Une équipe de RTL Info ainsi qu'un journaliste de France 3 ont été agressés ce vendredi par un habitant de Molenbeek. Les journalistes se trouvaient rue Evariste Pierron à Molenbeek pour interroger des membres de la famille de Chakib Akrouh, le 3e homme du commando qui a tiré sur des terrasses à Paris le 13 novembre. Ce dimanche, notre journaliste Jean-Pierre Martin témoigne.
Jean-Pierre Martin est grand reporter pour RTL-TVI. Il y a quelques semaines, notre journaliste se trouvait encore sur la ligne de front en Syrie, aux portes de Raqqa, capitale de l'Etat islamique. Ce vendredi, à Molenbeek, il a été victime d'une violente agression alors qu'il effectuait son travail pour le RTL Info 13H.
Recueillir le témoignage des proches d'un terroriste de Paris
Interrogé par Christophe Deborsu, il explique pourquoi il s'était rendu au domicile de la famille de Chakib Akrouh, en face duquel il a été attaqué. "J'ai essayé d'en savoir un peu plus sur la personnalité de ce terroriste proche d'Abaaoud, qui est présenté comme le cerveau des attentats", commence par expliquer notre grand reporter. "On a très brièvement conversé via le parlophone, mais c'était très compliqué parce qu'on s'est fait très largement insulter", décrit-il.
"Je ne l'ai pas vu venir, il m'a plaqué à terre et il m'a roué de coups"
Après quelques instants, un homme, qui confirme être le frère de Chakib Akrouh, descend de l'appartement. Il est rapidement suivi par son colocataire. "Je ne l'ai pas vu venir, il m'a plaqué à terre et il m'a roué de coups", explique Jean-Pierre Martin. "Ensuite il s'en est pris à un caméraman de France 3. Heureusement que leur équipe était là, sinon je pense qu'il se serait acharné sur moi", estime notre journaliste.
Jean-Pierre Martin se dit très surpris par cette agression. "Je ne m'attendais pas du tout à ça. Je voyage aux quatre coins du monde, dans des situations très compliquées", explique-t-il. Pour lui, "ça pose de sérieuses questions sur notre profession, et les limites de ce que nous pouvons faire dans notre propre pays", s'inquiète-t-il.
"C'est une atteinte à la liberté de la presse!"
Interrogé en plateau, le chroniqueur et journaliste de RTL-TVI, Christophe Giltay, qui est également le président de la Société des journalistes de RTL Belgium, fait le point sur l'agression. "Jean-Pierre n'est pas tellement choqué, mais il est vraiment très triste. Parce qu'il se demande si on peut encore exercer notre métier en Belgique. Et Molenbeek, que je sache, c'est encore la Belgique", explique Christophe Giltay. Dans un communiqué, la direction de RTL a adopté une position très ferme, qui est soutenue par la Société des journalistes de la rédaction. "C'est une atteinte à l'intégrité physique de l'un de nos confrères, mais aussi à la liberté de la presse", s'insurge-t-il.
"Une espèce de zozo qui a vu trop de films de kung-fu"
Christophe Giltay distingue deux phases dans les faits qui se sont déroulés. "La première c'est qu'un journaliste qui fait son travail va sonner à la porte du frère d'un type, qui est quand même l'un des terroristes de Paris, parce que c'est son boulot de journaliste", explique-t-il. "Si le monsieur ne veut pas parler et ouvrir la porte, c'est son droit. Ce passage-là, c'est une altercation, c'est un type qui descend et qui lance 'Foutez le camp, je ne veux pas vous parler'. Tous les jours on a affaire à des gens qui nous disent ça! Et jusque-là tout va bien", indique le chroniqueur.
La deuxième phase commence lorsqu'un autre homme arrive et agresse purement et simplement notre reporter. "Une espèce de zozo qui a vu trop de films de kung-fu et qui agresse physiquement, ça c'est un délit! Et c'est inadmissible!", proteste Christophe Giltay. "Si ça se passait dans n'importe quel pays, Reporters sans frontières sortirait, il y aurait des manifestations. Là c'est à Bruxelles, c'est intolérable, incompréhensible, et il faut le combattre de la manière la plus dure", estime le directeur de la Société des journalistes de RTL Belgium.
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