En rentrant de vacances, Alain, un habitant de la ville de Binche, est surpris lorsqu’il découvre que son jardin n’est pas comme d’habitude. "Il y avait quelque chose qui me paraissait bizarre dans l’horizon de mon jardin. J’étais en train de tondre et à un certain moment, ça a fait flash. Mon buisson était complètement mangé et il y avait tout plein de chenilles", nous explique-t-il.
Inquiet pour son jardin, Alain décide de nous contacter et de nous envoyer des photos du buisson et des chenilles via le bouton orange Alertez-nous. "Je constate que des chenilles ont tué mon buisson. Il y a des milliers d’œufs en plus des chenilles. Un désastre. Que faire?".
Nous avons soumis les photos à Patrick Lighezzolo, spécialiste au sein de l’association Natagora. Il a tout de suite reconnu de quelles chenilles il s’agissait: des chenilles de la pyrale du buis. Elle est reconnaissable par sa couleur verte avec quelques petits points noirs, une tête noire et des stries de couleur vert foncé. Cette espèce est nouvellement présente en Wallonie et n’a cessé de se répandre en Belgique ces dernières années, en particulier depuis l’été 2017. "Elle est en Flandre depuis un peu plus d’années et elle a colonisé tout le territoire au nord du sillon Sambre-et-Meuse", précise le spécialiste.
©Natagora
Cette espèce invasive trouve son origine en Asie et plus précisément en Chine, dans les deux Corées et au Japon. Comme sur la photo ci-dessous et comme son nom l'indique, la pyrale du buis dévore les buis et y tisse des toiles. C'est l'une de ses particularités. On la retrouve majoritairement dans des jardins et potagers mais également sur les sites rudéraux et urbains.
©Alertez-Nous - Alain
La seule lutte efficace: prélever les chenilles à la main
Alors que faut-il faire? Alain est plus que préoccupé par la situation. Il craint que cette espèce ne se propage partout dans le voisinage. Pour Patrick Lighezzolo, il est impossible de lutter contre cette espèce invasive à grande échelle au niveau de la Belgique. Ce qui n’est pas le cas en Asie où sa présence est régulée.
Bien que des solutions existent pour l’éliminer, les produits utilisés peuvent détruire d’autres espèces animales. "Au niveau d’un jardin la seule lutte efficace pour préserver les buis et garantir la préservation des espèces animales sauvages du jardin c’est de prélever les chenilles à la main, une à une. Il n’y a aucun danger à manipuler les chenilles de cette espèce", nous conseille le spécialiste.
Malheureusement, la lutte doit se faire sur plusieurs années consécutives: "Cette opération sera à renouveler chaque année car le papillon est chez nous pour des années et des femelles continueront de pondre des œufs sur les buis en vie", nous apprend Patrick Lighezzolo.
"Il faut savoir renoncer pour s’ouvrir à d’autres choses… C’est un des enseignements de la globalisation en matière d’espèces invasives"
Autre solution prônée par le naturaliste: mettre des filets à très fines mailles. Toutefois, il est très difficile de se prémunir ce type d’espèce. "La grande majorité des propriétaires de buis a fait le deuil de leurs arbrisseaux pour les remplacer par d’autres arbustes. Il faut savoir renoncer pour s’ouvrir à d’autres choses… C’est un des enseignements de la globalisation en matière d’espèces invasives", commente le spécialiste.
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