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Libye: lâcher de gazelles en voie d'extinction sur une île sanctuaire

 

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Après un inhabituel voyage sur l'eau, une dizaine de jeunes gazelles ont été réintroduites récemment sur une île de Libye dans le but de préserver cette espèce nord-africaine en voie d'extinction, décimée notamment par la chasse abusive.

Enveloppées dans des sacs blancs et lovées dans les bras de bénévoles, huit gazelles leptocères ont été transportées en barque sur l'île de Farwa, située à 3 km de la rive.

"Des jeunes de Zouara ont voulu installer des animaux sauvages à Farwa", car selon "les récits de nos anciens, différentes espèces y vivaient" avant de disparaître, explique à l'AFP Mohamad al-Rabti, l'un des bénévoles de Zouara, à environ 140 km à l'ouest de Tripoli.

A peine libérées, les gazelles, "un mâle et sept femelles", se sont élancées, gambadant à droite et à gauche, avant de se fondre dans les buissons et autres graminées endémiques de l'île.

Un premier groupe de gazelles achetées chez un éleveur avait été lâché il y a quelques semaines, précise M. al-Rabti, qui a participé à l'opération.

Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la gazelle leptocère "est répertoriée depuis 2016 comme en voie de disparition". Placée sur la liste rouge des espèces menacées, il n'en restait à l'époque qu'entre 300 et 600 en Afrique du nord.

Pour la Libye, pays plongé dans l'instabilité depuis la chute de l'ancien dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, il n'existe jusqu'ici aucun recensement.

La gazelle leptocère, légère et agile, est caractérisée par sa petite taille et sa couleur sable qui lui permet de se fondre dans les étendues semi-désertiques pour survivre aux prédateurs, quand elle n'apparait pas dans les jumelles de chasseurs sans scrupule.

Profitant du chaos en Libye, les chasseurs sillonnent l'immense désert à bord de leurs 4X4 pour tuer les gazelles pour le plaisir, les consommer ou pour les capturer afin de les revendre à des éleveurs ou des particuliers, pour un prix variant de 1.500 dinars (environ 300 euros) jusqu'à 5.000 dinars (950 euros).

Située à 15 km de la frontière tunisienne, Farwa est reliée à la côte à marée basse mais est, à marée haute, une île de 470 hectares.

La végétation y est rare mis à part des dattiers sauvages, elle abrite des espèces emblématiques comme la tortue Caouane (Caretta caretta), devenue son symbole, et est aussi un relais pour les oiseaux migrateurs qui traversent la Méditerranée deux fois par an.

Le biotope de l'île, même s'il n'est pas leur habitat naturel, semble convenir aux gazelles: celles du premier lâcher "surveillées à l'aide de jumelles et de drones se portent très bien", assure à l'AFP Youssef Gandouz, de l'association "Bessida" de défense de la nature, qui a participé à ces opérations.

- "Refuge sûr" -

Farwa est aujourd'hui inhabitée mais des tribus amazighes (berbères) y ont vécu avant de rejoindre les villes voisines.

L'île au panorama paradisiaque où Kadhafi avait rêvé d'implanter une station balnéaire de luxe, doit faire face aussi à la pollution et à la surpêche, souvent illégale.

"De nombreuses associations et les universités de Tripoli et Zawiya, déploient d'importants efforts pour protéger la biodiversité et le couvert végétal" de Farwa, déclarée "réserve naturelle" en 2012, indique à l'AFP Jamal Ftess, conservateur de la réserve.

Outre la préservation de la faune, des associations comme Bessida accordent une grande attention à la flore de ce bout de terre, devenu sanctuaire naturel.

"C'est la deuxième campagne de reforestation sur l'île", explique M. Gandouz, en aidant des bénévoles à décharger des plantes résistantes aux vents et aux embruns et qui ne nécessitent pas beaucoup d'eau.

"La végétation sur Farwa est suffisante" pour la survie des gazelles et autres animaux, estime M. Ftess, ce qui a encouragé d'autres associations à envisager la "réintroduction d'une espèce de lièvres qui peuplaient autrefois l'île".

"Farwa est aujourd'hui un refuge sûr où les tortues et oiseaux migrateurs peuvent nidifier et se nourrir", mais "nous avons besoin de l'aide des autorités pour la préserver", explique M. Gandouz.

Le plus grand danger réside dans l'érosion et l'avancée de la mer qui gagne du terrain.

Selon une recherche universitaire citée par M. Ftess, "entre 1961 et 2006, le littoral de Farwa a perdu 1,6 mètre par an, et entre 2006 et 2020, l'érosion s'est accélérée à 2 mètres par an".


 

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