Un fossé est-il en train de se creuser entre la police et la population ? La mort de l'homme d'affaires Jozef Chovanec mine la réputation de notre police. Y a-t-il un "police bashing" en Belgique ? La question était au cœur du début dans C'est pas tous les jours dimanche.
Dans C'est pas tous les jours dimanche, de nombreux citoyens se sont exprimés à propos de la police. Certains ont expliqué avoir peur lorsqu'ils se retrouvaient face à des policiers, et avoir eux-mêmes fait face à des violences policières. Y a-t-il un "police bashing" dans notre pays ? Pour Thierry Belin, secrétaire général du syndicat national du personnel de police et de sécurité (SNPS), cela va même plus loin. "C'est de la haine anti-flics", explique-t-il. "Lorsque vous avez tous les quidams qui s'expriment sur les réseaux sociaux et qui justifient l'existence du Bescherelle, on passe. Par contre, quand vous avez des gens qui sont des journalistes de renom qui n'hésitent pas à bafouer tout ce qui est présomption d'innocence, droit de la défense, respect de l'instruction…"
Thierry Belin donne un exemple concret, celui d'un homme décédé récemment à Anvers. "C'est un individu qui importune les gens, qui les frappe, qui casse du mobilier sur une terrasse. La police intervient, ce monsieur fait un malaise. Les secours interviennent et finalement, ce monsieur décède. Il s'avère, et avec beaucoup de prudence, que ce monsieur était un grand toxicomane. Il s'ingurgitait, il fumait, il s'injectait à peu près tout ce qui passe sur le marché. Le corps humain a ses limites. Quel est le titre qu'un média de service public a porté pour cette affaire ? "Agression policière à Anvers". Je dois, par correction, souligner qu'une responsable de ce média a fait changer le titre après mon intervention."
"C'est orchestré"
Selon le secrétaire général du SNPS, "c'est orchestré" et "La Ligue des Droits Humains parle systématique de violence policière". "L'ancien président, qui est toujours très impliqué, déclare sur les réseaux sociaux publiquement: "un homme est mort en cellule", factuellement, c'est faux, "du fait des violences policières". Quand un avocat déclare ce genre de choses… Il faut être conscient, ce qu'on dit au RTL INFO 13h ou 19h, pour la plupart des gens, c'est la vérité vraie."
Choquée par ces propos, Olivia Venet, actuelle président de la Ligue des Droits Humains, a souhaité réagir. "Je suis assez choquée qu'on reproche à certaines personnes de ne pas respecter le secret de l'instruction mais qu'on prend position de manière tranchée sur un dossier en disant qu'en fait, il était toxicomane. Pour moi, c'est le même niveau parce que c'est la justice qui va devoir trancher et je n'ai pas pour habitude de me prononcer sur un dossier que je ne connais pas. Je trouve que tout le monde devrait faire de même."
"Se sentir en insécurité face des policiers, c'est le paradoxe ultime"
La présidente de la Ligue des Droits Humains explique ensuite que "l'immense majorité" des policiers font bien leur travail dans des "conditions difficiles" et que "la rupture de confiance avec la population est un énorme problème à la fois pour la réussite des missions de police, mais aussi pour la sécurité de tous". "Se sentir en insécurité face à des policiers, c'est tout de même le paradoxe ultime. Le problème, c'est qu'on refuse au sein de la police, de reconnaître qu'il y a des problèmes de racisme et qu'il y a des problèmes de violences policières. Ce qu'on ne dénonce pas depuis l'affaire George Floyd, pas depuis l'affaire Chovanec, mais depuis des années."
Selon elle, les organes de justice doivent prendre leurs responsabilités à l'égard de la police. "J'ai parlé de responsabilité disciplinaire, je veux parler aussi de responsabilité politique. Cela fait des années qu'il y a des recommandations d'organes internationaux l'égard de la Belgique pour dire: vous devez mettre des choses en place pour réduire le nombre de violences policières. Je n'ai pas inventé ce concept, ce n'est pas La Ligue des Droits Humains qui a fait naître le concept de violence policière."
"Je demande à tout le monde de respecter la présomption d'innocence qui est fondatrice de notre justice pénale, mais ça va dans les deux sens", conclut-elle.
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