Le public était plus âgé et plus sérieux que celui qui se presse d'habitude aux défilés de la Semaine de la mode new-yorkaise: le musée Guggenheim a accueilli jeudi soir des mannequins aux accents futuristes, habillés de rebuts de peintures abstraites, pour un défilé à la croisée de la mode et de l'art contemporain.
L'évènement, qui se tenait dans l'auditorium du célèbre musée de l'architecte Frank Lloyd Wright, avait été conçu par le trio avant-gardiste new-yorkais "threeASFOUR" - ils étaient quatre au départ en 1998 mais ne sont plus que trois depuis 2006 - en hommage à la créatrice Kate Spade, qui s'est suicidée l'an dernier.
La collection présentée intitulée "Lightbeings", façonnée à partir de rebuts de toiles abstraites de l'artiste américain Stanley Casselman et de patrons de vieilles collections du trio, n'a pas complètement vocation à servir de vêtements, mais plutôt à être exposée en tant qu'oeuvre d'art: les prix des tenues pourraient varier de 6.000 à 20.000 dollars et certains musées américains ont déjà manifesté leur volonté de les exposer, selon le site spécialisé Women's Wear Daily.
Pantalons, robes, vestes, manteaux, combinaisons, les pièces avaient un côté futuriste déstructuré, découpées pour beaucoup dans ce qui ressemblait à du vinyl couvert de jets de peinture aux couleurs bariolées, le tout porté le visage à moitié masqué.
"Pourquoi faut-il choisir (entre mode et art)?" interrogeaient les créateurs, qui ont travaillé notamment avec l'artiste islandaise Björk, dans une note introductive à leur défilé, sur fond de musique et d'images psychédéliques diffusées sur grand écran.
"Quel est l'avenir de la mode et de l'art et qui sommes nous pour le dire?" ont lancé ces artistes conceptuels, guidés par un principe de "géométrie sacrée", qui n'avaient plus participé à la Fashion Week new-yorkaise depuis début 2017.
Le trio a dédié sa présentation à la mémoire de Kate Spade: la créatrice, qui s'est donnée la mort après des années de lutte contre la dépression, fut pour deux d'entre eux, Adi Gil et Gabriel Asfour, leur premier employeur et leur amie.
"Sa passion pour un sens individuel du style et le sentiment profond de sa propre identité ont laissé des traces profondes sur nous", écrivaient-ils dans leur présentation.
Vos commentaires