Des milliers de chauffeurs de taxis ont bloqué mardi des artères de Jakarta au cours d'une manifestation contre Uber et d'autres services de voitures de tourisme en ligne, certains manifestants agressant des concurrents et mettant le feu à des pneus sur la chaussée.
Les manifestants, parmi lesquels des trois-roues motorisés et des conducteurs de bus, ont orné leurs véhicules de pancartes: "Arrêtez les taxis illégaux" et manifesté devant le Parlement ainsi que le ministère des Communications.
Des violences ont éclaté au moment où un convoi de taxis a complètement paralysé la circulation au centre-ville. Des manifestants ont alors sauté sur des taxis refusant de participer au mouvement, tandis que des rixes ont opposé des chauffeurs de taxi à des conducteurs de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) ainsi que des services de taxi en ligne dans plusieurs endroits de la capitale.
Quelques personnes ont été légèrement blessées - visage ensanglanté, contusions - et la police a interpellé une soixantaine de conducteurs de motocyclettes de la start-up Go-Jek, un important concurrent des motos-taxis traditionnels.
De nombreux automobilistes ont été bloqués dans des embouteillages monstres, qui ont affecté également le président indonésien, Joko Widodo, et le vice-président, Jusuf Kalla, arrivés tous deux en retard à des réunions.
Les conducteurs de taxi traditionnels et motos-taxis protestent contre ces nouveaux services proposant des déplacements à des prix inférieurs, accusant les sociétés en question de ne pas payer d'impôts et taxes.
"Je veux qu'on interdise Uber, GrabCar, Go-Jek car ils nous ruinent", a lancé Dudin Suhendri, un chauffeur de taxi de 58 ans, citant plusieurs noms d'applications populaires, à l'image de la société californienne de voitures de VTC Uber.
Cette dernière, objet de conflits avec les autorités de régulation et les compagnies de taxis traditionnels dans d'autres pays tels les Etats-Unis et la France, a connu un fort développement ces dernières années.
La manifestation, qui a rassemblé selon la police environ 6.000 participants, intervient après plusieurs semaines de tensions entre acteurs du transport public traditionnel et opérateurs de transport via des applications en ligne, en plein essor dans la capitale de 10 millions d'habitants, au trafic congestionné.
"Pourquoi est-ce que des milliers de gens qui n'ont pas payé de taxe obtiennent-ils un permis et peuvent-ils circuler alors que nous, nous devons nous soumettre à ces obligations?", a dénoncé Yohannis Rorimpandey, un manifestant travaillant pour Blue Bird, une des plus grandes compagnies de taxis d'Indonésie.
C'était la deuxième action de protestation de conducteurs de taxis en l'espace d'une semaine, mais la première avait été nettement moins importante.
Face à la montée de la pression des taxis traditionnels, le ministère des Transports avait tenté en décembre d'interdire les sociétés dont les services sont basés sur des applications en ligne, avant de faire marche arrière immédiatement à la suite d'une vague de protestations via internet.
Le ministère des Communications et le président indonésien avaient apporté leur soutien aux applications en ligne, qui répondent à un besoin et connaissent un succès grandissant auprès de la population.
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