Une entreprise taïwanaise propose depuis peu une série d'imprimantes 3D à bas prix, les rendant enfin abordables. RTL info a pu tester un modèle basique à 399€, et se faire une idée plus précise de l'utilité de cette étrange machine.
Cela fait quelques années que vous entendez parler des imprimantes 3D, révolutionnant notre capacité à fabriquer des choses nous-mêmes.
Mais personne n'en achète en Belgique (même si les chiffres mondiaux parlent d'une augmentation de 52% entre 2014 et 2015). Quelques grands distributeurs se sont risqués à proposer des modèles destinés au grand public, mais à 1.000 euros minimum, il n'a pas été conquis.
D'où l'idée d'une société taïwanaise, répondant à l'étrange nom 'XYZ Printing', de mettre sur le marché un modèle vraiment accessible. XYZ Printing est une filiale du Kinpo Group, un mastodonte dans le domaine des imprimantes depuis 15 ans.
La Da Vinci Junior est donc une imprimante 3D basique mais fonctionnelle, utilisant des bobines de PLA, un plastique qui a l'avantage d'être d'origine naturelle (et donc biodégradable), mais qui est moins résistant.
Pour lire directement notre conclusion, c'est au bas de l'article.
Comment ça marche ?
Le modèle que nous avons essayé mesure 43 x 42 x 38 cm et pèse 12 kg. Il permet d'imprimer un petit objet en plastique de maximum 15 cm³.
Mais à bien regarder le fonctionnement de cette machine, c'est l'encombrement minimum pour intégrer le mécanisme de base d'une imprimante 3D:
- une bobine de fil en plastique dur de 1,75 mm de diamètre,
- un "extruder" sur deux axes qui fait fondre le fil de plastique,
- un plateau mobile sur un troisième axe recevant les couches successives de plastique et permettant de fabriquer un objet.
Ces trois parties de l'imprimante expliquent d'elles-mêmes son fonctionnement: le fil de plastique est fondu et déposé en fines couches superposées pour fabriquer, après de longues heures d'attente (comptez environ 2h30 pour cette tête de Trooper issu de l'univers Star Wars), l'objet de votre choix.
Pour envoyer des "plans" à l'imprimante, il faut les télécharger préalablement sur un ordinateur, puis les transférer via un câble USB fourni ou une carte SD (fournie également). D'autres modèles (ou de futurs modèles) intègre(ro)nt l'envoi des plans via une application smartphone ou en Wi-Fi.
L'imprimante est équipée d'un petit écran très basique et de grosses touches qui nous font remonter dans le temps: c'est très sommaire et pas très "user friendly", donc pas spécialement intuitif.
40€ la bobine…
La bobine de fil (il en existe 22 couleurs) de 40 mètres (ou 600 gr) coûte 40€. Difficile d'estimer ce que vous pouvez faire avec 40 mètres de fil de 1,75 mm d'épaisseur, cela dépend des objets que vous imprimerez.
Selon nos calculs, 40 mètres de ce fil équivalent à 70 cm³. Et les petites figurines que nous avons manipulées étaient très légères. Donc avec 600 grammes, vous avez de la marge.
Mais a priori, 40€ pour 600 gr de plastique pas très résistant, c'est cher… Cela ressemble au modèle économique des imprimantes papier à bas prix: les marques se rattrapent sur des cartouches d'encre hors de prix.
Des ustensiles de cuisine…
Voila pour la partie technique. Mais à quoi ça sert, une imprimante 3D ?
"C'est avant tout décoratif", reconnait le distributeur belge de la marque. On parle donc plus d'amusement, de hobby, que d'une réelle utilité pour fabriquer une pièce de rechange.
XYZ Printing a rendu accessible sur son site, gratuitement, des "plans" pour fabriquer des objets.
Il y a un classement par catégorie. Celle des "articles ménagers" est la plus fournie. On peut y trouver, par exemple, des petits ustensiles de cuisines: un porte-couvert, un porte-couteau, un porte-essuie.
… aux figurines
L'autre catégorie rassemble les jouets et les objets d'art. On entre dans l'espace des figurines, des petites voitures, des petits animaux, etc. Les gens s'amusent à créer des petits objets amusants et à mettre leurs plans en ligne.
Il y a un certain vide juridique, actuellement, au niveau du copyright. On ne trouvera pas (facilement, du moins) les plans d'une figurine de Tintin et Milou, mais il y a des petites pièces évoquant des Duplo ou des Lego.
En dehors de cette galerie de plans mise en ligne par XYZ Printing, trouver un casque de "Trooper" façon Star Wars n'a rien de compliqué (c'est d'ailleurs cet objet qui nous a été présenté lors de la démo). Une simple recherche Google suffit.
Conclusion
Nous vivons le règne de l'immédiateté et l'impression 3D d'objet en plastique le symbolise à la perfection.
L'imprimante 3D "Da Vinci Junior" de XYZ Printing, vendue 399€ (bobine à 40€ pour 600 gr), est de loin le premier prix dans cette catégorie grandissante d'appareils. A titre de comparaison, le pionnier américain MakerBot vend son plus petite modèle (le Replicator Mini) à 1.599€, et son fil 59€ (pour 900 gr).
Bien entendu, la construction de la "Da Vinci Junior" que nous avons essayée semble plus sommaire que celle de son concurrent américain. Idem pour la solidité de l'imprimante et les logiciels pour transmettre les plans.
Son mécanisme de fonctionnement est assez finalement simple, mais son utilisation dite "facile" demande tout de même quelques petites manipulations délicates. Notamment la mise en place et l'extraction du fil de la bobine dans le petit tube l'amenant à l'extruder (qui le fera fondre et le disposera de telle manière à fabriquer un objet).
Reste une grande question: à qui s'adresse une imprimante 3D ? A ceux qui rêvent de puissance… Celle de pouvoir fabriquer ses propres objets. C'est un sentiment assez grisant que de parcourir la galerie et de se dire: "ah, ça, c'est beau ou utile, je le veux, je télécharge son plan et je l'imprime".
Une belle idée qu'il faut nuancer par plusieurs points essentiels. D'abord, la qualité de l'impression 3D du modèle bas prix que nous avons essayé. Le casque de Trooper qu'on nous a présenté, même après une couche de peinture noire, n'était pas spécialement joli. Il y a du relief, on voit fort les couches de plastique, c'est un peu grossier. "On peut le poncer légèrement", nous a-t-on répondu.
Ensuite, il y a le rapport qualité-prix. Il vaut mieux se limiter à des objets très originaux car il est nettement plus intéressant d'acheter 5 porte-essuies en plastique à 50 centimes au Blokker que de perdre 2h (et quelques dizaines de centimètres de sa bobine) à en imprimer un chez soi. Soyons lucides: les grosses machines industrielles sont nettement plus efficaces et rentables pour fabriquer la plupart des objets de notre quotidien. Donc avant d'imprimer un objet, assurez-vous que vous ne pouvez pas le trouver dans le commerce à moindre prix (et de meilleure qualité). C'est un peu comme si vous achetiez une carcasse de voiture, puis que vous consacriez du temps et de l'argent à la restaurer. Cela vous coutera au final plus cher qu'une voiture neuve, produite à la chaîne…
Enfin, pointons du doigt la fragilité du plastique "PLA" utilisé par cette imprimante (mais également par bien d'autres modèles). Il est d'origine naturelle et biodégradable: il ne supporte donc pas les bains d'eau, l'humidité ou les grosses chaleurs.
Reste que cette imprimante 3D à bas prix (399€) est un bon moyen de faire connaissance avec cette technologie: elle permet de se forger sa propre opinion sur l'utilité discutable d'une telle machine dans les foyers.
Le distributeur belge que nous avons rencontré a déjà convaincu quelques Media Markt, notamment, où on peut trouver l'imprimante et ses consommables (bobines de fil).
Dans peu de temps, un scanner 3D à main complètera la gamme de XYZ Printing. A 199€, il permettra de transformer un objet en plan 3D imprimable… puis de le fabriquer en quelques heures.
Mathieu Tamigniau (@mathieu_tam)
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