Le coronavirus en Belgique contraint la population à se confiner. La période actuelle draine aussi son lot de questions pour les propriétaires et les locataires. Peut-on encore faire visiter un logement dans ces circonstances ?
"Je suis propriétaire d'un appartement que j'allais mettre en location juste avant le début du confinement. Mais je ne peux plus le mettre à louer alors que j'ai un crédit hypothécaire pour ce bien", nous écrit Thomas (prénom d'emprunt) via le bouton orange Alertez-nous.
Sans grande surprise, les mesures actuelles, prises dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, ont mis le marché de l'immobilier quasi à l'arrêt. Mais le Liégeois, se retrouvant dans une situation critique, espère trouver une solution sans enfreindre les règles imposées par le gouvernement. "Ne puis-je pas le faire visiter en gardant des mesures de précaution, de distanciation et, dans la mesure où il serait loué, établir un contrat de bail par mail ou par des moyens qui nous permettent de garder le minimum de contact physique ?", espère le propriétaire.
Mais le Centre de crise ne laisse pas le moindre doute en la matière. Le 24 mars, il a indiqué que les visites de biens immobiliers sont interdites en raison de la crise du coronavirus. Les professionnels et les particuliers sont logés à même enseigne.
"Une bonne chose car la protection de la santé publique est l'élément le plus important actuellement et doit donc primer", a réagi l'Institut professionnel des agents immobiliers (IPI) le lendemain de cette décision. Une interdiction totale est cruciale "car lors d'une visite classique nous sommes en contact avec d'autres personnes et il s'agit donc d'un déplacement non-essentiel". Il n'est donc pas possible pour Thomas et toutes les personnes qui se trouvent dans la même situation de faire visiter leurs biens à des candidats-acheteurs ou à de potentiels locataires.
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Prendre son mal en patience
Le propriétaire peut continuer à partager ses biens à vendre ou à louer "via internet" mais "il n'y a pas de visite physique", confirme Olivier Hamal, président National du Syndicat National des Propriétaires et des Copropriétaires (SNPC-NEMS). Il nous explique qu'il serait de toute façon très compliqué de faire louer un bien immédiatement, car "le locataire doit organiser son déménagement", ce qui serait "difficile à faire en ces circonstances", rappelle Olivier Hamal. Et si il enfreint la règle en vigueur, "il le fera à ses risques et périls". "S'il y a un contrôle de la police, il va devoir justifier son déplacement", précise-t-il, reconnaissant cependant que cette situation est très "délicate".
Concernant les entrées et sorties de biens, le syndicat recommande que chacun reste où il est pour l'instant et souligne que personne ne sera mis hors de son logement actuellement.
Les locataires sont par ailleurs parfaitement dans leur droit de refuser toute visite. "L’occupant actuel peut à juste titre s’y opposer", explique Olivier Hamal. À charge des bailleurs de prendre leur mal en patience, indique le SNPC.
Les sites immobiliers touchés
Les sites internet d'annonces immobilières sont également touchés par cette mesure. "L'interdiction des visites a un énorme impact pour nos clients. Les particuliers qui avaient un projet de vente ne sont pas censés faire de visites et ne mettent pas leur maison en vente. Pour les agences immobilières c'est la même chose. Elles conservent certaines activités (la gestion d'immeubles, etc.) mais pour la plupart c'est très réduit. Les agents souffrent de ça", nous explique Valentin Cogels, patron d’Immoweb.
"30% moins de comptes de garantie locative"
Cette interdiction de visite a des conséquences... Elle entraîne une diminution de biens à louer et une baisse du nombre de candidats-locataires. Cette tendance se confirme à travers les chiffres que nous ont transmis plusieurs banques. En comparant les données actuelles avec celles de l'an dernier, une chute importante du nombre d'ouverture de comptes de garantie locative est constatée.
"Nous avons comparé le nombre de comptes de garantie locative nouvellement ouverts au cours de la période du 18 mars 2020 au 7 avril 2020 avec les chiffres de la même période en 2019. Nous constatons une différence. Au cours de la période du 18 mars au 7 avril inclus, 30% moins de comptes de garantie locative ont été ouverts en 2020 par rapport à la même période en 2019", nous décrypte Lisa Pieters, porte-parole d'Axa Banque.
Même tendance du côté de Belfius... L'an dernier, à la même période, 2.197 nouveaux comptes liés à une garantie locative ont été ouverts. Cette année, depuis le début du confinement, la banque ne compte que 722 nouveaux comptes liés à une garantie locative, nous communique Ulrike Pommée, porte-parole de Belfius.
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