1 milliard d'euros, c'est ce que perdent chaque année les commerçants victimes de vols dans les magasins en Belgique. Ces vols sont toujours très nombreux: on estime qu'il y en a 137 par jour en moyenne. Les voleurs agissent généralement en bande organisée. Arnaud Gabriel et Guillaume Houssonloge ont rencontré ces commerçants de City 2 pour le RTL info 13 heures.
Jennifer est la responsable d'un magasin de vêtement situé dans le complexe City 2 à Bruxelles. Les vols font partie du quotidien. Tous les mois, les pertes représentent près de 1.500 euros, et certains butins sont parfois très impressionnants.
"Ils peuvent partir parfois avec des piles complètes, surtout sur les entrées de magasins. Parfois, on a beaucoup de difficultés pour voir ce qui se passe puisqu'ils envoient en général des complices", explique Jennifer Henninot, la responsable.
Un peu plus loin dans la galerie, dans une parfumerie, la gérante compte jusqu'à 4 ou 5 vols par jour. "Ils arrachent l'alarme, il le mettent en poche. Un petit mascara comme ceci c'est 42 euros", montre Sophie Liesnard.
"C'est aussi le consommateur"
Le phénomène n'est pas nouveau, il a même toujours existé et c'est un fléau qui est très compliqué à éradiquer. Mais il a pourtant des répercussions sur tous les consommateurs.
"Finalement, qui paye pour ces vols en magasins? C'est le commerçant qui va rogner une partie de sa marge, mais c'est aussi le consommateur", explique Dominique Michel, administrateur délégué de Comeos (fédération belge du commerce et des services). D'après lui, le manque à gagner de ces vols est répercuté sur le prix payé par le consommateur.
Un des principaux problèmes est la récidive fréquente des voleurs, et surtout l'impossibilité de les empêcher de commettre les faits.
"C'est un lieu public, rappelle Regis Gaspar, directeur général de Securitas. Donc, on ne peut pas empêcher quelqu'un de rentrer dans un magasin. Or, on a suffisamment d'informations sur certaines personnes, sur des bandes organisées. Et donc à partir du moment où ces personnes savent qu'elles ne peuvent pas être empêchées de rentrer dans un magasin, elles n'ont pas peur de revenir".
"Pouvoir utiliser les images des caméras"
Le ministre de l'Intérieur, Jan Jambon, est conscient de cette réalité. Il est venu ce matin à la rencontre de certains commerçants bruxellois, à l'occasion de la première Semaine de la Sécurité organisée Comeos.
Les exploitants du Carrefour, d'Ici Paris XL et de la Fnac ont fait part au ministre des problèmes auxquels ils sont confrontés. "On a demandé à pouvoir utiliser les images des caméras pour la formation de notre personnel. Actuellement, cela est interdit pour des questions de respect de la vie privée", a expliqué Guy Nobel, manager sécurité pour le groupe A.S. Watson chez Ici Paris XL. "On voudrait aussi que les sociétés de sécurité privées aient le droit de fouiller les sacs et les personnes si nécessaire. Aujourd'hui, seule la police peut le faire. Comme nos produits sont petits et chers et donc particulièrement intéressants pour le marché noir, on a un vrai problème avec les bandes organisées. Ici, la collaboration avec la police est primordiale."
Parmi les autres demandes, figure également celle d'un encadrement légal pour la perception immédiate en magasin du prix de l'objet volé, augmenté des frais administratifs.
Deux projets de loi
Jan Jambon a présenté deux projets de loi. Le premier sur les caméras de surveillance a été soumis pour avis au Conseil d'État, avant d'être présenté au Parlement. "Cette modernisation permettra de mieux utiliser les caméras, mais aussi d'avoir par exemple des caméras derrière des miroirs. Mon deuxième projet de loi concerne le gardiennage privé. On examine si on peut donner plus de compétences au gardiennage privé pour faire des contrôles. Là, je dois encore avoir l'accord du gouvernement."
Face à la récidive et aux bandes organisées, les parquets de Hal-Vilvorde, de Tongres, d'Eupen et de Hasselt tiennent, depuis lundi, des audiences thématiques consacrées à la criminalité en magasin. Les commerçants pourront ainsi, en tant que parties civiles, faire part plus spécifiquement de leurs griefs.
Comeos dénombre, sur la base des chiffres de la police fédérale, environ 20.000 vols à l'étalage et 20.000 vols avec violence en 2015. La fédération estime que pour un vol repéré, 9 passent inaperçus. "On a un milliard d'euros de perte chaque année", ajoute Dominique Michel, administrateur délégué de Comeos.
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