Médecins Sans Frontières ne mâche pas ses mots concernant la gestion de la crise sanitaire dans les maisons de repos. L’ONG, qui est elle-même intervenue dans les homes, estime que le personnel et les résidents ont été laissés pour compte et n’hésite pas à parler de crise humanitaire.
Pousser la porte des maisons de repos belges, c’est avant tout se rendre compte d’un sentiment d’abandon pesant. C’est en tout cas le constat tiré par l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF), avec un premier chiffre: les visites des médecins généralistes dans les homes ont chuté de moitié durant la crise.
"Une personne de 75 ans doit vivre dans des conditions normales"
L’angoisse du coronavirus aurait donc limité l’accès aux soins des personnes âgées. "L’ensemble des personnes de notre territoire doit avoir accès aux soins quel que soit l’âge. Quand on entend que l’on ne peut pas réanimer quelqu’un qui a plus de 75 ans, ce n’est pas acceptable. On ne peut pas accepter cela. On doit réanimer cette personne. Ce n’est pas parce qu’elle a 75 ans qu’elle ne peut pas vivre dans des conditions tout à fait normales et dignes jusqu’à 90 ans", souligne Bertrand Draguez, médecin et président de Médecins sans Frontières.
Stress, trouble du sommeil, envie de se réorienter
L’ONG est intervenue dans 135 maisons de repos du pays. Pour éviter la saturation des hôpitaux, les homes ont été sacrifiées selon MSF. Le personnel soignant n’a pas reçu assez de soutien, au détriment de sa santé mentale.
"Des troubles du sommeil, le fait d’être plus stressé ou vraiment aussi des gens qui maintenant veulent repenser leur carrière, simplement parce qu’ils se rendent compte que ce qu’ils ont vécu n’est pas normal", explique Stéphanie Goublomme, chargée de mission pour MSF.
Une maison de repos sur trois fait face à un manque de matériel. Et un établissement sur cinq est confronté à un manque d’hygiène adaptée au virus.
Que faire en cas de deuxième vague ?
En cas de deuxième vague, c’est la gestion entière qui doit être repensée. "Je suis médecin. Lors d’une crise humanitaire, lors d’une réponse à une épidémie, il faut de préférence mettre en place un système de soins, c’est-à-dire présence d’un médecin généraliste. Il faut redonner le matériel au personnel médical pour qu’il reprenne confiance", estime Bertrand Draguez.
Il faut également davantage former le personnel des maisons de repos, et mettre en place un plan d’urgence clair et pratique.
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