Souffrant, l'ex-prêtre a décidé de mettre fin à ses jours. La veille de sa mort, il nous expliquait son choix avec beaucoup de bravoure.
Roger Sougnez est décédé le 27 novembre à l'âge de 92 ans. Atteint d'un cancer, il a décidé d’avoir recours à l’euthanasie. Choix étonnant lorsque l’on sait qu’ il a consacré sa vie à l'Eglise. Nous avons rencontré cet ancien prêtre il y a quelques jours, soit la veille de son décès.
"J'ai été atteint de plusieurs cancers et je suis au niveau de stage palliatif. Mais j'ai aussi beaucoup d'autres pathologies. Les médicaments que je prends m'affaiblissent aussi. Je sens que je suis au bout de mon rouleau et c'est inutile que ce soit prolongé", nous souffle-t-il. Avec beaucoup de courage, Roger Sougnez nous parle de ses craintes, à quelques heures de sa mort. "Ce qui m'est dur, ce n'est pas de mourir mais c'est pour les amis que j'abandonne. Les quitter maintenant comme ça, ça m'est dur. Passer de l'autre côté ne m'est pas dur. Je ne sais pas si c'est donné à tout le monde d'avoir le courage mais pour moi ça ne me pose pas de problème. Ce sera un soulagement avec certitude", nous confie-t-il.
Roger Sougnez a été ordonné prêtre en 1955. Mais au fil des années, il a perdu la foi. "J'ai été assez croyant pour penser qu'après cette vie-ci, il y a une autre vie, une vie éternelle et de bonheur. Ça a été promis par l'église catholique. Je suis arrivé à considérer que les religions sont des montages des hommes. Ce sont des anciennes croyances de dire qu'il y a un Dieu tout puissant qui décide de tout. Je ne suis pas un boucher, ni un architecte. Je suis un prêtre ayant vécu toute une vie de prêtre mais je n'adhère plus à la religion", poursuit-il.
La mort, ce n'est rien.
Souffrant, l'ex-prêtre a décidé de mettre fin à ses jours. Une discussion avec un évêque ou même le Pape aurait-elle pu changer le cours des choses? Certainement pas si l'on en croit ses confidences. Et si l'on pouvait remonter le temps, Roger Sougnez ferait-il les mêmes choix? Là encore, il nous assure que non. Une chose est sûre: il ne deviendrait pas prêtre. "Sûrement pas, 1.000 fois non. J'aurais voulu devenir médecin", nous lâche-t-il. Mais "ça ne sert à rien de regretter. C'est comme ça".
La veille de sa mort, Roger Sougnez semblait serein. "La mort ce n'est rien, vous pouvez me souhaiter de ne pas trop souffrir d'ici demain", concluait-il à la fin de notre entrevue.
Avant de mourir, Roger Sougnez a tenu à revenir sur son parcours dans son livre intitulé "De la prêtrise à l'abandon des doctrines".
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