Selon une récente enquête sur le bonheur, 46% des Belges se sentent seuls. Le phénomène touche plus particulièrement les personnes âgées. Une personne âgée sur 10 passe parfois plusieurs jours sans parler à personne.
Ne pouvoir compter que sur soi-même : Jacqueline en a fait l’expérience il y a plusieurs années. Veuve à deux reprises, elle traverse une longue période de solitude, une véritable épreuve. "Je me souviens qu’à l’époque, un Julien Lepers dans Questions pour un champion était la seule personne qui me demandait tous les jours comment j’allais. Il y a des jours où jusqu'à 6 heures du soir, personne ne m’avait demandé, 'Comment vas-tu', ne m’avait dit bonjour. Comment partager, comment vivre ?".
"C’est comme si j’étais en hibernation forcée, et maintenant c’est un printemps quotidien"
Il y a 25 ans, Jacqueline a créé une association pour les personnes isolées. Chaque semaine, les membres se retrouvent. Grâce à ce groupe, Marie a vu sa maman, une participante, retrouver le sourire après le décès de son mari. "Elle sort, elle fait des activités que je ne pensais même pas la voir réaliser, elle rigole, elle a toujours des petites choses à raconter, et j’ai vraiment vu un grand changement dans son comportement". De son côté, Rachelle témoigne: "La solitude, oui, c’était très très dur. C’est comme si j’étais en hibernation forcée, et maintenant c’est un printemps quotidien".
Plusieurs causes de cette solitude
Cette souffrance liée à la solitude, près d’un Belge sur deux la partage. Et selon une étude menée par les plus de 70 ans, un répondant sur 10 déclare n’avoir parlé à personne durant toute la semaine précédant l’enquête. Cet isolement des aînés, Marie-Thérèse Casman, sociologue à l’Université de Liège, l’explique de plusieurs manières: "C’est la question de la santé. Pour les personnes en mauvaise santé, pour arriver à avoir des liens sociaux, c’est plus compliqué. Ils ont besoin d’une aide plus importante. Il y a la question du transport. On vit dans une société où on a de plus en plus de moyens de locomotion privés et quand même pas suffisamment de moyens publics".
Une première en Belgique: un échevin de la solitude
Vient ensuite la précarité, qui empêche de participer à certaines activités payantes. Pour pallier ce phénomène, la ville flamande de Saint-Trond crée un échevinat de la solitude, c’est une première en Belgique. Pascal Nonette (Open VLD), l’échevin, explique: "J’espère que l’on va lancer un mouvement, que les gens vont apprendre à connaître leurs voisins, ceux qui habitent au-dessus, et en-dessous de chez eux. Car aujourd'hui, on envoie un vrai signal pour limiter l’isolement. On va essayer de faire en sorte que les gens se regroupent le plus possible". Chaque samedi, les habitants pourront se rendre à un rendez-vous sur la Grand-Place de la ville.
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