Le fonctionnement du système immunitaire comprend des éléments complexes. Si aucun produit n'existe pour le stimuler, il reste conseiller d'appliquer un mode de vie sain pour diminuer le risque de complications en cas d'infection.
Depuis le 11 mai, la Belgique a entamé son déconfinement. Possibilité de revoir ses proches dans la limite de 4 personnes, réouverture des magasins dits non essentiels, la pratique de certains sports en extérieur autorisée, autant de nouvelles expositions potentielles face au virus. Les gestes barrières restent donc de rigueur : lavage des mains régulier, distanciation sociale, port du masque recommandé dans les lieux publics.
Ces diverses mesures de préventions sont régulièrement rappelées de même que les dispositions à prendre en cas d'apparition de symptômes. "Mais on ne nous a jamais informés sur la façon dont on peut stimuler notre immunité AVANT de potentiellement attraper le virus et donc le prévenir. Pourquoi ?", s'interroge Elise via notre bouton orange Alertez-nous.
Comme ce virus fait à certains moments s'emballer la réaction inflammatoire, on se demande si c'est une bonne idée de stimuler l'immunité
Emballement du système immunitaire
Le porte-parole interfédéral Covid-19 Yves Van Laethem l'avoue : "Ce virus est surprenant et on ne sait pas très bien ce qui serait bon et pas bon. Comme ce virus fait à certains moments s'emballer la réaction inflammatoire, on se demande si c'est une bonne idée de stimuler l'immunité". En effet, dans les formes graves du Covid-19, une réponse immunitaire excessive se produit. Elle est le résultat de la production incontrôlée de protéines professionnel-inflammatoires, les cytokines.
Face à cela, la vaccination contre la tuberculose, le BCG, est notamment à l'étude pour évaluer son éventuelle utilité face au coronavirus. "La vaccination, en particulier contre le BCG, pourrait aider à mieux orchestrer cette réponse immunitaire inflammatoire", explique Laurent Lagrost, directeur de recherche Inserm qui travaille sur ces liens entre inflammation et système immunitaire.
Toutefois, l'infectiologue Yves Van Laethem tempère : "Bien sûr, on ne dit pas aux gens qu'ils ne doivent pas avoir d'immunité, mais on n'a pas d'informations qui nous montrent qu'un vrai déficit de l'immunité serait facteur de complications chez les patients. On ne voit pas spécialement plus de patients HIV ou de patients avec d'autres maladies auto-immunes traités avec des traitements immunosuppresseurs qui ont plus de problèmes".
"Ne pas s'attendre à des miracles"
Elise, notre alerteuse fait référence à la prise de vitamines, d'huiles, de compléments dans notre alimentation qui pourraient stimuler l'immunité. Le docteur Van Laethem rappelle qu'il n'y a "pas vraiment de produits qui stimulent l'immunité. Si on avait de tels produits, on les aurait employés de manière spécifique pour le Sida et autres avant de trouver les antiviraux". Il conclut alors : "Les gens prennent tout ce qu'ils veulent en vitamines, en zinc, en cuivre, tout ce qu'on voudra, tant que ça ne fait pas de mal et que ce n'est pas pris en de trop grandes quantités, ce n'est pas toxique".
L'infectiologue de l'Institut de médecine tropicale d'Anvers Emmanuel Bottieau s'accorde avec cette réponse. Selon lui, la consommation de compléments alimentaires, oligo-éléments et autres huiles essentielles "ne fait pas de tort mais je ne pense pas non plus que ce soit quelque chose démontré utile. On ne va pas les déconseiller spécialement mais il ne faut pas s'attendre à des miracles".
Si on est en bonne santé, on sait que le risque de faire des complications est extrêmement faible
Maintenir une bonne hygiène de vie
D'après les explications de ces spécialistes, l'immunité rassemble des éléments "extraordinairement complexes". Emmanuel Bottieau distingue deux éléments : "Il y a ce qui rend un peu plus fort ou en meilleure santé, entre guillemets. Et puis il y a une toute la cascade immunitaire complexe qui peut intervenir après une infection". Ce deuxième élément se caractérise notamment par la production incontrôlée de certaines protéines évoquée précédemment. Ces réactions ne sont pas dues à la prise de quelque produit que ce soit, insiste l'infectiologue.
Cependant, une bonne hygiène de vie contribue à se préserver des risques de complications lorsqu'on est atteint par le virus, sans les rendre totalement nuls. "Si on est en bonne santé, on sait que le risque de faire des complications est extrêmement faible. Donc toutes les mesures, les attitudes qui font qu'on est plutôt en bonne santé sont certainement utiles pour combattre la maladie". Emmanuel Bottieau cite en exemple : "Evidemment, quelqu'un qui ne fume pas aura moins de risques de faire des problèmes que quelqu'un qui fume. Il y a toute une série de choses évidentes par rapport à l'hygiène habituelle".
Une hygiène de vie saine reste recommandée également en dehors de la période d'épidémie que nous vivons. Pour cette raison, la pratique du sport sous certaines conditions était toujours autorisée dès le début du confinement. Éviter un mode de vie trop sédentaire contribue à se maintenir en forme.
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