Il restait dimanche matin 106 places en soins intensifs en Belgique, a affirmé le docteur Philippe Devos, président de l'Association belge des Syndicats médicaux (Absym), sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche" (RTL-TVi).
Pour éviter le chaos, de nouvelles mesures viennent d’être prises. Des mesures fortes, des mesures de la dernière chance. Est-ce trop tard ? Est-ce suffisamment strict ? Philippe Devos, anesthésiste et directeur du service soins intensifs au CHC Liège était l'un des invités de l'émission 'C'est pas tous les jours dimanche'. Pour les jours à venir, il craint le pire: "Toutes les projections mathématiques nous disent qu'il y a une chance sur deux qu'on soit saturé cette semaine ou la semaine suivante. Ça veut dire qu'il n'y aurait plus aucune place en Belgique pour un malade en soins intensifs."
Ce dimanche matin, il restait 106 places en soins intensifs pour la Belgique entière sur un peu plus de 2.000 places et sur un pays de 11 millions d'habitants. "On joue à pile ou face avec la vie de certaines personnes", a-t-il ajouté pour illustrer la situation.
La phase 2A du plan d'urgence hospitalier qui débute ce lundi doit permettre d'ouvrir de nouvelles places en soins intensifs, a souligné dimanche le cabinet du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, en réponse à cette déclaration de Dr Devos. À partir de lundi, rappelle le cabinet Vandenbroucke, tous les hôpitaux généraux et universitaires doivent passer à la phase 2A du plan d'urgence hospitalier, ce qui signifie que 60% des 2.000 lits de soins intensifs doivent être réservés pour des patients Covid-19, soit 1.200 lits. En plus de cela, ces hôpitaux doivent ouvrir un nombre supplémentaire de lits de soins intensifs: 40% des 2.000 existants, soit 800 lits de soins intensifs en plus. Ce peut être réalisé par exemple en transformant une salle de réveil en salle pour patients intubés. Ils doivent aussi commencer à préparer la phase 2B. Ils ont sept jours pour y arriver.
Triste fatalité
Une procédure mettant sur papier la marche à suivre pour le personnel hospitalier en cas de saturation est en cours d'élaboration. C'est du moins ce qu'a affirmé de Philippe Devos qui explique: "On se tourne vers l'Allemagne où on transfère tous les jours à Liège. On essaie de trouver toutes les solutions possibles et imaginables pour éviter cela: d'un moment faire un choix pour prendre celui qui a le plus de chance que les soins fonctionnent. Tous les hôpitaux se préparent. On est en train d'écrire des procédures pour voir comment on va fonctionner. C’est-à-dire faire une réflexion éthique avec le comité bioéthique, que nous avons interpellé vendredi, pour voir s'il y a moyen de mettre en place une règle nationale au cas où on arriverait dans cette fatalité."
En résumé, cette règle impliquerait un choix pour les médecins entre ceux qui seront pris en charge et ceux qui ne pourraient pas être pris en charge aux soins intensifs, les condamnant grandement par la même occasion. "Personne n'a envie d'y être. Je n'ai certainement pas envie que ce soit aux médecins à faire ce choix. Je préfère que ce soit le gouvernement qui prenne cette décision plutôt que les médecins."
Philippe Devos a conclu: "Si on m'invente des infirmières qui tombent du ciel et des et des lits qui tombent du ciel, je veux bien soigner tout le monde. La problématique est quand le dernier lit sera occupé et qu'il y aura trois personnes qui arriveront aux urgences, qu'est-ce que je fais? Premier arrivé, premier servi? Comment je gère l'émeute dans les urgences?"
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