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Endettée à cause de sa maman alcoolique, Martine sera bientôt à la rue avec son mari et leurs 4 enfants

 
 

D'après une enquête de Stabel, l'Institut belge des Statistiques, on a bien plus de risques de vivre dans la pauvreté quand on vient d'une famille pauvre. Au total, 30% des personnes nées dans un ménage pauvre le deviennent elles-mêmes. À l'inverse, 7% des Belges qui viennent d'une famille en bonne santé financière tombent dans la pauvreté. Martine, 46 ans, fait partie de la première catégorie. Elle témoigne sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche.

Enfant, Martine vit avec sa maman alcoolique. La Bruxelloise se souvient d'une enfance très compliquée, durant laquelle elle n'a pas toujours de repas sur la table. "Pas d'argent, pas de revenu, pas de gaz ni d'électricité à la maison quand j'étais petite", confie la Bruxelloise de 45 ans sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche.

Lorsqu'elle est adulte, sa maman lui demande de se porter garante pour un prêt. À seulement 20 ans, alors qu'elle a un enfant, Martine se retrouve déjà endettée. "À partir du moment où ça m'est retombé dessus, j'ai essayé de payer ça pour ne pas qu'on vienne me saisir ce que j'avais. J'étais avec un bébé. Finalement, il y a d'autres factures qu'on laisse sur le côté donc c'est un cercle vicieux. On n'en finit jamais."

Martine commence à travailler quand elle a 15 ans, "en apprentissage dans la vente", dit-elle. "J'ai eu mon diplôme, mais j'ai commencé à travailler très jeune parce que sortir ou ne fut-ce que manger un paquet de frites avec des amis, c'était impossible. Je l'ai fait aussi pour avoir quelque chose pour moi."

Un salaire de 1.600 euros

Aujourd'hui, Martine est mariée. Son mari travaille dans une entreprise de meubles et elle est Team Leader dans un magasin. Ils ont quatre enfants. Martine a une saisie sur salaire à cause de ses dettes et le Covid n'arrange rien puisqu'elle est en chômage partiel. "C'est très compliqué. On vit finalement avec 70% de son salaire, sans compter qu'en tant qu'employée, j'ai des heures fixes, mais mon mari, en tant qu'ouvrier, avait souvent des heures supplémentaires qui, elles, sont tombées par la même occasion. C'est finalement encore moins que les 70%." Chacun gagne 1.600 euros par mois.

Le 6 juin prochain, la famille se retrouvera sans logement car le propriétaire de sa maison a revendu son bien. Mais est-ce possible pour le couple et ses 4 enfants de trouver un logement ? "On s'est retrouvé fort bloqué avec le Covid, car on n'a pas pu visiter comme on le pouvait. Et c'est compliqué parce que la première chose que les gens regardent, ce sont vos revenus. On a beau avoir deux revenus plein temps, et ma fille en a un troisième, le mot "saisie sur salaire" fait que c'est foutu."

"La crise sanitaire a renforcé les inégalités"

Karine Lalieux, ministre de l'Intégration sociale et des pensions (PS), était aussi présente sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche. Elle a affirmé que le gouvernement fédéral préparait un plan contre la pauvreté. "La crise sanitaire a non seulement renforcé les inégalités, mais des personnes qui se pensaient plus à l'abri se sont aussi retrouvées au chômage temporaire avec énormément de difficultés. C'est vrai qu'on a mis une série de mesures temporaires en place, elles sont maintenues jusqu'à la fin du mois de septembre. Mais ce que je dis, c'est qu'il n'y aura pas de reprise économique sans qu'il y ait un fort plan social à côté."

Karine Lalieux confie que sur ce quoi elle veut agir depuis qu'elle a pris ses fonctions, c'est que "les enfants pauvres d'aujourd'hui ne soient pas les adultes pauvres de demain". "Cela veut dire qu'on est beaucoup dans le conjoncturel, on met des rustines sur un réel problème. Il faut voir les choses globalement dans une trajectoire." Selon elle, il faut accompagner les gens "de la naissance jusqu'à la pension".

Martine a en effet très peur que ses enfants aient la même vie difficile qu'elle. "Avec mon mari, on a toujours élevé nos enfants en leur disant qu'on pouvait être heureux avec ce qu'on a (…) Je leur ai toujours dit qu'épargner était important, de partir avec de bonnes bases. Quand j'ai été au CPAS, la première chose qu'ils m'ont dit, c'est: vos enfants aussi ont des revenus. Je leur ai répondu que ce que mes enfants gagnaient étaient pour eux, c'est pour leur avenir."


 

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