Sur un marché aussi concentré et dynamique que celui des smartphones, il est plutôt rare de voir une nouvelle marque s'installer en Belgique. Contrairement à Xiaomi qui a fait un aller-retour, une filiale belge d'Oppo, dirigée par l'ancien patron de Huawei, montre de réelles ambitions dans notre pays. Rencontre et test.
Une nouvelle marque de smartphone qui débarque en Belgique, ça n'arrive pas tous les jours. Aujourd'hui, je vous parle donc d'Oppo, une grande entreprise chinoise née en 2004. Après des lecteurs (MP3, DVD, Blur-ray), elle a conçu des téléphones (GSM), puis des smartphones et des accessoires (casques, montres connectées, routeurs). Son expansion à l'international a commencé en 2009 avec la Thaïlande, mais son arrivée en Europe ne remonte qu'à 2017. Une expansion sur notre continent qui semble un peu anecdotique, car le marché asiatique et ses 4,3 milliards d'habitants lui assure déjà la 5e place mondiale.
Quoi qu'il en soit, la conquête de l'Europe se confirme en 2020, et la déroute de Huawei, due à la guerre commerciale menée par les Etats-Unis (qui le prive des applis et services de Google, voir mon test du P40 Pro), donne des idées à la concurrence. Si Samsung voit sa position de N.1 confortée pour quelques années, d'autres acteurs vont essayer de se faire une place sur le haut-de-gamme. OnePlus et sa série 8 (voir mon test) en est un, Oppo en est un autre.
Pour parvenir à percer sur le petit marché belge, Oppo a confié la mission d'établissement d'une succursale à Dirk Pauwels, l'ancien directeur de Huawei Belgique, qui a eu le succès qu'on lui connait. "On a déjà des bureaux près du Heysel, et on est en phase de recrutement. L'idée est d'avoir une équipe complète sur place, pour les ventes, le support et la validation des produits auprès des opérateurs", m'a-t-il confié.
"Oppo est déjà une très grande entreprise, il y a 40.000 personnes qui travaillent au niveau mondial, et 10.000 rien que pour la recherche et le développement. On a 9 centres de production répartis dans le monde pour assurer un équilibre. En 2019, on a vendu 120 millions de smartphones, ce qui nous assure la 5e place au niveau mondial, et la 3e place en Chine".
C'est quoi la particularité des smartphones Oppo, selon lui ? Comme tous les fabricants, Oppo met en avant "sa capacité d'innovation". Mais l'entreprise basée à Shenzhen, la Silicon Valley chinoise, aurait à cœur "de faire les choses dans l'ordre, correctement, sans se précipiter, au risque que ça soit un peu plus lent, notamment pour la validation de tous nos smartphones auprès des opérateurs".
Que vaut le fleuron 5G d'Oppo, le Find X2 Pro ?
J'ai essayé le flagship de la marque, "car Oppo compte bien jouer un rôle sur le segment premium", et ne pas se contenter d'envahir l'Europe avec sa gamme de petits prix (elle démarre à 199€). Sachez tout de même qu'en Belgique, "il devrait y avoir 6 références vers la fin juin, puis une dizaine plus tard dans l'année".
Le Find X2 Pro (1.199€) a la particularité d'être le premier smartphone certifié par Proximus lors du lancement (chaotique) de la 5G en Belgique (voir mon article: la 5G en Belgique, où en est-on?). Il s'agit d'un appareil totalement orienté haut de gamme, avec tout ce qu'on peut en attendre:
Des performances de premier ordre grâce au plus puissant des processeurs du moment (Snapdragon 865) qui intègre un modem 5G dernier cri. La RAM est poussée à son quasi-maximum (12 GB), tout comme le stockage interne (512 GB). Quant à la 5G intégrée, je l'ai essayée où j'ai trouvé du réseau (il n'y a que quelques antennes en Wallonie) et je n'ai pas atteint des vitesses folles :
Un écran fabuleux de 6,7" qui est de type AMOLED "10bit" (plus de couleurs), avec un taux de rafraichissement élevé de 120 Hz, une très haute définition (3.168 x 1.440 pixels), une sensibilité tactile accrue (240 Hz). Sur le papier, ça ressemble à du marketing, mais une fois qu'on goute à une telle définition et à une telle fluidité d'écran, c'est difficile de faire marche arrière, croyez-moi.
Un ensemble d'optiques à l'arrière très convaincant, et très polyvalent. Le zoom périscopique est maîtrisé (13 MP, 5x) et fonctionne sans trop de perte de qualité jusque 20x environ ; le capteur principal de 48 MP est le dernier-né de chez Sony et il est bien équilibré (j'ai réussi toutes mes photos en mode automatique, même dans la pénombre) ; il y a un autre capteur de 48 MP (le Sony IMX586 de 2019) pour le très grand angle, qui n'est donc pas un gadget car les photos sont de très bonne facture.
La charge très, très rapide. 65 Watts, c'est le plus gros chargeur (et le câble le plus épais) que j'ai pu utiliser pour un smartphone depuis que je fais ce métier, donc à peu près 13 ans. Résultat: le 0 à 100% de batterie est bouclé en seulement 38 minutes. Et en 10 minutes, vous retrouvez 45% d'autonomie. Pour le commun des mortels, le faire charger durant la douche et le petit-déjeuner, tous les matins est donc suffisant pour tenir jusqu'au lendemain, car la batterie est plutôt généreuse: 4.260 mAh.
Le logiciel a fait des progrès. C'est la première fois que je teste ColorOS, la surcouche appliquée par Oppo à Android, mais j'ai lu qu'elle n'avait pas toujours été au top. La version 7.1 a tout ce qu'il faut pour plaire à la majorité des utilisateurs: de la personnalisation dans l'affichage, quelques applications maisons peu encombrantes pour ceux qui aiment, une sobriété et un look agréable (dont un mode sombre complet qui passe bien).
La seule chose que je regrette, c'est le design. Mon modèle de test était noir brillant, aspirant la poussière et les traces de doigts, comme la majorité des smartphones (il existe cependant une version avec du cuir à l'arrière…). A part ses dimensions imposantes, le Find X2 Pro que j'ai essayé ressemble à n'importe quel smartphone, si ce n'est un bloc d'optiques qu'on le devine aisément haut de gamme. Certains regretteront également l'absence de charge sans fil. Ce n'est pas un souci pour moi car je ne suis pas fan de ce système, mais pour un smartphone vendu à prix d'or, c'est un défaut qui ne passera pas.
Conclusions
Pour le consommateur, l'arrivée d'une nouvelle marque dans un pays est toujours une bonne nouvelle. La concurrence a toujours tendance à faire baisser les prix, à augmenter les promotions et les remises (sous forme d'ODR par exemple). Contrairement à Xiaomi qui se fait très discret depuis son "arrivée" il y a deux ans, Oppo aura des bureaux et une équipe en Belgique, preuve d'une ambition réelle sur notre petit marché.
Si la marque compte lancer une large gamme de smartphone, elle vise aussi le segment haut de gamme, plus rentable, et où les déboires de Huawei laisse pas mal de place pour aller titiller les parts de marché de Samsung.
L'Oppo Find X2 Pro est une belle vitrine du savoir-faire du fabricant chinois, qui n'a rien à envier à la concurrence. Mature, Oppo va cependant devoir travailler son image de marque pour se faire une place au soleil en Belgique. Son patron local, qui a déjà noué de bons contacts avec les opérateurs, est en train de lancer la marque. Et vu les circonstances inédites liées à la crise du coronavirus, il faudra attendre quelques semaines avant de voir des Oppo chez tous les revendeurs.
Vos commentaires