Le déconfinement fait beaucoup d'heureux en Belgique, mais il inquiète également certains citoyens. Après des semaines passées à la maison, isolé parfois du monde extérieur, il peut arriver qu'on soit angoissé à l'idée de sortir de chez soi et de revoir du monde. Les spécialistes appellent ça le "syndrome de la cabane".
Nous avons rencontré Magali à Waterloo. Sortir de chez elle pour répondre à nos questions est un véritable effort pour notre témoin. Car désormais, la peur d'être contaminée est tous les jours dans l'esprit de notre témoin, et ce malgré les multiples gestes barrières et précautions.
"On en veut aux autres de ne pas se protéger, de ne pas protéger les autres. On a peur de contaminer. On a peur de se contaminer. C'est pas facile. Tout prend énormément de temps. Tout est chronophage pour l'instant. Ça aussi ça angoisse, on a l'impression d'avoir tous nos repères qui sont perturbés", confie Magali.
On revient des courses, on est épuisé
Souffrant d'immunodéficience, la peur de Magali s'est amplifiée. Chaque sortie est devenue une épreuve. "On revient des courses, on est épuisé. Vraiment épuisé. Je dirais moralement et physiquement. Dans le sens où on doit réfléchir à chaque geste, être attentif aux autres", précise-t-elle.
Pour aller travailler, je n'ose même pas prendre le train, le métro…
Magali est loin d'être un cas isolé. Nous avons pu interroger Marie par visioconférence et à visage caché. Elle explique ressentir des angoisses à cause du confinement et craindre le comportement des autres. "Pour aller travailler, je n'ose même pas prendre le train, le métro… Ça ce n'est pas possible, je ne peux pas côtoyer d'autres personnes. Je ne me sens responsable que de moi-même", indique-t-elle.
Deux grands types de réactions
Cette crainte d'être déconfiné peut être associé au syndrome de la cabane. C'est-à-dire la peur de quitter son lieu de confinement pour reprendre une vie normale. Pour l'une des psychologues que nous avons interrogés, cette peur se traduit par deux types de comportements. "Il y a les personnes qui vont vraiment développer des troubles anxieux. La peur de l'autre, la peur d'être contaminés. Et puis il y a les personnes qui, à l'inverse, vont vouloir surcompenser cette privation de liberté, et ils vont avoir tendance à tomber dans des comportements excessifs", explique Emilie Maroit.
Ce sont les personnes les plus fragiles à la base qui flambent aujourd'hui
Le syndrome de la cabane peut aussi amplifier des peurs existantes. "Ce sont les personnes les plus fragiles à la base qui flambent aujourd'hui. C’est-à-dire que l'anxieux de base est aujourd'hui hyper-anxieux. L'hypocondriaque léger est aujourd'hui très hypocondriaque. Ces flambées font que toutes ces personnes ont besoin d'aide pour retrouver une vie plus ou moins normale, et commencer à penser à sortir de chez elles", indique Dimitri Haikin, psychologue.
L'incertitude liée à la situation pousse aussi au repli sur soi. Depuis le début du confinement, les psychologues ont observé une augmentation du nombre de cas.
Vos commentaires