Le coronavirus en Belgique a touché près de 50.000 personnes. L'une des clés pour limiter sa propagation est d'anticiper en prévenant les personnes étant entrées en contact avec un malade porteur du virus. Un système de suivi des contacts sera alors mis en place demain pour tous les malades diagnostiqués positifs, comme il existe pour d'autres maladies. Selon Nathan Clumeck, professeur en maladies infectieuses à l'ULB et au CHU Saint-Pierre, cette mesure est prise trop tard et manque de professionnalisme.
Pour réduire la transmission du virus, il est important de savoir rapidement qui est atteint du Covid-19 et avec qui ces personnes ont eu récemment des contacts. "Grâce au suivi des contacts, nous pouvons ensemble contrer une éventuelle deuxième vague du virus", indique samedi sur Twitter le SPF Santé publique.
Le suivi des contacts consiste à rechercher avec qui les porteurs du Covid-19 ont été en contact. Pour dépister ces personnes, il faut pouvoir les informer rapidement qu'elles ont été en contact avec un porteur du virus. Chacun peut ainsi faire particulièrement attention à son hygiène personnelle et contribuer à ralentir la propagation, expliquent les autorités sanitaires. Cette méthode du suivi des contacts n'est pas neuve, rappellent les autorités. Elle est en effet utilisée à l'échelle mondiale pour limiter la propagation de certaines maladies telles que la rougeole ou la méningite.
570 opérateurs en Wallonie, 235 à Bruxelles
Comment ce dispositif fonctionne-t-il chez nous ? "C'est le même principe que précédemment pour d'autres maladies comme la tuberculose, la rubéole ou la rougeole par exemple, explique la ministre Christie Morealle, mais à plus grande échelle" compte tenu de l'ampleur de l'épidémie de coronavirus.
Des call-centers seront chargés d'appeler les malades testés positifs au coronavirus afin qu'ils fournissent la liste de toutes les personnes croisées. Il s'agit de contacts rapprochés d'au moins 15 minutes dans la période remontant à deux jours avant l'apparition de symptômes. Ce travail de tracing sera effectué par 570 fonctionnaires en Wallonie et 235 à Bruxelles.
Le secret médical et l'anonymat dans tout cela ? Une question qui est beaucoup posée face à ce système. Les personnes ayant été en contact avec une personne diagnostiquée porteuse du virus seront prévenues par le call-center. Mais l'identité de la personne porteuse du virus n'est pas révélée. "On dit simplement 'attention vous avez été potentiellement avec une personne porteuse du virus, soyez prudent regardez vos symptômes et éventuellement mettez-vous à l'écart" explique la ministre Christie Morealle.
Que faire si je reçois cet appel ? "La première recommandation va être celle de l'attention", selon Alain Maron, ministre bruxellois de la Santé. Les personnes sont évidemment appelées à respecter les règles en vigueur comme la distanciation sociale, limiter ces déplacements au strict nécessaire mais également à redoubler de vigilance quant à l'éventuelle apparition de symptôme.
"Dans le processus, la personne pourrait être testée mais ce n'est pas prévu de manière systématique. On va d'abord essayer de tester les personnes qui sont symptômatique", poursuit Alain Maron. Il s'agit là du point noir du dispositif de tracing mis en place en Belgique selon Nathan Clumeck, professeur en maladies infectieuses à l'ULB et au CHU Saint-Pierre.
Pas de tracing sans testing
"L'objectif du tracing est d'assécher le réservoir de personnes porteuses du virus et le plus grand réservoir de virus actuellement, ce sont les patients hospitalisés qui ensuite rentrent chez eux, constate le professeur Nathan Clumeck. Avec la tuberculose, quand on dépiste quelqu'un, on va voir dans sa famille et on la teste". De telles dispositions ne seront pour l'instant pas appliquées dans le cadre du coronavirus.
"C'est probablement prévu, mais on aurait pu s'y prendre avant. On démarre ça la veille du déconfinement alors qu'il était prévu depuis pas mal de temps. On aurait dû anticiper. Concernant les tests, l'OMS le dit en premier : si vous voulez faire du tracing, il faut du testing". L'infectiologue juge "sidérantes" certaines discussions sur les asymptomatiques. Ces derniers ne seront dans un premier temps pas testés, en raison d'un nombre de tests insuffisants de l'aveu du ministre Alain Marron. "Il a fallu convaincre des gens que les asymptomatiques transmettent le virus. C'est une réalité épidémiologique. Il faut changer de braquet et travailler d'une manière un peu plus professionnelle".
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