 2013, en prenant en compte les prestations médicales, paramédicales et actes techniques remboursés les neuf mois de grossesse, l'hospitalisation en maternité et les trois mois suivant la sortie. Un accouchement coûte ainsi en moyenne 5.000 euros sur une année à l'Institut national d'assurance maladie-invalidité (Inami). Un montant que les ML estiment pouvoir faire baisser en diminuant le nombre d'examens passés par la future maman. La mutualité constate ainsi qu'une femme passe en moyenne 10,8 examens gynécologiques pendant sa grossesse, avec dans la moitié des cas 3,5 consultations en plus par des accoucheuses. Or, le Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE) recommande dix visites prénatales pour les femmes qui attendent leur premier enfant et sept pour les suivants. De la même manière, un femme sur deux passe en moyenne cinq échographies par grossesse, alors que le KCE estime que seule une première échographie en début de gestation et une seconde à mi-grossesse sont nécessaires.
Trop d'examens réalisés sans tenir compte du facteur de risques de la maman
A quels types de soins recourt-on avant, pendant et après un accouchement ? Et quel est le coût de ces soins pour la sécurité sociale et les parents ? Les Mutualités Libres ont voulu répondre à ces questions en analysant la totalité des prestations médicales dont ont bénéficié 19.500 femmes ayant accouché en 2013. L'analyse s'étend du début de la grossesse à 3 mois après l'accouchement, soit un an au total*.
Trop d'échographies
Parmi les résultats les plus frappants de l'étude, il apparaît que certains examens sont réalisés à plusieurs reprises sans tenir compte des facteurs de risques de la maman (âge, diabète, hyperthyroïdie…). Ainsi, 1 femme sur 2 subit jusqu'à 5 échographies sur toute sa grossesse, ce qui est très supérieur aux recommandations du KCE (Centre fédéral d'expertise des soins de santé).
Selon le KCE, seules deux échographies sont "vraiment nécessaires" : au début et à la mi-grossesse. Et comme l'avait souligné l'Agence Intermutualiste dans un rapport sur le suivi prénatal en Belgique**, "on ne dispose pas de preuves suffisantes pour recommander une échographie de routine après 24 semaines de grossesse" (3e échographie).
A contrario, l'étude révèle qu'1 femme sur 4 ne subit pas d'examen de dépistage du virus du sida. Or, c'est un examen important et en cas de séropositivité, un traitement prénatal devra être pris par la maman pour réduire les risques de transmission du virus à son enfant.
Un coût important pour l'assurance maladie: 5000 euros pour un accouchement "normal", 6800 pour une césarienne
Quel est le coût d'une nouvelle naissance ? Dans le cas d'un accouchement "normal", les dépenses de santé cumulées pendant un an par une femme représentent 5.000 euros de coûts pour l'assurance maladie. Montant qui s'élève à 6.800 euros pour un accouchement par césarienne. Pour les mamans, l'addition est heureusement beaucoup plus modérée avec une moyenne de 400 euros à leur charge (via les tickets modérateurs) et ce, quel que soit le type d'accouchement. Ce montant individuel ne tient toutefois pas compte des suppléments d'honoraires des médecins et des suppléments de chambre facturés par les hôpitaux. Ainsi, il n'est pas anecdotique de préciser qu'accoucher dans un hôpital universitaire coûte 20% plus cher que dans un hôpital non universitaire.
La grossesse n'est pas une maladie
Pour l'Organisation mondiale de la Santé, il faut "démédicaliser" la grossesse.
Les Mutualités Libres adhèrent à cette vision car la grossesse n'est pas une maladie et ne doit pas être traitée comme telle, sauf exception (risque gestationnel). La majorité des femmes vivent des grossesses à faible risque, il est donc parfaitement possible de démédicaliser cette période, notamment par un usage plus rationnel des consultations et des examens complémentaires, dont certains tests de biologie clinique. Cela aura par ailleurs aussi un impact bénéfique sur les finances publiques.
Enfin, l'étude confirme une tendance observable dans tous les pays développés : le taux de césariennes ne cesse d'augmenter. Il est de 22% et grimpe même à 25% pour les femmes de plus de 35 ans. Pour les Mutualités Libres, il doit être possible d'arriver rapidement à un taux inférieur à 20%, plus proche des recommandations internationales.
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