Depuis plusieurs années, il se promène dans les rues de Bruxelles. Le renard est une espèce très commune dans notre capitale. Un habitant de Forest vient de diffuser une vidéo d’un renard roux peu farouche. Si ces images ont suscité des réactions positives, elles ont également provoqué des craintes et interrogations. Ce comportement est-il normal ? N’est-ce pas un signe de la rage ?
"Images surprenantes d'un renard en plein Bruxelles, en plein jour, qui vole un sac, l'air de rien, aux yeux de tous", témoigne Pierre via notre bouton orange Alertez-nous. La scène se passe ce jeudi dernier en fin de journée place Constantin Meunier à Forest.
Sur la vidéo postée sur Facebook, on voit le petit animal devant une porte de garage légèrement ouverte. Tout à coup, il entre à l’intérieur avant de ressortir avec un sac dans la gueule. Pierre suit ensuite le renard qui marche tranquillement sur les pavés de la rue avec son butin.
"Quel chenapan ce renard ! Mais c’est trop chou. J’ai quand même couru après jusqu’à sa tanière et ai récupéré le sac pour le rendre à son propriétaire", commente le Bruxellois en postant sa vidéo sur le réseau social.
Pierre n’a pas du tout été surpris de croiser le chemin d’un renard roux dans son quartier citadin. "J’ai vois tout le temps et de plus en plus. On les entend beaucoup la nuit aussi", confie Pierre.
Un comportement peu farouche: "Ce n’est pas un des premiers signes de la rage?"
Plusieurs personnes ont réagi à cette publication qui compte déjà plus de 1.000 vues. "Trop mignon", lance avec enthousiaste Valérie. Certains s’étonnent aussi de son comportement pour le moins peu farouche. "Mais enfin ! Il n’a pas l’air sauvage du tout", souligne Fred. "Il a absolument pas peur des humains….interpellant", commente également Antoinette.
D’autres ont même exprimé une crainte que l’animal puisse être porteur d’une maladie. "Il se laisse un peu trop approcher par les humains, non ? Ce n’est pas un des premiers signes de la rage", demande Laurent.
Pour lui apporter une réponse, Pierre a contacté lui-même Sciensano, l’institut scientifique de santé publique qui assure notamment la surveillance épidémiologique de la rage en Belgique. "On m’a répondu que cette absence de défiance naturelle envers les humains des animaux sauvages peut en effet être un symptôme de la rage, mais dans ce cas-ci, comme les renards vivent de plus en plus dans des zones urbanisées, ils s’adaptent de plus en plus aux humains. Ce qui explique ce comportement", relate le Bruxellois. "La rage a été éradiquée chez nous, il ne faut donc pas avoir peur", conclut-il.
"L’éradication de la rage du renard en Belgique a été prononcée en 2001. Aucun cas de rage animale indigène n’a été diagnostiqué depuis 1999", peut-on en effet lire sur le site internet de Sciensano.
Les renards bruxellois sont sains et n’ont pas par nature un comportement agressif
De son côté, Bruxelles Environnement confirme que le goupil n’est pas dangereux: "Depuis la nuit des temps, le renard a mauvais presse. Ce n’est pourtant pas mérité. Différentes études révèlent à cet égard que les renards bruxellois sont sains et n’ont pas par nature un comportement agressif vis-à-vis des animaux domestiques ou de l’homme". Le renard roux est d’ailleurs une espèce de mammifère sauvage strictement protégé. Et l’une de ses caractéristiques est son caractère peu farouche, souligne l’institut bruxellois.
Un naturaliste du département biodiversité précise également que les cas de rage ont été cantonnés à l’Ardenne.
Originaire de la campagne, le goupil est aujourd’hui présent en nombre un peu partout à Bruxelles, où il a réussi à s’adapter à l’environnement. "C’est impossible de chiffrer la population de renards à Bruxelles. Nous ne disposons d’aucun chiffre. On sait qu’ils apprécient particulièrement les communes avec jardins qui sont plus aptes à recevoir les terriers. Pour la femelle, un abri de jardin est un luxe inouï car il lui permet de mettre ses petits, qui n’ont pas encore de poils les premiers jours, à l’abri de la pluie", explique le naturaliste. "Par contre, les parcs ne sont pas fort utilisés par les renards pour leurs terriers parce qu’il y a souvent beaucoup de chiens", ajoute-t-il.
Surtout, ne donnez pas à manger aux renards !
Pour éviter une augmentation artificielle de sa population dans la capitale, Bruxelles Environnement rappelle qu’il est crucial de ne pas volontairement nourrir les renards. Certains habitants ont en effet pris l’habitude de leur donner à manger, parfois directement de la main à la gueule. "Cela part d’une bonne intention, mais dans l’intérêt du renard sur le long terme, nous le déconseillons fortement. En ville, il y a beaucoup plus de nourriture qu’à la campagne et donc, ce n’est pas la peine de le nourrir", souligne le naturaliste.
Cela rend non seulement le goupil plus fainéant: pourquoi se fatiguer à chasser des rats ou des mulots ? Et cette proximité entre l’homme et cet animal sauvage risque aussi de provoquer un incident, comme une morsure. "On ne peut prévoir la réaction de certaines personnes qui auraient la trouille par exemple. On ne peut pas les blâmer pour ça, mais s’il y a un jour un accident, cela ferait la Une des journaux. Et c’est le renard qui pourrait en pâtir", prévient le naturaliste.
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