Un prêtre d'une petite ville des Côtes-d'Armor a reconnu mardi avoir brisé une statue du Christ dans son église, un geste selon lui involontaire, mais qui lui vaut des protestations de ses paroissiens et une convocation de la part de son évêque.
"Une de moins!", avait lancé l'abbé Jean-Jacques Le Roy, curé de Plestin-les-Grèves, après avoir jeté au sol jeudi dernier une statue du Sacré-Cœur de Jésus, au terme d'une visite dans son église de la commission d'art sacré du diocèse de Saint-Brieuc.
Interrogé par l'AFP, le prêtre, âgé de 55 ans, a reconnu "un geste malheureux qui porte préjudice à du patrimoine". Il a expliqué avoir voulu vérifier si la statue était scellée au mur, mais en la poussant un peu trop fort.
"Ce n'était pas volontaire, ce n'était pas un geste délibéré pour choquer", a dit le père Le Roy, en poste à Plestin (3.600 habitants) depuis trois ans.
"Dans le ministère qui est le nôtre, on est sollicités de toute part. On n'est pas beaucoup de prêtres, il y a une certaine fatigue, de l'énervement, du stress. Ça s'est un peu cristallisé à ce moment-là", a admis l'abbé Le Roy, qui a présenté ses excuses de vive voix et par courriel aux personnes qui avaient assisté à la scène.
Le prêtre a démenti avoir une dent contre la sculpture en plâtre du XIXe siècle (style "sulpicien"), comme on l'en soupçonne à l’évêché de Saint-Brieuc.
"Il n'aimerait pas la statuaire sulpicienne. On aime ou on n'aime pas, mais ce n'est pas une raison pour casser le matériel", a déclaré à l'AFP l'abbé Gérard Nicole, vicaire général du diocèse, précisant que l'évêque Denis Moutel rencontrerait le prêtre iconoclaste cette semaine "afin de l'écouter et de comprendre ce qui s'est passé".
Des paroissiens ont écrit à l'évêque pour s'alarmer du geste de leur curé. "C'est légitime, on comprend que les personnes soient choquées", a déclaré le père Nicole, tout en assurant que le père Le Roy "exerce son ministère de façon très zélée, dans des conditions parfois difficiles, avec beaucoup de travail".
"Je n'exclus pas un moment difficile, de désarroi", a-t-il dit.
Le diocèse est à la recherche de l'inventaire des biens datant de la séparation de l’Église et de l’État en 1905 afin de déterminer à qui appartenait la statue brisée. "Si d'aventure elle appartenait à la commune, nous la dédommagerions... peut-être pas à l'identique", a ajouté le père Nicole.
Le père Le Roy a aussi démenti une information du site d'actualité spirituelle et culturelle bretonne Ar Gedour, selon lequel il aurait déjà détruit une statue en plâtre de la Vierge en 2014 devant des futurs mariés.
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