Le miel vendu en grandes surfaces ne contient pas que du miel, selon une étude de Test-Achats. Des miels d'importation et des sirops seraient incorporés dans les miels bon marché. Les apiculteurs wallons réclament un meilleur étiquetage des produits.
Nous sommes allés à Lutrebois (Bastogne) à la rencontre d'une apicultrice, qui nous a montré ses ruches. Protégé par une fine couche de cire, du miel frais commence à remplir les alvéoles… Trop tôt pour envisager la récolte: "Tant que ce n'est pas operculé, maturé, on ne touche pas. C'est comme du bon vin, il faut le temps. Si vous êtes pressé, ça n'ira jamais", nous explique Jocelyne Collard, qui est également présidente de l'Union royale des ruchers wallons. "Il faut attendre le bon moment, les bonnes températures, on n'extrait pas quand il pleut, ni quand il fait trop chaud".
Dans certains pays, la substance sucrée serait déjà prélevée. Mais Jocelyne sait se montrer patiente: "Le miel, c'est notre caviar, c'est quelque chose de riche, qui est fait avec amour".
Un produit 100% naturel, pourtant objet de nombreuses fraudes. Test Achats a fait analyser 24 miels vendus en supermarché. Le verdict est sans appel : un seul répond au niveau de qualité.
Manque de goût
Un manque de goût également pointé par ce laboratoire spécialisé dans les analyses de miel. Parmi les substances régulièrement absentes, la saccharase, une enzyme indissociable du véritable miel.
"Pour un miel de nos régions, on est avec un indice saccharase de 32. Et sur les trois échantillons qui sont là (produits de grandes surfaces bon marché), on a une fois 5,4, et deux fois 'non détecté'. Ça veut dire que cet indicateur enzymatique est complètement détruit", explique Etienne Bruneau, administrateur-délégué du CARI.
Fraude ?
Ces produits bon marché, vendus pour certains à moins 2 euros le pot de 500 grammes, seraient en fait chauffés afin d’y incorporer des miels chinois ou ukrainiens. "On ne sait pas identifier l'origine géographique, et ça pose problème. On est sur des miels dégradés dont on ignore l'origine, la suspicion de fraude est très importante".
Et ce n’est pas tout: ces faux miels comprendraient également des ajouts de glucose et de fructose. Des sirops, difficilement détectables, que l’on peut trouver en quelques clics sur un internet.
Dans l’attente d’une nouvelle directive européenne, les apiculteurs wallons réclament une meilleure traçabilité. Un projet de QR Code est en préparation afin de mettre en valeur l’origine du miel belge et ses conditions de production.
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