Après avoir fait durer le suspense pendant plusieurs semaines, le géant russe des nouvelles technologies Yandex a lancé mercredi son premier smartphone, très attendu par les milieux spécialisés et qui doit lui faciliter le passage du monde des services à celui des produits.
Le créateur du moteur de recherche dominant en Russie et dans tout l'espace post-soviétique a dû multiplier les initiatives ces dernières années, notamment via les applications pour mobile, afin de défendre ses parts de marchés attaquées par Google.
A l'image de son concurrent américain, il s'est diversifié avec de nombreuses applications, de la livraison de nourriture à la commande de VTC, marché sur lequel il a réussi à dominer le mastodonte américain Uber.
Le premier smartphone Yandex, présenté à la presse mercredi, sera disponible dès jeudi en Russie, en ligne et dans certaines chaînes de commerce de détail de téléphonie et d'électroménagers.
L'appareil coûtera 17.990 roubles (238 euros au taux actuel), ce qui le rend moins cher que des produits similaires des géants Apple et Samsung, et fonctionnera sous le système d'exploitation Android. Dessiné par Yandex, il est fabriqué en Chine.
L'écosystème de Yandex - ses nombreuses applications de paiement, musique, cartes, taxi - sera pré-installé sur l'appareil, qui fonctionnera avec son assistant vocal Alice ("Alissa" en russe), doté d'une intelligence artificielle.
"A l'intérieur du smartphone, les applications Yandex sont présentées sous forme d'un écosystème avec Alice en son centre. Il n'est pas nécessaire d'ouvrir les applications individuellement pour accomplir une tâche, il suffit de demander à Alice", a déclaré Fiodor Iéjov, un responsable de Yandex qui a procédé à sa présentation.
- Nouvelle étape -
Pour Yandex, le lancement d'un smartphone permet de franchir un pas majeur dans son développement au-delà des logiciels et des applications alors que les géants de l'internet, tels Google ou Facebook, ont lancé ou tenté de lancer leurs propres smartphones, souvent avec un succès mitigé.
Un premier smartphone conçu par une société russe (mais assemblé en Chine), le YotaPhone, avait été lancé en 2013 avec pour particularité d'avoir deux écrans, mais il n'avait rencontré qu'un faible succès.
Cette fois, le smartphone russe sera developpé par un groupe beaucoup plus puissant, coté à New York et reconnu en Russie et dans l'espace post-soviétique pour sa créativité.
"Il ne s'agit pas de concurrencer Apple ou Samsung. Il s'agit de faire un produit de moyenne gamme d'un coût modéré", avait expliqué à l'AFP Tom Morrod, directeur de recherches au cabinet IHS Markit.
"Pour toutes les entreprises qui ne produisent pas du matériel à la base, lancer un téléphone ne sert pas à gagner de l'argent, mais à déployer tout leur environnement numérique sur ces appareils", un téléphone Yandex étant d'emblée assorti de toutes les applications du groupe, a-t-il poursuivi.
"Si un seul utilisateur utilise toutes les applications Yandex, cela permet d'établir un profil extrêmement complet d'un individu: ce qu'il mange, ce qu'il regarde, ce qu'il écoute, comment il se déplace, etc. C'est comme ça que ces groupes gagnent de l'argent", a-t-il ajouté.
Yandex et son principal rival russe Mail.ru - propriétaire du "Facebook russe" VKontakte - se battent actuellement dans l'arène du commerce en ligne, un secteur en plein boom en Russie alors que le pays, sous pression des sanctions occidentales, se tourne de plus en plus vers Pékin pour des projets communs.
Mail.ru a récemment annoncé une alliance avec le géant chinois de l'e-commerce Alibaba, tandis que Yandex s'est associé avec la première banque du pays, Sberbank, pour la création d'une société commune dans le commerce en ligne, valorisée à un milliard de dollars.
Vos commentaires