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"Qu'est-ce que ces oiseaux font à Bruxelles?": voici comment les mouettes, mais aussi les goélands, ont commencé à proliférer il y a des années

"Qu'est-ce que ces oiseaux font à Bruxelles?": voici comment les mouettes, mais aussi les goélands, ont commencé à proliférer il y a des années
 
 

"Qu’est-ce que ces oiseaux font à Bruxelles ?", nous demande Zacharie, via le bouton orange Alertez-nous, joignant la photo de deux mouettes rieuses sur un toit. Si l’on associe volontiers le cri aigu de cet oiseau au ressac des vagues de la mer du Nord sur les plages de la Côte, il est loin d’être exclusivement marin et il est fréquent de l’observer en milieu urbain ou dans les campagnes. "Ce n’est que vers le milieu des années 60 qu’on a commencé à voir des laridés à l’intérieur des terres", explique Alain Paquet, chargé d'études chez Natagora. Les laridés, c’est la famille dans laquelle sont notamment regroupées les différentes espèces de mouettes et de goélands.


Les décharges à ciel ouvert, paradis des mouettes et des goélands

Si les mouettes ont commencé à proliférer chez nous, comme d’autres espèces de laridés, c’est en raison de l’activité humaine, explique Philippe Delforenne, chargé de mission chez Natagora: "C’était dû principalement à nos modes de gestion de déchets qui n’étaient pas toujours très respectueux de l’environnement, avec beaucoup de décharges à ciel ouvert, des eaux quelques fois très polluées, et donc des cadavres de poissons qui flottaient, des choses comme ça", détaille-t-il. De quoi ravir ces espèces dites "opportunistes", c’est-à-dire qu’elles se nourrissent d’un peu de tout et lorsque l'occasion se présente, de nos restes alimentaires.

Il y a donc eu une augmentation du nombre d’individus, mais pas récemment, plutôt jusqu'au début des années 2000, selon les spécialistes: "On a interdit dans différents pays, dont la Belgique, les décharges à ciel ouvert, et depuis lors, on constate réellement un tassement des populations". Les effectifs restent cependant relativement élevés.


Une salle de bains et un dortoir

Les mouettes sont des animaux grégaires, qui restent en bande. Elles ont une routine bien réglée chaque jour : "La journée, elles cherchent de la nourriture un peu partout. Elles ont des oiseaux qui partent en repérage et qui essayent de trouver des sources d’alimentation. Lorsqu'ils trouvent, ils appellent les autres et les autres peuvent manger à leur faim", explique Philippe Deflorenne. Lorsque les oiseaux trouvent un lieu où il y a une abondance de nourriture, il peut y avoir des départs massifs. "Elles vont se nourrir sur une décharge ou près des plans d’eau, des terres de culture. Une fois qu’elles ont fini de manger, elles vont sur ce qu’on appelle un pré-dortoir, où elles font leur toilette, souvent près de l’eau, où elles peuvent se baigner. Elles lissent leurs plumes, s’époussettent avant d’aller au dortoir. C’est un peu leur salle de bains avant d’aller dormir", commente le spécialiste.


Où dorment les mouettes rieuses qu'on croise à Bruxelles ?

Sur le site des Barrages de l’Eau d’Heure, on observe jusqu'à 10.000 ou 15.000 mouettes ou goélands qui se mêlent en bande: "Ils forment une nappe sur l’eau, à l’abri des prédateurs, au milieu de l’étang de la Plate Taille", raconte Philippe Deflorenne. Où dorment les mouettes rieuses que nous pouvons observer à Bruxelles ? "Elles remontent vers Vilvorde vers le Rupel, le Boom et l’Escaut. Elles dorment plus au nord de Bruxelles", explique Alain Paquet.

Des oiseaux particulièrement intelligents

Les laridés sont parmi les familles d’oiseaux les plus intelligentes avec les psittacidés (la famille des perruches) et les corvidés (celle des corneilles), estime Alain Paquet: "On pense qu’ils s’échangent des informations. Ils regardent le comportement du voisin, s’il est repu, ils le suivent le lendemain". Autre particularité : ils craignent les prédateurs comme la peste. Philippe Deflorenne raconte une anecdote vécue il y a une semaine à peine: "On arrive sur un site dans le nord de la France, où normalement il y a environ 1800 grands goélands qui viennent dormir. Quand on arrive, on a un autour des palombes (un rapace), qui est en train de se nourrir d’un goéland. Les goélands qui ont vu ça ont délaissé le site, ils n’ont même pas dormi là, ils se sont dit, il y a un problème, il y a danger, et donc tous les oiseaux quittent le site. La peur de la prédation se transmet. Aucun n’est resté sur le site à cause d’un prédateur".

La mouette ne niche a priori pas à Bruxelles

Les mouettes ne sont pas des nicheuses communes chez nous: "Il y a notamment des sites, comme Harchies, où il y a des effondrements miniers qui sont remplis d’eau et les mouettes nichent là, au milieu de l’eau, ou dans des souches d’arbres ou des troncs d’arbres couchés, où elles arrivent à poser leur nid au niveau du sol. A Genappe, ce sont des infrastructures dans des anciens bassins de décantation".

Trois espèces de laridés nichent (font leur nid) dans le Hainaut occidental, il est maintenant question de savoir si c’est le cas à Bruxelles, car cela n'a pas encore été observé – les ornithologues les plus aguerris vont être invités à prêter une attention toute particulière au nichage des goélands notamment, indique Alain Paquet. 


Un goéland venu du Groenland à Bruxelles en ce moment

La mouette rieuse, photographiée par Zacharie, reste le laridé le plus fréquent en Belgique, mais on peut observer 10 ou 15 espèces différentes de cette famille en Belgique, et certaines viennent parfois de très loin en hiver. "Tous les laridés du grand nord descendent en Europe tempérée. Les adultes plus au nord, et les immatures et juvéniles plus au sud. On a des espèces très rares qui viennent à Bruxelles", explique Alain Paquet.

Ces oiseaux peuvent venir de Pologne, des Pays-Bas, de République Tchèque, de Slovaquie, de Hongrie, d’Allemagne… voire du Groenland, comme le goéland à ailes blanches, observé cette année à Bruxelles. "L’environnement se dégrade, mais ça n’empêche pas les espèces de faire un comeback incroyable", estime Alain Paquet.

Le goéland à ailes blanches, photographié par Tiemen De Smedt à Bruxelles le 16 janvier 2019:


©Observations.be/Tiemen De Smedt


 

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