Derrière ce nouveau scandale sanitaire, il y a un nom: Verbist, propriétaire de l'abattoir en question, Veviba. Ce groupe, actif dans le secteur de la viande depuis plus de 50 ans, représente 30% du marché belge de la viande. La firme exporte aussi dans plusieurs pays européens. Mathieu Col.
L’entreprise Veviba à Bastogne est ce qu’on appelle un poids lourd de la viande. Elle appartient au groupe Verbist, qui compte au total 11 filiales : des abattoirs, du transport, des sociétés pour l’exportation, pour le financement, des sociétés immobilières, de vente spécialisée de gibier, de volaille, et bien sûr, de bœuf. C’est la vitrine de Veviba à Bastogne.
Au cœur de l’Ardenne se trouve le site industriel : près de 15.000 mètres carrés d’abattoirs, ateliers de découpe, chambres froides et ateliers d’emballage. 120 travailleurs environ, pour un chiffre d’affaire de 15 millions d’euros en 2016. Veviba, c’est 26% de la viande de bœuf abattue en Belgique : la viande est vendue chez nous, mais aussi à l’étranger, la Grèce, la Chine, le Moyen-Orient.
Ce n’est pas le premier scandale qui touche le groupe alimentaire. L’abattoir D’Yzegem a dû fermer ses portes en septembre 2017 suite à la diffusion d’images de maltraitances animales.
Des scellés posés sur l'ensemble des frigos
Des ministres wallons et fédéraux en charge des matières agricoles se sont réunis cet après-midi pour analyser la situation et des mesures sont prises. Une réunion de crise s’est tenue au cabinet du ministre fédéral de l’agriculture, Denis Ducarme. L’objectif de la rencontre est d’échanger les informations, évaluer l’ampleur de la crise et assurer la transmission des informations auprès des consommateurs.
C’est surtout l’occasion de prendre une première mesure sur le lieu même de la fraude, l’abattoir de Bastogne. "Nous avons fait fermer l’atelier de découpe et le frigo à Bastogne et également donné l’ordre hier de poser les scellés sur l’ensemble des frigos de la chaîne Verbist", a déclaré Denis Ducarme, ministre fédéral de l’agriculture.
Mise sous tutelle
Deuxième mesure : la Région wallonne envoie à Bastogne un manager de crise pour diriger l’entreprise. "C’est vraiment l’ensemble du pilotage, de la direction, de la gestion du groupe, de manière à rassembler tous les éléments pour sortir pas à pas de cette situation", détaille Willy Borsus, ministre-président wallon.
La région wallonne veut protéger l’emploi de la société, et soutenir la filière bovine, qui connaît déjà de graves difficultés. "Ce qu’il faut, c’est d’abord trouver des débouchés. Nous avons des abattoirs, des ateliers de découpe, qui existent dans plusieurs endroits en Wallonie. L’abattoir de Bastogne peut continuer à fonctionner, car il n’est pas du tout frappé par le retrait de l’agrément, par exemple. Nous avons besoin d’autres ateliers de découpe, et donc il faudra peut-être en activer, ou en réactiver", a commenté René Collin, ministre wallon de l’agriculture.
Reste à connaître l’impact social et économique de l’affaire : des questions inquiétantes, mais à l’heure actuelle, sans réponse.
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