Le Galaxy A9 du géant coréen, qui est toujours la marque la plus populaire en Belgique (devant Apple et Huawei), est-il une démonstration de puissance, une vitrine technologique, ou une réelle innovation qui va bouleverser le monde de la photo sur smartphone ? Poser la question est un peu y répondre…
C'est assez paradoxal: Engadget, un célèbre média spécialisé anglosaxon, vient de décerner au Google Pixel 3 XL le prix du "photophone" de l'année. Ce smartphone, vous l'ignorez sans doute car il n'est pas commercialisé chez nous, n'est équipé que d'un seul capteur photo à l'arrière.
Or, 2018 a été l'année de la course aux capteurs photos placés à l'arrière. Après Huawei et les trois lentilles du P20 Pro et du Mate 20 Pro, Samsung a osé aller encore plus loin en sortant, en cette fin d'année, le Galaxy A9. Cet élégant smartphone que nous avons essayé dans sa version "Lemonade Blue" (dégradé de bleu, vert, jaune) possède en effet 4 capteurs alignés à l'arrière.
Une fiche technique presque parfaite
Vendu 599 euros, un prix élevé sans être celui d'un flagship, le Galaxy A9 se doit d'avoir une solide fiche technique pou convaincre. Et c'est le cas sur pratiquement tous les points: écran 6,3" AMOLED (2220 x 1080 px), 6 GB de RAM, 128 GB de stockage interne, grosse batterie de 3.800 mAh avec charge rapide, deux ports pour carte SIM et une place pour une carte microSD, finition soignée avec dos en verre.
Ce qu'il laisse à ses grands frères, les Galaxy S9 et Note 9: l'étanchéité, la puissance du meilleur processeur maison (le A9 n'est pas équipé d'un Exynos mais d'un Snapdragon 660 plutôt moyen), la charge sans fil, le stylet, et d'autres petits détails.
Les quatre capteurs, plus ou moins utiles…
Le Galaxy A9 peut justifier son prix élevé (on est 60€ au-dessus de l'excellent OnePlus 6T) si la partie photo est rendue exceptionnelle grâce aux 4 capteurs alignés à l'arrière. Mais allons droit au but: c'est avant tout une démonstration de puissance. Je m'explique: face aux marques chinoises qui sortent une dizaine de smartphones par an, dont certains "innovent" en multipliant les capteurs à l'arrière, Samsung (à l'instar d'Apple) a été taxé d'immobilisme, d'attentisme. Avec à la clé, un légère diminution des parts de marché.
Vexé, le géant sud-coréen a sans doute voulu montrer au monde qu'il pouvait lui aussi sortir des 'première mondiale', et c'est ce qu'il a fait avec le Galaxy A9, qui est effectivement le premier avec autant de lentilles à l'arrière. De là à dire que c'est une innovation majeure, il y a un pas à ne pas franchir.
L'idée de Samsung, c'est que chaque capteur doit jouer un rôle particulier. Le premier est la "caméra principale" (24 MP, ouverture F1.7): il va prendre l'écrasante majorité de vos photos car peu de gens chipotent dans les réglages.
Le second est "grand angle" (8 MP, ouverture F2.4), et couvre 120°: donc si vous ne pouvez pas vous éloigner d'une scène (ex: vous êtes à table et souhaitez photographier tout le monde), c'est toujours pratique, mais il y un effet arrondi sur les côtés (qui peut être corrigé par après via la galerie).
Il y a également un objectif dit "télé" (10 MP, F2.4): il permet un zoom optique 2X, ce qui, à nouveau, peut être pratique dans certains cas. La qualité de l'image ne se détériore pas comme c'est le cas avec d'autres smartphones qui zooment dans l'image (on appelle ça un zoom numérique).
Enfin, il y a un capteur dit "de profondeur" (5MP, F2.2). Il est là pour réussir les effets "bokeh": quand vous faites la photo d'une personne ou d'un visage, il permet de détecter la profondeur de champs et donc de flouter l'arrière-plan.
Les sapins permettent de passer de 'normal' (au milieu) à 'grand angle' (à gauche, d'où l'effet un peu arrondi) ou à 'zoom' (à droite)
Conclusion
Voilà pour la théorie. Dans la pratique, après avoir joué une semaine avec l'appareil photo du Galaxy A9, on n'est jamais tombé à la renverse, on n'y voit pas de révolution. Certes, on a remarqué que le grand angle, à activer manuellement, était plutôt sympa. Et que le zoom pouvait être utile, même si 2X, ce n'est pas énorme. Enfin, on a noté que les portraits étaient réussis surtout au niveau du contour du sujet, très bien découpé.
Mais Samsung oublie qu'il est possible, avec un bon traitement logiciel, de permettre à un seul capteur de faire de très belles photos, de réussir de magnifiques portraits. Il y a cependant la fonction "grand angle" et "zoom", sur lesquelles Google, par exemple, doit s'avouer vaincu avec son Pixel 3, couronné cependant en 2018 dans la presse spécialisée. Mais rappelons que la plupart des utilisateurs de smartphone prennent leurs photos en mode automatique, sans toucher à aucun réglage, à aucune option.
Donc, a priori, le Galaxy A9 s'adresse aux personnes exigeantes, qui veulent en faire plus avec leur smartphone au niveau de la photo. Il est cependant très élégant et rapide en toute circonstance. Reste un prix élevé (599€), ce qui nous fait dire que Samsung ne va pas écouler beaucoup de Galaxy A9 en Belgique et dans le monde – et surtout que ce smartphone est davantage une démonstration de puissance, une vitrine commerciale qui rappelle que le Coréen sait aussi bousculer les codes.
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