Ce vendredi matin dans sa rubrique BEL RTL Eco, Bruno Wattenbergh propose une analyse du business des cours particuliers.
L’année scolaire ou universitaire est bien entamée, c’est le retour des premières interros et donc également des cours particuliers … Est-ce que l’on peut parler d’un véritable marché du cours privé ?
Tout à fait ! C’est un marché ! Juteux et qui ne devrait faire que grandir avec un marché de l’emploi qui devient de plus en plus exigeant en qualification.
Combien d’élèves suivent aujourd’hui des cours particuliers ?
Impossible à dire précisément, car ce secteur, contrairement par exemple à la France, n’est pas stimulé par des incitants fiscaux. Résultat, il n’y a pas de statistiques, seulement quelques études d’acteurs du secteur qui évaluent qu’il pourrait y avoir 1 élève sur 5 au moins qui suivrait des cours particuliers.
Pourquoi ce secteur est-il en croissance ?
Parce ce qu’1 élève sur 4 ne parviendrait pas à suivre le rythme. Écoles et universités proposent une offre très formatée, parfaite pour un groupe d’élève dans la norme, mais inadaptée aux autres, qui n’ont qu’à se débrouiller. Les parents qui ont les moyens, et même ceux qui n’en ont pas beaucoup se replient donc sur les cours particuliers. Dans certaines écoles, difficiles, élitistes, avec des parents qui ont les moyens, on estime que plus de 70% les élèves bénéficieraient de ce type d’assistance.
Mais il y a quand même aussi les écoles de devoir, gratuites ou presque ?
Oui, heureusement. Celles-ci sont soutenues par la Communauté et ce n’est pas un hasard que leur budget soit en augmentation.
Est-ce que ce marché des cours privés est officiel, transparent ?
Non. 90% des acteurs de ce marché seraient logiquement les profs eux-mêmes, donc le gros du marché est un marché noir qui paie entre 20 et 50€ de l’heure. Et l’enjeu croissant d’avoir un diplôme pour accéder au marché de l’emploi a provoqué l’arrivée d’entreprises qui proposent une offre officielle. Le dernier en date sur le marché, "Passe la première", c’est son nom, s’adresse aux étudiants en première année d’unif dans des facs réputées difficiles, comme médecine, Polytec ou ingénieur de gestion. Ou plutôt il s’adresse aux parents, à qui il vend de la tranquillité : cours et examens à blanc toutes les semaines, fourniture de résumés, coaching sur la méthodologie, etc, etc et l’étudiant ne part pas tant qu’il n’a pas réussi son test hebdomadaire. Le rêve pour l’étudiant qui n’est pas encore assez mature que pour se prendre en main tout seul. Et "Passe la première" n’est pas seul sur le marché, il y a aussi Sherpa.be, COGITO, qui est devenu une véritable franchise commerciale, EDUCADOMO, Blocus Assisté ou bien le site www.professeurparticulier.be. Bref, le marché est en train de se structurer.
Est-ce que cela veut dire que l’offre de cours particuliers devrait encore croître ?
Oui, car avec un fossé qui se creuse toujours plus entre le secondaire et l’université, avec l’enjeu croissant d’avoir un bon diplôme, il y a un boulevard commercial pour l’éducation payante.
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