Comme nous vous l'expliquions dans nos articles précédents, plusieurs centaines de policiers sont couverts par un certificat médical ces jours-ci pour dénoncer le manque d'effectifs dans leurs services. Cela ne signifie pas qu'il s'agisse de certificats de complaisance. Mais les médecins l'admettent: ils sont de plus en plus souvent mis sous pression par les patients réclamant un "arrêt maladie".
Ne pas délivrer de certificat en cas de doute. Voilà l’avertissement lancé par l’association belge des syndicats médicaux. L'organisme tente de réduire l’actuelle prolifération d’arrêts maladie dans les forces de police. Ils seraient plus de mille rien qu’en région bruxelloise. Une situation qui entraîne une suspicion de certificats de complaisances. "Dans ceux qui vont aller tricher pour obtenir des certificats, il y a ceux qui vont raconter des histoires, qui vont inventer quelque chose, explique Jacques De Toeuf, vice-président de l'association belge des syndicats médicaux au micro de nos reporters Sébastien Rosenfeld et Michaël Harvie. Le médecin ne sait pas vérifier. Donc, on met le médecin en porte-à-faux par rapport à son rôle qui est d'aider les personnes. Mais aider les personnes, cela ne va pas jusqu'à faire des certificats non justifiés".
Les médecins doivent être "vigilants"
Un code de déontologie oblige le médecin à rester vigilant. Les plaintes pour certificats de complaisance restent stables depuis 10 ans. 60 en moyenne chaque année. Certains indices permettent d’enclencher des procédures. "C'est soit le nombre d'attestations qui sont faites pour un même patient, peut-être sur une courte période, ou alors inversement, c'est le nombre d'attestations qui sont faites par le médecin à l'égard d'une série de patients et font naître un doute sur l'objectivité de ces certificats", éclaire Benoît Dejemeppe, président de l'Ordre des médecins.
Quel risque pour le médecin?
L’Ordre des médecins s’attend à des plaintes de la hiérarchie de la police. Mais prouver la malveillance reste délicat. Chez les forces de l’ordre comme ailleurs, la pression au travail est une réalité. "Et si jamais il renvoyait systématiquement quelques personnes qu'il ne connaît pas, ou peu… la première fois que l'une de ces personnes sort du cabinet et se suicide, je peux vous dire que le médecin qui n'a pas fait ce certificat, il est mort. Sa carrière, sa vie seront finies, il aura la police sur le dos. C'est l'horreur", estime Jacques De Toeuf, vice-président de l'association belge des syndicats médicaux.
En cas d’abus, le médecin risque un avertissement ou, plus rare, une suspension pour faux en écriture.
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