Une vingtaine de Belges et d’Allemands résidant en Belgique touchent toujours une pension de l’Allemagne pour leurs "mérites" durant la Seconde Guerre mondiale. Est-il moral qu’ils soient, eux-même et leurs ayant-droits, encore dédommagés pour ces activités répréhensibles ? Le débat est lancé sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche.
Pendant la Guerre 40-45, près de 40.000 Belges ont collaboré et servi l'Allemagne dans la Waffen-SS. Ils ont donc en quelque sorte collaboré pour le service nazi. Ces collaborateurs ou leurs ayants droits touchent donc une pension qui s'élève entre 600 et 1.500 euros. Une question se pose alors: est-il moral que des Belges qui ont collaboré avec l'ennemi en soient aujourd'hui récompensés?
La commission des Affaires étrangères de la Chambre a adopté cette semaine une proposition de résolution demandant au gouvernement belge de requérir la liste des bénéficiaires concernés afin de mettre un terme à l'octroi de ces pensions. L’Ambassade d’Allemagne à Bruxelles possède visiblement cette liste mais se montre réticente à la communiquer. Ils se retranchent derrière des éléments légaux de protection de la vie privée.
Sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche, les avis sont partagés. D'un côté, certains, comme Gwenaëlle Grovonius, Députée fédérale - PS jugent "irrespectueux" ce système de rétribution. "On demande à l'Allemagne de mettre fin à ce système de pensions parce que c'est une injustice criante. Je suis vraiment mal à l'aise d'être ici sur ce plateau avec certaines personnes autour de la table. Peut-être que M. Kuijpers est très fier de ce qu'il a fait, mais moi en tant que démocrate, je considère que ces pensions sont une véritable honte. Ce sont les pensions de la honte. On savait que la N-VA avait des accointances avec certains collaborateurs, mais on découvre qu'au sein même de la N-VA, M. Kuijpers a organisé ce système des pensions de la honte", indique-t-elle.
"Je peux aller à côté de M. Kuijpers, très pacifiquement?"
De l'autre, des personnalités comme Willy Kuijpers, conseiller communal N-VA de Herent, défendent ardemment ces pensions. Durant Willy Kuijpers a joué un rôle important dans leur attribution. Dans les années 70, il était parlementaire de la Volksunie et décident d'aider les nombreux Flamands condamnés pour collaboration pendant la Guerre. "C'était un problème social. Ces gens revenaient de Russie, de prison mais ne recevaient rien en plan social (...) Lorsqu'ils répondaient aux conditions de la République, ils pouvaient dès lors obtenir cette pension", justifie-t-il.
Une argumentation qui ne convainc pas le chroniqueur Alain Raviart. "Je peux aller à côté de M. Kuijpers, très pacifiquement?", demande-t-il à Christophe Deborsu. C'est alors que le chroniqueur présente à Willy Kuijpers un livre dans lequel figurent les photos des combattants belges de la Seconde Guerre mondiale.
"Je vous présente la photo de Tonton Marcel"
"Il (Willy Kuijpers, nldr) a parlé de l’Espagne, et pas de chance pour lui, il y a des résistants dans la famille. En Belgique face au régime nazi et en Espagne. Vous venez de dire deux choses horribles. Vous prenez le problème social comme argument qui pourrait permettre de défendre tout le monde. Vous dites 'J’ai travaillé avec tous les camps du monde'. A un moment, il faut choisir son camp. Je vais vous montrer un livre, vous voyez qu’il a vécu ce livre. C’est un livre que l’on se transmet dans la famille de génération en génération (...) N’y a -t-il pas d’autres causes sociales à défendre que des gens qui ont travaillé de manière douteuse par rapport au régime allemand?", commence Alain Raviart.
Avant d'ajouter: "Je vous présente la photo de Tonton Marcel, fusillé sur la place de la Monnaie en 1943. Il était espion et résistant. Pourquoi n’avez-vous pas défendu tous ces fusillés par le régime allemand? M. Kuijpers, vous savez quoi? Vous répondez, c’est le débat démocratique mais je ne reste pas à côté de vous, je ne vais pas rester là et je quitte ce plateau".
Le chroniqueur préfère finalement quitter le plateau de C'est pas tous les jours dimanche sans même attendre la réponse du principal intéressé. "Ceux qui ont droit à un salaire indirect d’où qu’ils viennent doivent le recevoir. C’est un droit sans plus", réplique Willy Kuijpers.
Vos commentaires