Un an, deux mois et 18 jours. Laurence peut dire quasiment à l'heure près le temps qui s'est écoulé depuis sa délivrance, soit depuis qu'elle a bu sa dernière goutte d'alcool. Car pendant trois longues années, elle a été alcoolo-dépendante. "Quand vous partez le matin en bureau et que vous vous dites 'Ce soir, il faut que j'arrête, il faut que j'arrête, il faut que j'arrête !'. Et puis vous rentrez chez vous, il est 6h. La première chose que vous faites, c'est vous précipiter dans votre frigo pour prendre votre verre de vin blanc et et que vous enchaînez les verres de vin blanc les uns après les autres... Pour terminer par boire deux voire trois bouteilles facile", se souvient-elle.
Avant cette prise de conscience, il y a eu pour Laurence une période de déni, l'impression que tout est normal. "Quand ça ne va pas vous prenez un verre d'alcool et pouf tout de suite, ça va beaucoup mieux. Et donc vous dites 'Mais c'est génial ce truc. C'est magnifique, c'est formidable. Ça marche du tonnerre. Je me sens beaucoup mieux'. Mais c'est totalement faux. Parce qu'effectivement, vous avez une sensation de bien-être pendant cinq minutes. Et puis, elle part. Et votre corps il dit 'Oui mais moi j'étais bien il y a cinq minutes'. Et donc ça fait le deuxième et ainsi de suite. Donc c'est un très mauvais médicament en fait", confie-t-elle.
La règle des C pour évaluer sa situation
Peut-on déterminer précisément quand on devient dépendant de l'alcool ? Cela ne dépendrait pas seulement du nombre de verres bus chaque jour ou du nombre de jours que l'on peut passer sans alcool. L'indicateur le plus efficace serait la "règle des C", comme l'explique Thomas Orban, médecin généraliste et alcoologue.
"C pour une consommation compulsive continue: je consomme régulièrement. Avec un craving (envie irrépressible ndlr) : j'ai très envie de consommer tous les soirs à 18h. Et j'ai des conséquences liées à ma consommation: une hypertension, problèmes de sommeil, etc. Ces différents C montrent que l'on a quelque chose de l'ordre de l'addiction", éclaire le praticien.
Pour éviter d'en arriver là, le conseil des médecins est de se priver d'alcool au moins deux jours par semaine. Sans oublier qu'on n'est pas tous égaux face à l'alcool car la génétique influencerait la moitié des cas d'alcoolisme. "Pour un jeune qui commence à consommer vers 14, 15 ou 16 ans, on devrait s'interroger sur son histoire par rapport à l'alcool. Son histoire génétique et familiale. Car certains vont introduire un produit dans leur cerveau alors qu'ils sont déjà super fragiles sans le savoir par rapport à ce produit", souligne Thomas Orban.
Mais les problèmes de santé liés à l'alcool ne concernent pas que les alcooliques. On estime qu'il y a environ un million de Belges qui ont une consommation d'alcool problématique pour leur santé et seulement un quart d' entre eux seraient alcoolo-dépendants.
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