Une personnalité a choisi de raconter publiquement son changement de genre. Le célèbre avocat fiscaliste s'appelait jusqu'ici Thierry Afschrift. Il intervenait souvent dans les médias. Il est désormais devenu Typhanie. Une femme qui s'est, dit-elle, toujours sentie enfermée dans un corps d'homme.
Lorsqu'elle se regarde aujourd'hui dans le miroir, Typhanie Afschrift se sent enfin elle-même. "C'est très clair que j'ai beaucoup plus de plaisir à me regarder dans le miroir aujourd'hui qu'il y a six ou sept ans, ça c'est très clair. J'ai une apparence qui correspond à ce que je veux être. C'est tout à fait différent d'avant", nous confie Typhanie.
L'avocate fiscaliste partage sa vie professionnelle entre Lausanne et Bruxelles, mais depuis cinq ans elle vit sous une double identité. Alors qu'elle continue de s'appeler Thierry en Belgique, elle est déjà Typhanie en Suisse. Exposée à une certaine notoriété, la rumeur commence à circuler et le secret est difficile à garder. "On m'appelait Thierry d'un côté et Typhanie de l'autre côté. C'est un peu fatigant, je le dis franchement, parce qu'il faut vivre dans une espèce de double identité, ce qui n'est jamais comique. Et puis, si je l'ai supporté c'est parce que j'étais portée par un enthousiasme que j'ai jamais connu. Qui est l'enthousiasme de vivre vraiment ma vie, même si c'est que la moitié du temps, c'était déjà extraordinaire pour moi. On se sent des ailes alors à ce moment-là", explique aujourd'hui notre témoin.
D'abord se convaincre soi-même
Depuis son enfance, elle n'est pas à l'aise dans son corps. Elle enchaîne les périodes de questionnement et de dépression. Mariée avec quatre enfants, elle veut surtout préserver sa famille. Elle a plus de soixante ans lorsqu'elle décide d'assumer la transition. "Sans causer de tort à mon entourage, il a fallu du temps effectivement. Mais il a fallu beaucoup de temps d'abord pour convaincre la personne la plus difficile à convaincre: c'est moi", explique Typhanie.
Elle a été merveilleuse dans sa réaction
Vient ensuite le moment de se dévoiler à son entourage. "Sur le plan professionnel, c'était plus facile à gérer et à imaginer que le plan personnel, familial, où on touche là des sensibilités qui sont des choses extrêmement importantes, auxquelles je tiens beaucoup. Je l'ai raconté à ma fille assez simplement, comme une chose dont je pensais qu'elle se doutait un petit peu, ce qui n'était pas tout à fait faux d'ailleurs. Mais enfin, il fallait clarifier les choses à ce sujet-là, et elle a été merveilleuse dans sa réaction. Quant à mon mon fils, il a réagi un peu en militant: évidemment aujourd'hui tu choisis ta vie et c'est très bien comme ça".
De nombreux messages bienveillants
Des témoignages de soutien, elle dit en avoir reçu plus d'un millier en quelques jours, contre un seul message d'insultes. Un signe, selon elle, que la société évolue.
L'an dernier en Belgique, 530 personnes ont fait modifier le genre sur leur carte d'identité, selon les chiffres du registre national. Mais il y aurait plus de 30.000 Belges qui auraient le sentiment d'appartenir davantage au sexe opposé plutôt qu'à celui de leur naissance.
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