La phase 3 du déconfinement débutera lundi prochain, le 8 juin. Le Conseil National de Sécurité a décidé d'autoriser la pratique générale du sport. Une activité sportive reste cependant mise à l'écart: la natation ne pourra pas reprendre avant le 1er juillet. Du côté des fédérations, c'est l'incompréhension d'autant plus que les piscines communales accusent de lourdes pertes financières.
Si la pratique sportive va pouvoir s'étendre progressivement en Belgique à partir du 8 juin, le Conseil National de Sécurité a écarté mercredi un sport de ces mesures d'allègement liées à la pandémie de coronavirus: la natation. Les piscines, saunas et centres de bien-être resteront en effet fermés jusqu'au 1er juillet.
Cette annonce est une véritable "douche froide" pour Victor De Meunynck, nageur belge de haut niveau, qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour nous parler de son "énorme frustration" suite à cette décision. "C'est un peu l'incompréhension car tout peut être mis en place pour le bon déroulement de la pratique de la nage. J'ai l'impression qu'on ne tient pas vraiment compte de la situation des nageurs. Cela a un impact autant sur le plan social que pour la santé physique".
Selon les spécialistes, le Covid-19 ne se transmettrait pas dans l'eau. C'est plutôt l'usage des vestiaires qui pose problème. Des foutaises pour Victor qui propose ses solutions: "Comme je l'ai dit, on sait s'organiser. Pour les vestiaires, on peut tout simplement venir directement en maillot et passer par les portes de la piscine qui ouvrent sur l'extérieur. Au niveau des couloirs, on peut en utiliser qu'un sur deux. Un couloir mesure de 2 à 2,5 m de large. Donc, c'est bon au niveau de la distanciation sociale. En ce qui concerne les douches, on peut ne pas les prendre tout simplement et se laver chez soi. De plus, nous sommes dans l'eau avec du chlore, alors pour la propagation du virus, je ne comprends pas...".
Lorsque je vois qu'on peut aller nager au Luxembourg, en Allemagne, aux Pays-Bas ou en France, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas nager en Belgique
Chez nos voisins, on peut aller nager
Il y a également une grosse frustration puisque plusieurs pays européens, comme la France, les Pays-Bas, le Luxembourg ou l'Allemagne, ont rouvert leurs piscines. "Il suffit de traverser la frontière pour que j'aille nager. Habitant Bruxelles, c'est impossible pour moi, mais je connais des amis qui vivent près de la frontière qui le font".
"Je n'ai vu aucun scientifique dire que le virus et le chlore faisaient bon ménage, au contraire. Et lorsque je vois qu'on peut aller nager au Luxembourg, en Allemagne, aux Pays-Bas ou en France, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas nager en Belgique. On peut mettre maintenant 25 élèves dans une classe, mais on ne peut pas mettre 25 personnes dans une piscine? Il faut nous expliquer", a réagi de son côté Philippe Midrez, le directeur technique de la Fédération francophone belge de natation, en interpellant les politiques.
Ce qui n'est pas une première, d'après Victor: "Il y a quelques semaines, les fédérations de natation, tant francophone que néerlandophone, avaient rédigé un document sur les différentes positions de reprise à destination du gouvernement". Un plan de reprise auquel ils n'ont jamais eu de réponse, nous assure-t-il.
De lourdes pertes financières
La réouverture des piscines est donc fixée au 1er juillet. La Fédération réclamera immédiatement des précisions. "Personne ne sait rien. Donc, si on ne nous met pas au courant au préalable des mesures à prendre. On va nous dire que le 1er juillet, les piscines rouvrent... Mais les conditions, on ne les a pas, alors elles ne rouvriront pas. C'est se moquer de nous quelque part encore une fois", a encore déploré Philippe Mildrez.
En Belgique, les Fédérations de natation comptent 70.000 affiliés (50.000 néerlandophones et 20.000 francophones) cette fermeture prolongée pénalise également le grand public, le personnel des piscines et les autres sports aquatiques. Pour les communes, généralement responsables des infrastructures, le bilan est lourd. Car, même sans nageurs, elle continue à coûter de l'argent. Il faut, par exemple, filtrer les bassins en permanence. On parle ainsi de 4.000 à 5.000 euros par mois rien que pour le traitement de l'eau. En ce qui concerne le manque à gagner des entrées, la piscine Hélios de Charleroi qui accueille 200.000 personnes par an, il s'élève à plus de 40.000 € par mois. A la piscine du Sud-Hainaut de la ville de Chimay (100.000 entrées annuelles), l'estimation est de 15.000 € par mois. A Nivelles, les pertes s'élèvent déjà à plus de 220.000 euros.
Vos commentaires