La quantité de poissons débarqués dans les ports du nord du pays n'a jamais été aussi basse depuis que les statistiques existent en la matière, à savoir 1950. En 2018, 14.766 tonnes de poissons et autres crustacés ont été pêchés par nos chalutiers. Une baisse de 4.500 tonnes en 5 ans.
En 1955, les bateaux ramenaient près de 70.000 tonnes de poissons, soit près de 5 fois plus. Qu'est-ce qui explique cette diminution ? Tout d'abord, le nombre de pêcheurs belges en diminution. Le métier est difficile et dangereux. "Les pêcheurs belges doivent aller de plus en plus loin pour avoir des prises, explique Marc Hennes, gérant du grossiste Fructimar à Schaerbeek. Ils partent donc parfois pour ne revenir avec rien ou pas grand-chose. Les concurrents sont les bateaux "usines", qui raflent tout, détruisent tout, qui rejettent tout ce qu'ils ne veulent pas à la mer." Les zones où la pêche est interdite se multiplient également. Et la surpêche a rendu certains poissons plus rares en mer du Nord.
Du poisson plus cher
La rareté des poissons de luxe, tels que le saint-pierre, le turbot, le barbue ou la sole, entraîne donc une hausse des prix. "Les prix des poissons dépendent de l'offre et de la demande. Le fait qu'on puisse acheter à partir de n'importe quel port en Europe sur la Côte belge, automatiquement, cela fait augmenter les prix. Il y a 20 ans, la crevette grise, on ne savait pas ce que c'était sur la Côte d'Azur et maintenant, ils en ont à tous les restaurants. L'influence est donc sur le prix. Je vends mes crevettes une trentaine d'euros le kg, ce qui est très cher. C'est au moins 15 euros de plus qu'il y a quelques années."
Des propos confirmés par Johan Visée, gérant de la poissonnerie Bord de Mer, à Uccle. "Le turbot est devenu très cher. Il est accessible en élevage, ce que j'essaie d'éviter. Mais en sauvage, les tarifs sont devenus exorbitants. Il faut avoir une clientèle qui a envie de se donner les moyens de se payer un beau turbot. La solette, on n'a pas de flambée de prix. Mais les grosses soles sont parfois en rupture, ou les prix montent très fort. Pour les crevettes, c'est la même chose. Il n'y en a pas beaucoup ou les tarifs montent parce qu'il y a trop de demandes. Je ne peux pas trop le savoir…"
Du poisson plus rare
En effet, la biodiversité diminue. Au niveau mondial, une espèce de poisson sur trois est menacée d'extinction et la moitié parvient tout juste à se renouveler. "Concernant les crevettes, ce sont des quantités assez limitées et on tape dans les stocks donc il n'y en aura bientôt plus, confirme Marc Hennes. Il faut qu'il y ait de plus en plus de pêche et donc elles sont de plus en plus petites. Elles sont surpêchées. On ferait mieux d'arrêter de pêcher pendant un mois pour qu'elles regrossissent, qu'elles procréent, plutôt que de pêcher à outrance."
Mais seulement, au niveau mondial, on mange dix fois plus de poisson qu'en 1950 selon la FAO, l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture. La pêche ne représente plus aujourd'hui que 50% de l'approvisionnement en poissons, le reste étant issu de l'élevage.
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