La cyberattaque jihadiste dont a été victime TV5 Monde a été enclenchée dès fin janvier, par l'envoi de mails aux journalistes de la chaîne internationale francophone, a appris mardi l'AFP de sources proches du dossier.
Dans la nuit du 8 au 9 avril, des pirates se revendiquant de l'organisation de l'Etat islamique (EI) ont pris le contrôle des comptes Facebook et Twitter et du site de TV5, en y affichant des messages de propagande jihadiste, puis bloqué tout son système informatique. La chaîne a dû interrompre sa diffusion plusieurs heures.
Mais l'attaque avait commencé bien plus tôt, avec un mail envoyé fin janvier à l'ensemble des journalistes de la chaîne, selon la technique classique du "phishing", a-t-on expliqué de sources proches du dossier.
Trois d'entre eux y répondent, permettant aux "hackers" de pénétrer dans le système de la chaîne par des logiciels de type "Cheval de Troie".
Trois semaines avant l'attaque, en mars, la deuxième phase de l'offensive est lancée, et un virus contamine plusieurs ordinateurs de TV5 Monde, détaille à l'AFP une des sources.
Puis le 9, l'offensive proprement dite commence, avec l'attaque des serveurs: pendant plusieurs heures: les serveurs sont attaqués, puis les réseaux sociaux.
"Cette attaque est à la fois simple dans son déclenchement", avec la technique du +phishing+ qui a permis "de faire pénétrer le ver dans le fruit", et "très sophistiquée dans son déroulé avec un logiciel compliqué", a expliqué l'autre source proche du dossier. Ce qui a permis son déclenchement, c'est "comme toujours, une faille humaine au début", a-t-elle poursuivi.
Il n'est en l'état des investigations pas permis de déterminer l'origine géographique de l'attaque, ni le nombre de "hackers" ayant permis de l'organiser, selon une autre source proche du dossier. Il sera extrêmement difficile aux enquêteurs de remonter à la source de l'offensive. Mais un connaisseur de la mouvance juge que l'EI dispose des cerveaux capables de la monter.
La DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) et la Défense sont les services disposant des moyens les plus adaptés pour mener ces investigations informatiques et tenter de remonter de serveur en serveur jusqu'à la source de l'attaque, a expliqué une source proche du dossier.
A la suite des attentats de Paris, des dizaines de "cyberattaques" sur des sites français, notamment institutionnels, ont été relevées. Mais il s'agissait d'offensives de moindre envergure et de plus faible niveau technique, notamment des envois massifs de mails pour provoquer des dénis de service.
L'attaque sur TV5 Monde "a été massive" et "a mobilisé des compétences techniques exceptionnelles", a commenté mardi sur Europe 1 le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
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