Comme Bouygues, SFR demandera une compensation à l'Etat si ce dernier décide de barrer la route de la 5G au groupe chinois Huawei, qui équipe la moitié des réseaux 4G des deux opérateurs, a expliqué le directeur général de SFR Grégory Rabuel vendredi sur BFM Business.
"En cours de jeu, si quelqu'un veut changer les règles du jeu, il doit assumer le fait de changer les règles du jeu et nous accompagner dans les conséquences de ce changement", a déclaré le dirigeant sans écarter l'éventualité d'un contentieux: "On prendra les dispositions qui s'imposent."
Le régulateur du secteur, l'Arcep, a donné jeudi le feu vert aux opérateurs pour lancer d'ici la fin de l'année la 5G, nouvelle norme de téléphonie mobile censée révolutionner à terme les usages du quotidien. Mais l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) n'a toujours pas dit si la présence de l'équipementier chinois sur ce marché stratégique représentait une menace pour la sécurité nationale.
Huawei "est le premier équipementier mondial, c'est la meilleure qualité, ce n'est pas du tout le moins cher, donc c'est un équipementier très sérieux", a expliqué Grégory Rabuel alors que le président américain Donald Trump, qui accuse le géant chinois d'espionnage au profit de Pékin, fait pression sur les pays européens pour l'écarter.
Comme son concurrent Bouygues, SFR a bâti son réseau mobile 4G, qui servira d'assise à la 5G, pour moitié avec Huawei. Interdire la 5G Huawei reviendrait à demander aux opérateurs de démonter tous leurs équipements Huawei pour la 2G, la 3G et la 4G, ont estimé les dirigeants de Bouygues mercredi lors d'une audition au Sénat.
"Aux Etats-Unis, Donald Trump a interdit aux opérateurs certains équipementiers chinois et donc il a décidé de les accompagner financièrement", a rappelé M. Rabuel à propos du fonds d'un milliard de dollars de Washington pour aider les petits opérateurs à remplacer leur équipement. "J'espère qu'en France ce sera au minimum la même chose."
Malgré cette incertitude, SFR "est prêt" et "lancera commercialement rapidement la 5G", a assuré son DG qui ne voit "pas de raison" pour que l'entreprise "ne soit pas leader sur la 5G".
Réagissant aux propos des dirigeants de Bouygues selon lesquels la 5G "ne va rien changer avant 2023" pour le client, M. Rabuel a appelé l'Etat à une "clarification" entre "la vraie 5G" et "la fausse 5G, qui pourrait être juste un effet d'affichage et de marketing".
A court terme selon lui, une seule bande de fréquence, celle des 3,5 GHz, "va apporter du débit supplémentaire aux Français tout de suite", tandis que la bande 700 MHz, sur laquelle s'est positionné Free, n'apportera "aucun bénéfice au consommateur".
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