Une personne nous a envoyé cette photo via le bouton orange Alertez-nous, nous indiquant: "Raton laveur dans la région de Virton, il était en train de manger la nourriture de mes chats". Rien de bien étonnant, puisque l’espèce, listée au niveau européen parmi les espèces envahissantes, est présente dans cette région: "La distribution se situe principalement au sud du sillon Sambre-et-Meuse: le sud de l’Ardenne et la Gaume sont particulièrement touchées", nous précise-t-on à la Cellule interdépartementale Espèces invasives (CiEi), qui est chargée de coordonner des actions pour limiter les dommages causés par ces espèces.
"Il aime bien les croquettes pour le chat"
"Clairement, il aime bien les croquettes pour le chat", commente l’un des spécialistes de cette cellule. Que faut-il faire dès lors si l’on se retrouve face à un raton laveur chez soi? "Il faut essayer de le chasser le plus rapidement possible en dehors de son habitation. A priori, il ne va pas être spécialement agressif, et il risque d’avoir plus vite peur que l’inverse. Si par contre le raton laveur s’installe dans des granges ou des greniers, le mieux c’est de prendre contact avec nos services pour avoir des conseils sur ce qu’il y a lieu de faire", les services en question étant les Services extérieurs de la Division de la Nature et des Forêts (DNF), divisés en cantonnements. A noter que lorsqu'une intervention a lieu sur place, l'euthanasie est généralement pratiquée, comme nous l'expliquions dans un précédent article à ce sujet.
Comment éviter cette situation?
Mais le conseil est avant tout d’éviter cette situation: "La première chose à mettre en œuvre, c’est faire en sorte que l’animal sauvage ne rentre plus dans l’habitation. Il faut colmater les éventuelles entrées par lesquelles il pourrait arriver, ça pourrait être des trappes vers les caves, voire des entrées au niveau de greniers ou granges qui seraient mal fermées".
Et si vous avez des chats ? "Il faut éviter de nourrir ses animaux à l’extérieur, car ça va les attirer. C’est valable pour tous les animaux sauvages, y compris les rats". De plus, le raton laveur peut, comme d’autres animaux sauvages, se frayer un passage via la trappe installée pour votre chat: "Ce qu’il faut faire, c’est mettre des bonnes chatières, qui sont adaptées et qui peuvent s’ouvrir et se fermer grâce à la détection de l’animal qui doit rentrer, ce qui évite aussi la présence de chats errants qui pourraient entrer. Il y a deux grands systèmes : un qui détecte la puce du chat, ou un médaillon qu’on met sur le collier du chat".
Constante augmentation en Wallonie
La population de ratons laveurs en Wallonie est estimée entre 40.000 et 80.000 Wallonie, et elle est en constante augmentation. "A Bruxelles, on a retrouvé un individu sur le Ring, et on n’est pas sûr que l’animal soit déjà arrivé en Flandre". Au sein de la cellule Espèces invasives, on nous indique oeuvrer à la gestion de l'espèce pour éviter que les populations ne continuent à augmenter, et ce afin de respecter le Règlement européen visant à éviter et atténuer les effets néfastes des espèces exotiques envahissantes (Règlement (UE) n°1143/2014). "Les Etats membres doivent mettre en œuvre des mesures d’éradication ou de lutte, en fonction de la situation sur le terrain, pour éviter l’extinction encore plus importante de certaines espèces".
Et la stérilisation? Elle n'est pas réalisable sur le terrain, nous explique-t-on. "La stérilisation mécanique n’est pas possible. Et les techniques via des produits, ce n’est pas conseillé en milieu naturel, parce que ça peut avoir un impact sur d’autres espèces, on n’a pas de produit cible pour le raton laveur".
Des captures locales pour éviter la prédation vis-à-vis d'espèces en voie de disparition
Chez nous, l'heure est plutôt à la gestion, nous explique-t-on, même si des euthanasies ont été pratiquées. "Pour l’instant, on procède à des captures locales dans des zones où on a des problèmes de prédation vis-à-vis de certaines espèces en voie de disparition. L’ULG a réalisé une étude et identifié des espèces potentiellement impactées: certains batraciens, car à certains moments de l’année ils ont tendance à s’en nourrir. Il y a deux espèces de bivalves d’eau douce [des mollusques, ndlr] pour lesquelles on a des traces de prédation. Or pour l’une d’entre elles, il y a un gros projet Life pour maintenir les populations. Il est souhaitable que ce qu’on a mis en œuvre pour ces espèces ne soit pas perdu par une espèce exotique qui deviendrait prédateur". Le spécialiste note aussi les oiseaux nicheurs au sol, comme le tétras lyre: "Le raton laveur peut impacter les œufs ou les juvéniles".
"Il faut bannir le fait d’attirer les animaux sauvages avec de la nourriture"
A l'échelle européenne, c'est l'Allemagne qui est le principal foyer d'introduction du raton laveur, originaire d'Amérique. Le spécialiste évoque plusieurs sources: "On l'a utilisé pour sa fourrure, mais il y a aussi eu les soldats américains qui en avaient repris comme mascotte, puis ils ont été relâchés dans la nature". Certains l'ont également pris comme animal de compagnie, ce qui est totalement interdit par le règlement européen. "En règle générale, il faut bannir le fait d’attirer les animaux sauvages avec de la nourriture. Ils doivent être absolument laissés avec ce qu’ils ont à leur disposition. On a le même problème avec les bernaches du Canada ou les ouettes d'Egypte, que les gens nourrissent. C’est un mot d’ordre général", rappelle-t-on à la cellule Espèces invasives.
Si vous observez un raton laveur dans la nature, vous pouvez également signaler sa présence via ce lien.
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