Marie (prénom d'emprunt) nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour nous parler d’une initiative qui selon elle mérite d’être mise à l’honneur: "On ne parle pas assez d'eux : pour le travail de fourmi de Pet Alert Belgique et toutes ses antennes pour chaque région du royaume (Liège, Namur, Brabant Wallon, Brabant flamand, Hainaut...) pour retrouver chaque jour les propriétaires de chiens, de chats et autres animaux. Quand j'en parle ça n'est pas un ou deux par jour, mais de nombreux animaux qui sont perdus ou trouvés ou encore vus", nous dit-elle. Elle est devenue elle-même bénévole pour Pet Alert, mais a préféré rester anonyme, pour, nous dit-elle, ne pas se mettre en avant.
Les pages Pet Alert Belgique et ses déclinaisons par province ont en fait été créées en France. Nous avons retrouvé l’homme à l’origine de cette initiative. Julien Muller a 34 ans, il a créé Pet Alert en 2012. Lui non plus, ne souhaite pas trop se mettre en avant, mais il a accepté de répondre à nos questions, pour nous expliquer comment cette aventure a commencé. Il avait alors déjà développé sa société de gardiennage d’animaux de compagnie, Holidog. Ce passionné d’animaux souhaitait depuis un petit temps créer un système efficace qui permette aux maîtres de retrouver leurs compagnons perdus.
"Vous ne pouvez pas vous l’imaginer tant que vous ne l’avez pas vécu"
"J’avais recueilli un chien quand j’étais petit, et ma cousine l’a perdu une semaine plus tard dans la forêt, c’était un teckel qui s’appelait Snoopy. Ca m’avait traumatisé. Je l’ai cherché pendant des semaines et je ne l’ai jamais retrouvé. Je sais que c’est un traumatisme pour un enfant de perdre un chien, vous ne pouvez pas vous l’imaginer tant que vous ne l’avez pas vécu, encore plus en étant enfant. Plus tard, j’ai perdu un chat, qui est parti de mon domicile en 2012, et là, je me suis dit, ce n’est pas possible de mettre des affiches dans des boulangeries, aujourd’hui, avec internet, on peut maximiser les chances, le temps joue contre vous, donc il faut que l’information circule le plus rapidement possible. C’est là que j’ai créé Pet Alert".
"Dans ma tête, c’était ma dernière initiative"
Julien Muller a d’abord tenté de développer une app Facebook, pour laquelle il a investi beaucoup d’argent, sans succès. "J’ai fait différentes choses, jusqu’au format actuel qui, quand je l’ai mis en place, a directement fonctionné. C’est marrant, parce que c’est finalement le format le plus simple, des pages sur Facebook qui sont localisées, il ne fallait pas plus que ça", commente-t-il.
Tout a donc commencé en 2012, alors que Julien séjournait en Thaïlande – raison pour laquelle le logo de Pet Alert est mauve, un clin d’œil cette couleur très appréciée dans ce pays – il a décidé de tenter une dernière fois sa chance pour créer un réseau efficace d’alerte pour les disparitions d’animaux de compagnie. "J’étais dans ma chambre d’hôtel en Asie, j’en avais marre de dépenser de l’argent et que ça ne fonctionne pas. Dans ma tête, c’était ma dernière initiative. J’avais d’abord créé une page nationale. Je me suis dit que c’est pas mal, mais tout de même embêtant, parce que je vois, "perdu à Marseille", "perdu à Lille"… et je suis déconcentré. Le cas où l’animal va être près de chez moi va être rare, donc je ne vais plus y prêter attention et ça ne marchera pas".
Pourquoi tant de pages différentes ?
Julien décide alors de crées des pages locales: "Je me suis mis devant mon ordinateur et j’ai créé Pet Alert 01, Pet Alert 02, Pet Alert 03… (les numéros des départements français, ndlr). J’en ai créé 30 et au bout de 30, je me suis fait bloquer par Facebook. J’avais peur qu’ils me bloquent tout mon compte, parce que j’avais mes pages professionnelles. Ils m’ont débloqué après. Je me suis rendu compte que c’était automatique, et que tous les 30, ils considéraient que j’étais un robot. J’ai mis une semaine à créer toutes les pages françaises, et dans la foulée, j’ai créé la Belgique, la Suisse, et les pays autour", nous explique-t-il.
7000 annonces postées par jour
Aujourd’hui, il existe près de 1000 pages Pet Alert pour les départements français et les équivalents des pays frontaliers. L’ensemble de ces pages regroupent 2 millions d’abonnés. Au total, 7000 annonces sont postées chaque jour. "On a retrouvé entre 500.000 et 600.000 animaux depuis 2012", affirme le fondateur du concept.
Au départ, Julien a fait connaître Pet Alert via les autres communautés qu’il avait créées sur Facebook – outre son entreprise de gardiennage d’animaux, il s’est spécialisé dans plusieurs services liés aux animaux – puis les pages ont rapidement été suivies. "Ca a rapidement attiré des bénévoles pour modérer les pages, et des gens qui perdaient des animaux. On a eu des annonces tout de suite, parce qu’il y avait vraiment un besoin".
400 bénévoles
Pour gérer toutes ces pages, Julien s’est entouré, au fil des années, d’environ 400 bénévoles, dont Nadège, la responsable pour la Belgique et le Luxembourg. Cette Française de 34 ans est responsable adjointe dans un magasin bio, et s’occupe des pages belges et luxembourgeoises sur son temps libre depuis deux ans et demi. Cela lui prend, nous dit-elle, plusieurs heures par jour. "Sur la Belgique et le Luxembourg actuellement nous sommes 12. Ce n'est pas un chiffre définitif car j'adapte le nombre de personnes selon les besoins de la page. Ensuite les pages (par province, ndlr) sont gérées par les différentes modératrices, que des filles actuellement. J'ai du mal à trouver des bénévoles pour les pages flamandes, comme il faut connaitre les deux langues", nous explique-t-elle.
Un format très strict
En tant que responsable, Nadège s’assure notamment que le format de publication soit bien respecté, un point essentiel pour le créateur de Pet Alert: "On a tout testé au fur et à mesure des années, et aujourd’hui le format est plus qu’éprouvé, mais en même temps il est strict. C’est ça qui permet à l’utilisateur, d’un coup d’œil, de savoir s’il est concerné ou pas, et c’est ce qui a fait le succès de Pet Alert. Les gens voyaient très bien que quand ils voyaient Pet Alert, c’était un avis de perte, ce n’était pas de la pub, ou une petite photo mignonne, c’est là où les gens perdent leur focus", explique Julien Muller, confiant que cela peut parfois causer des frustrations chez certains modérateurs des pages.
"Il y a beaucoup de gens qui nous remercient pour le soutien psychologique que la communauté leur donne", commente également Julien. Nadège nous détaille ce travail: "On ne fait pas que publier des avis, au bout d'un certain temps nous demandons des nouvelles car parfois les maîtres oublient de nous prévenir que leur animal est de retour, d'autres n'osent pas demander de repartage", précise la bénévole. Ces histoires font par ailleurs l’objet d’un compte-rendu mensuel des retrouvailles les plus émouvantes. En Belgique, Nadège nous cite notamment l’histoire de Nici, une chatte à trois pattes trouvée à Lasne, qui a retrouvé ses maîtres 3 ans et demi après sa disparition, suite à un déménagement.
"J’imagine toujours une famille, des enfants, qui ont passé des journées et des nuits à ne pas dormir"
Le fondateur, lui, supervise mais ne peut s’attarder sur chacune des nombreuses histoires venant de France et d’ailleurs: "Il y e n a énormément, des histoires plus incroyables les unes que les autres, j’imagine toujours une famille, des enfants, qui ont passé des journées et des nuits à ne pas dormir, et qui retrouvent leur chien. Bizarrement, c’est devenu quelque chose de banal pour moi, pourtant à chaque fois, c’est exceptionnel". Malheureusement l’issue n’est pas toujours positive, et avant que ces disparations ne deviennent de belles histoires, elles sont parfois difficiles à voir: "Je ne me mets pas non plus trop dedans, parce que je n’ai pas envie de ressentir la tristesse des maîtres", confie l’homme, passionné par les animaux.
Vous avez perdu ou trouvé un animal? Votre animal a été volé?
Si vous avez perdu votre chien, chat, ou autre animal de compagnie, quelles informations devez-vous communiquer ? Nadège, la bénévole responsable pour la Belgique et le Luxembourg, nous répond : "Il faut d'abord aller sur la page de la province où votre animal a été perdu. Si par exemple vous habitez Liège, mais qu’il s'est perdu lors d’une sortie à Bruxelles, dans ce cas ce sera sur la page Bruxelles qu'il faudra aller".
Ensuite voici, les éléments indispensables :
- une photo, ou la race et couleur du pelage
- pour un animal perdu son nom
- la ville
- la date de disparition avec l'heure, ou si c’était le matin ou le soir
- la ville et le secteur, c'est à dire la rue ou le quartier précis
- son âge
- identifié ou non, puce ou tatouage
- stérilisé ou non
- collier plus sa couleur
- sociable ou craintif pour savoir comment l’aborder si quelqu’un le trouve
- dans la mesure du possible un numéro de téléphone ou une adresse mail pour contacter le maître le plus rapidement possible (ils ne nous le donnent pas tout le temps pour un perdu ou trouvé et c'est bien dommage)
- le lien Facebook de la personne pour que les gens puissent les contacter si on n'a pas pu avoir de numéro de téléphone par exemple.
En cas de vol, Pet Alert explique qu’il faut qu'une plainte soit déposée et que la copie de cette plainte leur soit envoyée.
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