Pour faire face au changement climatique, les spécialistes estiment que la société doit changer. Mais le confort de vie des citoyens va-t-il en pâtir ?
Antonio Solimando: Le Belge pense qu'on devra changer radicalement de mode de vie dans les prochaines années pour endiguer ce réchauffement climatique…
Jean-Pascal van Ypersele: "Ils ont raison. Le rapport du GIEC publié en octobre a bien rappelé que si on veut empêcher que la température ne continue à monter, il faut arrêter d'ajouter une couche d'isolant autour de la Terre chaque année. Arrêter d'épaissir cette couche d'isolant, ça veut dire aller vers des émissions nulles, des émissions réduites de 50 à 80%. Tant qu'on ne fait pas ça, on va continuer à épaissir cette couche d'isolant. On va avoir de plus en plus chaud en-dessous, jusqu'à suffoquer."
A. S.: Quand les Belges estiment que les générations futures devront vivre de façon plus austère, vous les rassurez ou pas ?
J.-P. v. Y.: "D'une part, le climat va continuer à changer pendant un certain nombre de décennies. Il y a une inertie énorme, donc les changements climatiques vont s'imposer à nous, avec davantage de canicule en été, davantage de sécheresse, d'inondation. On va devoir vivre avec. D'autre part, si on veut réduire les émissions à zéro, progressivement, on va devoir changer beaucoup de choses dans la manière dont on consomme et ce qu'on produit. Est-ce que ça va devenir plus austère ? Pas forcément. Si on vit dans des logements qui sont beaucoup mieux isolés, au contraire, on pourra avoir des factures d'énergie qui diminuent."
A. S.: Il faudra des changements radicaux, mais ils n'iront donc pas tous dans la mauvaise direction pour notre confort ?
J.-P. v. Y.: "Il y a moyen de conserver, dans bien des domaines, notre niveau de confort, en consommant moins d'énergie qu'aujourd'hui. Mais pour cela, il faut aussi des changements à l'échelle de la société. On va devoir moins rouler en véhicule individuel, mais pour que ce soit possible, il faut des infrastructures davantage développées, comme les pistes cyclables ou les transports publics. Il faut des décisions politiques pour aller dans cette direction."
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