Dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche (RTL TVI), des candidats francophones et flamands de tout premier plan ont débattu à notre table sur des sujets qui pourraient bien faire vaciller les élections du 26 mai prochain. Notamment, la question de la limitation des allocations de chômage dans le temps.
"Si en Belgique, on regarde le taux d'activité, on voit qu'il est bien inférieur aux autres pays européens. Les chômeurs en Belgique le sont depuis plus qu'une année. Il y a un problème de prise en charge. Je ne comprends pas qu'une personne qui perd son emploi soit toujours au chômage un an après. Ce que l'on propose, c'est que dans les 6 mois on ait une formation ou un système de stage. Durant ce laps de temps là, on pourrait augmenter l'allocation de chômage parce que personne ne veut perdre son emploi et il ne faut pas dédramatiser l'impact financier de cela. Mais je trouve cela normal que la solidarité entre tout le monde n'est pas infinie naturellement. Donc, après deux ans, on dit qu'il y a un emploi, peut-être pas celui dont vous aviez rêver mais vous devez prendre cet emploi car la la solidarité n'est pas illimitée dans le temps. Je pense que c'est tout à fait normal. Et d'ailleurs, tous les pays européens ont ce mécanisme depuis longtemps. Seul la Belgique ne l'a pas", a répondu Alexander De Croo, vice-Premier Ministre, Ministre des Finances et tête de liste à la Chambre pour la Flandre Orientale - Open VLD, à la question "Doit-on limiter les allocations de chômage dans le temps pour inciter les chômeurs à retrouver un emploi?" du présentateur de l'émission C'est pas tous les jours dimanche Christophe Deborsu.
"Chasser les chômeurs ne chasse pas le chômage"
"C'est inhumain! Vraiment, c'est incroyable!", a réagi Raoul Hedebouw, député fédéral et tête de liste à la Chambre pour Liège - PTB. "Chasser les chômeurs ne chasse pas le chômage. Un chômeur gagne 1.011 euros par mois. Ce que vous voulez faire, c'est les envoyer encore plus ds la misère en les envoyant au CPAS. En mettant les gens ainsi sous pression, ils n'ont plus l'énergie pour chercher du boulot. Parce que pour chercher du boulot, si vous êtes dans la misère, vous n'avez même plus le temps d'en chercher un, vous chercher avant tout à survivre. Vous savez ce qu'il faut faire pour stopper le chômage? Créer du boulot".
"Il y a deux choses essentielles à faire"
"Je suis d'accord avec un certain nombre de choses en matière de réforme sur les allocations de chômage mais contre la mesure de limitation dans le temps", a indiqué Didier Reynders, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères et de la Défense, tête de liste à la Chambre pour Bruxelles - MR. "A Bruxelles, c'est le chômage des jeunes qui est beaucoup plus élevé. Dans ce domaine là, deux choses sont essentiellement à faire: créer de l'activité parce que ce qui manque ce sont des emplois à offrir dans certain nombre de cas. On l'a fait beaucoup ces dernières années avec 50.000 emplois par an, par exemple. Il faut renforcer cela. Une 2e mesure que nous avons prise: exonérer de charges le premier emploi dans une entreprise. Je souhaiterais qu'on le fasse sur les trois premiers emplois. Et puis, la deuxième chose qui est la plus fondamentale, c'est la formation. Il y a, à Bruxelles, énormément de gisement d'emplois mais peu de jeunes ayant les qualifications pour les remplir".
"La manière de faire, c'est de trouver un emploi"
Alexander De Croo a surenchéri en disant que "tout le monde sait que la seule manière de sortir les gens de manière durable de la pauvreté ou du risque de la pauvreté, c'est un emploi. C'est la seule manière de faire. Et ce que vous faites (en parlant à Raoul Hedebouw), c'est le contraire: garder les gens dans un système d'assistanat et d'allocations. Ce n'est pas la manière de faire. La manière de faire, c'est de trouver un emploi. Dans la plupart des pays européens, on voit des gens se dire qu'ils vont quand même prendre un emploi. Il ne faut pas oublier que, dans les emplois ouverts en Belgique, 4 sur 10 n'ont pas d'exigence de diplôme".
"Donner aux chômeurs du boulot de qualité"
"Chasser les chômeurs ne crée par de boulot", reprend Raoul Hedebouw. "Ce que vous voulez, c'est que des gens acceptent n'importe quel boulot au rabais ('Mais enfin', soupire Didier Reynders). Le premier boulot en Belgique, c'est dans les call-centers. Vous allez demander aux gens d'aller bosser pour 1.320 euros par mois ('C'est le salaire minimum le plus élevé d'Europe', lâche Alexander De Croo) pour aller prendre 10 secondes de pause entre chaque appels avec comme bilan plus de 400.000 malades longue durée ou en burn-out. Il faudrait donner aux chômeurs du boulot de qualité".
"Les agences d'emplois sont beaucoup mieux équipées que les CPAS"
"Je pense qu'on ne peut pas faire un fétiche de la limitation de chômage dans le temps, ce que font certains", affirme Koen Geens, ministre de la Justice et tête de liste à la Chambre pour le Brabant flamand - CD&V. "Soyons clairs, c'est une question de trouver et réactiver les gens. Quand on est suspendu ou arrêté dans le chômage, on va vers l'invalidité ou le CPAS. Par ailleurs, le montant minimal de chômage n'est pas tellement plus important que le montant du CPAS. Les agences d'emplois sont beaucoup mieux équipées pour réactiver les gens que les CPAS. En plus, beaucoup de jeunes sont touchés. Aussi, pour faire en sorte que les 50-65 ans recommencent à travailler, il faut un changement de mentalité dont tous les jeunes ne se rendent pas compte nécessairement".
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