Des chiffres du ministère de l'Intérieur indiquent que la détention et la consommation de cannabis est en hausse chez nous. Entre petits producteurs locaux et grosses filières de trafiquants, de plus en plus jeunes sont adeptes du cannabis. Pour le RTLINFO 13H, Vincent Jamoulle et Julien Rawet ont rencontré deux consommateurs, l’un deux fait pousser du cannabis au fond de son jardin.
Mélanger l’herbe au tabac, rouler un joint, fumer: depuis plus de 20 ans, le cannabis fait partie de la vie de Paul. "Je suis très nerveux, c’est un calmant naturel, on va dire. Moi j’aime fumer, je n’arrêterai pas. Tout le monde peut en faire pousser très facilement, il n’y a pas besoin d’être un ingénieur ou quoi que ce soit".
"Je préfère cultiver moi-même dans mon jardin"
Et c’est justement ce qu’a fait Emile, discrètement au fond de son jardin. Une dizaine de plants y poussent sous serre: "C’est complètement naturel, chaque année je récupère des graines, je les mets dans le sol, et chaque année, ça continue comme ça, donc ça ne me coûte rien, et je ne vais pas enrichir quelqu’un de malhonnête, je préfère cultiver moi-même dans mon jardin, c’est plus facile".
"Ca n'arrêtera jamais"
Par rapport à la détention et à l’usage du cannabis, la loi belge est floue et son application très variable selon les arrondissements judiciaires. De très nombreux jeunes fument sans avoir le moindre sentiment d’être dans l’illégalité. Autant de clients potentiels pour les trafiquants. Résine de cannabis venue d’Afrique du Nord ou du Moyen-Orient ou filières de culture sur le sol belge: grâce au matériel et au savoir-faire hollandais, le cannabis est à tous les coins de rue. "On en trouve partout, facilement, y’a énormément de gens qui en produisent. C’est un marché, donc tous les gens qui sont un peu malins, il y a de l’offre et de la demande, donc ça n’arrêtera jamais", commente Paul.
Une filière rentable et moins risquée?
Entre 2012 et 2014, le nombre de dossiers judiciaires ouverts en Belgique pour détention est passé de 21.000 à 30.000, soit une augmentation de 40%. Les dossiers concernant la vente ont augmenté de 20%. En parallèle, le nombre de braquages et de vols avec violence est en diminution, une partie du milieu du grand banditisme a peut-être choisi de prendre moins de risques en s’orientant vers la filière, au moins aussi rentable, du cannabis.
Quand la consommation pose problème
Ces dernières années, le centre Nadja a fait beaucoup d’efforts pour se faire connaître auprès des fumeurs de joints qui rencontreraient des problèmes. Peu de jeunes poussent la porte, ce sont les parents, inquiets, qui appellent. "Plein de jeunes fument du cannabis de façon très récréative, gèrent très bien leur consommation, et n’ont pas de difficultés avec le cannabis. Mais c’est vrai que quand ce produit-là est associé à d’autres problématiques, on va dire que c’est un produit qui facilite les choses", explique Dominique Humblet, psychothérapeute au centre. Et dans ce cas, le cannabis a tendance à favoriser le repli sur soi, l’inactivité et le décrochage scolaire.
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