Le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), veut un personnel soignant mieux payé et plus de bras dans nos hôpitaux. Dans cette optique, il annonce ainsi, dans les colonnes de Sudinfo, libérer 43 millions pour les infirmiers spécialisés.
En concertation avec les partenaires sociaux, un nouveau modèle de fonctions (IFIC) pour le personnel de soins a été élaboré sous le gouvernement précédent. "L'objectif de cette classification de fonctions était de rémunérer les soignants sur la base des tâches et non plus du diplôme. Depuis le début de la législature, nous avons consacré un demi-milliard à ce nouveau modèle au travers des accords sociaux", rappelle Frank Vandenbroucke. "Une somme significative qui améliore la plupart des salaires, certainement celui des débutants, l'un des objectifs de la réforme."
Mais les infirmiers spécialisés n'y trouvaient pas leur compte. "Il y avait pour eux une anomalie : le système IFIC ne valorise pas ou pas assez leur spécialisation, alors que la question des spécialisations se pose notamment dans les services d'urgence et de soins intensifs et que ces services jouent justement un rôle clé dans la pandémie", explique le ministre.
"Je propose de remédier au problème en introduisant un montant forfaitaire qui revalorise les spécialisations agréées. La proposition, c'est 2.500€ brut de plus par an pour les infirmiers spécialisés ayant un titre professionnel particulier et 833€ brut en plus chaque année pour les infirmiers spécialisés ayant une qualification professionnelle particulière."
Ce montant forfaitaire sera accordé dès janvier 2022. L'octroi se fera avec effet rétroactif, car la mise en oeuvre technique nécessitera plusieurs mois.
"Totalement insuffisant"
Le budget de 43 millions d'euros libéré pour les infirmiers spécialisés par le gouvernement est "totalement insuffisant", soutient jeudi la CNE dans un communiqué. Le syndicat chrétien dénonce une réponse tardive et non concertée à la demande des partenaires sociaux.
"Même si nous ne pouvons que nous réjouir qu'une réponse soit enfin donnée aux demandes répétées des partenaires syndicaux et patronaux du secteur, nous devons bien constater qu'aucune concertation n'a été menée pour en définir les modalités", pointe la CNE. "À ce jour, aucune information officielle ne nous est apportée sur l'origine du budget ni sur la compatibilité avec le nouveau modèle salarial", poursuit-elle.
Selon le syndicat, cette annonce "semble donc largement dictée par un souci de communication positive vers une partie du personnel soignant". La CNE ajoute encore que la mesure annoncée "ne résoudra en rien" la pénurie de personnel soignant. Pour elle, "le malaise profond de l'ensemble du personnel soignant doit être entendu".
Le syndicat exige des fédérations d'employeurs "qu'ils arrêtent de bloquer la conclusion de CCT améliorant les conditions de travail, notamment en matière de conciliation vie familiale et vie professionnelle". Il demande également au gouvernement "qu'il stoppe son projet d'interdiction professionnelle pour les non vaccinés, perçu comme stigmatisant et dangereux en matière de santé publique en période de forte pénurie". Il l'exhorte enfin à "libérer un budget supplémentaire important pour déployer un plan d'urgence et à long terme pour rendre à nouveau tenables et attractives les professions de santé".
Vos commentaires