Seuls 65% des logements des CPAS mis à disposition des réfugiés sont occupés. Fedasil qui gère l'accueil en a demandé trop et l'afflux a diminué avec la fermeture de la route des Balkans. Conséquence: le CPAS de Charleroi menace de rompre la convention qui le lie à Fedasil pour que les logements ne restent pas inoccupés.
Le CPAS de Charleroi va-t-il retirer son offre de logements individuels pour l'accueil des demandeurs d'asile ? Depuis le mois de mai, 31 de ces logements, appelés ILA, Initiative locale d'accueil, ont été mis à disposition, mais seuls 16 sont occupées par des familles. Cela fait donc 15 logements inoccupés depuis 5 mois. Le CPAS de Charleroi voudrait les récupérer et menace de casser la convention signée avec Fedasil, le réseau d'accueil pour demandeurs d'asile.
En mai dernier un plan de répartition des demandeurs d'asile était soumis aux communes. Un plan qui n'a finalement jamais été ni approuvé ni activé par le gouvernement, car le nombre de réfugiés est retombé à cette époque. Il prévoyait que les CPAS devaient trouver, en fonction de leur situation géographique et leur taille, un certain nombre de logements pour l'accueil individuel de ces candidats réfugiés.
"On ne demande pas mieux que d’y accueillir des candidats réfugiés"
La plupart des CPAS ont anticipé et aujourd'hui, 5 mois plus tard, certains de ces logements sont toujours vides. Les communes attendent que Fedasil leur envoie des personnes. "À tout le moins, et nous venons de le faire, c’est d’adresser un courrier à Fedasil en disant : ‘Vous avez fait une promesse, elle n’est pas rencontrée (…) Qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce que vous allez nous envoyer des gens ou alors est-ce que demain on peut se dire qu’on peut rendre ça à la ville de Charleroi qui à ce moment-là prendra d’autres dispositions ?’. On ne peut pas rester comme ça indéfiniment dans une situation d’attente. Nous, tout est prêt, on ne demande pas mieux que d’y accueillir des candidats réfugiés. Si demain ce n’est pas possible, qu’on le sache et que Fedasil prenne enfin une décision. Vous savez, on leur a adressé plusieurs mails, des coups de téléphone, malheureusement on n’a pas de réponse aujourd’hui", a fait remarquer Éric Massin, président du CPAS de Charleroi, au micro de Frédéric Moray pour Bel RTL.
"Aujourd’hui il y a des places libres et on est en train de réorganiser le réseau pour revenir à une situation structurelle"
Du côté de Fedasil, on reconnaît que la demande de logements a été trop importante par rapport aux besoins réels. L'afflux des candidats réfugiés a diminué en 2016, suite notamment à la fermeture de la route migratoire des Balkans au départ de la Turquie. "La situation en matière d’asile en Belgique a changé. Donc si en 2015 on avait enregistré une hausse très importante des demandes d’asile, on constate depuis le début de l’année 2016 une diminution tout aussi importante des arrivées. Ça veut dire qu’on a créé ces derniers mois de nombreuses places d’accueil supplémentaires soit dans des centres, soit dans des logements CPAS, mais aujourd’hui il y a des places libres et on est en train de réorganiser le réseau pour revenir à une situation structurelle", a expliqué Benoît Mansy, chargé de communication chez Fedasil.
Une ILA rapporte de l'argent aux CPAS. En cas d'occupation du logement, Fedasil verse 40 €/jour/personne hébergée. Si le logement reste vide, les CPAS ne touchent plus que 40 % de la somme. En contrepartie, les CPAS doivent mettre le gîte, le couvert et l'encadrement d'un assistant social et d'un interprète à disposition de l'occupant.
Frédéric Moray
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