En ce moment
 
 

"On va être envahis, c'est comme des fourmis": les réactions dures des habitants de La Panne à l'arrivée potentielle de migrants

"On va être envahis, c'est comme des fourmis": les réactions dures des habitants de La Panne à l'arrivée potentielle de migrants
 
 

Pour l'émission "C'est pas tous les jours dimanche", Christophe Deborsu a demandé à des habitants de La Panne s'il fallait craindre un coup dur pour le tourisme en raison de la potentielle arrivée de migrants voulant rejoindre l'Angleterre via la côte belge, suite au démantèlement de la "jungle" de Calais. Les réponses recueillies montrent un éventail de postures: de la fermeture à l'ouverture, en passant par les peurs parfois irrationnelles.

Migrants et tourisme font-il bon ménage? C'est la question posée par Christophe Deborsu aux habitants de La Panne, où certains craignent des conséquences négatives liées à une arrivée potentielle de migrants souhaitant se rendre en Grande-Bretagne.

Le premier habitant interrogé se base sur son expérience personnelle pour répondre. Il est favorable à l'arrivée de migrants : "Etant originaire de Saint-Gilles à Bruxelles, (une commune considérée comme multiculturelle due à l'importante présence de personnes d'origine immigrée, ndlr), je ne vois pas trop ce que ça ferait comme différence, dit-il au micro de Christophe Deborsu. [S'il y avait plus d'étrangers ici, ce ne serait pas très différent] et les gens d'ici se rendraient peut-être compte de ce que c'est".

"Pour moi, pas de problème: j'habite à Coxyde et là, ils sont les bienvenus aussi, dit un autre passant. Sauf pour le bourgmestre (qui a récemment voulu interdire aux migrants l'accès à la piscine de la commune, ndlr)".


"Je serais prête à partir s'il y avait plus d'étrangers ici"

D'autres, sont convaincus que l'arrivée potentielle de migrants ferait baisser la valeur de l'immobilier. "Les gens ne viendront plus investir ici, j'en suis presque convaincu, c’est certain, dit un passant. J'ai peur pour ma propre habitation. (…) Je ne suis pas raciste, mais qu'ils restent chez eux".

Une autre riveraine dit clairement qu'elle serait prête à vendre sa maison si les migrants arrivaient: "Oui, je crois que je partirais".

Marco Martiniello, professeur de sociologie à l'ULg et directeur du CEDEM (Centre d'Étude de l'Ethnicité et des Migrations), apporte un éclairage. "Je crois qu'il ne faut pas attaquer ces personnes en les accusant de racisme par exemple, mais les propos qu'elles tiennent expriment leurs peurs irrationnelles, considère le spécialiste. Lorsque le passant dit "Qu'ils restent chez eux", il faut savoir que les premières personnes à vouloir rester en paix chez elles, sont justement les migrants".


"Je ne suis pas raciste, mais …"

D'autres, tentent de justifier maladroitement leur intolérance à la présence de migrants. "On n'est pas racistes, pas du tout. Mais il y en a trop [de migrants]", dit une dame. Son amie prévoit même des scénarios "catastrophe": "Dans vingt ans, on ne mangera plus de carbonades à la flamande, mais bien des durums et des choses ainsi". 

"C'est indigne de dire cela, estime Henri Deleersnijder, spécialiste en questions de populisme et professeur d'histoire à l'ULg. Cela va à l'encontre des valeurs de l'Union européenne. A partir du moment où on ose affirmer des choses pareilles, on va à l'encontre de ce que les pères de l'Europe ont voulu créer: un espace où paix, entente et solidarité règnent".


"Une invasion": "Le terme était utilisé pour parler des juifs dans les années 30"

Un autre passant se dit "envahi": "Je ne suis pas raciste, mais ça devient une invasion". Un propos qui, au regard des chiffres, est à nuancer: en effet, cette année, la Belgique a enregistré 35.000 demandes d'asile environ. Or, en 1999, le pays en a enregistré plus ou moins 42.000. "L'invasion" évoquée par le riverain est donc toute relative.

Pour exprimer son opinion, un autre riverain emprunte un terme au monde animal: "On va être envahis, c'est comme des fourmis", dit-il. Interpellé par le présentateur sur la dureté de ses propos, l'homme ne semble pas réellement s’en inquiéter "J’ai dit : on est envahis", répète-t-il.

"Ce mot invasion se disait dans les années 30, lorsqu'on disait que l'Europe était envahie par les juifs, rappelle l'historien Henri Deleersnijder. C'est extrêmement dangereux d'utiliser des mots pareils. On commence d'abord par les mots, et puis après? Les mots tuent. On peut tout bâtir avec des idées et hélas on peut tout détruire avec des mots". 


 

Vos commentaires