Le chinois Oppo continue son opération séduction en Belgique, où il est arrivé plus tôt cette année. Sa série Reno4 présentée il y a peu joue dans le milieu de gamme, mais dans le très bon. J'ai essayé la version Pro et elle a des particularités assez inédites...
Construire une réputation sur un marché aussi concurrencé que celui du smartphone est un sacré challenge. Huawei, par exemple, a mis environ 6 ans à rattrapper son retard sur Samsung en Europe, avant d’être victime de la guerre commerciale menée par l’administration Trump envers la Chine (voir les détails).
Cette situation inédite pousse de nouveaux acteurs, un peu vautours sur ce coup-là, à développer plus rapidement que prévu leur présence dans nos régions. Xiaomi a fait parler de lui en Belgique avec le Mi 10T Pro (voir mon test) il y a quelques jours. Place à Oppo, autre entreprise chinoise, un peu plus ambitieuse car elle a des bureaux et une équipe en Belgique depuis quelques mois.
Trois Reno4 (ou plutôt 2,5)
La plupart des constructeurs l’ont compris: le segment milieu de gamme, qui oscille plus ou moins entre 500 et 800 euros actuellement, est une valeur sûre. Les marges sont devenues conséquentes car pour un prix raisonnable, on parvient à insérer des composants d’excellente qualité dans un smartphone.
Oppo a donc lancé cet automne la série Reno4, qui comprend la version Pro que j’ai pu essayer (799€), une version standard (599€) qui lui ressemble assez bien, et une version Z très allégée (399€) qui n’a rien à voir, mais qui permet à Oppo de lancer un modèle en plus avec une seule campagne de marketing.
Ils ont un point commun, cependant: être tous dotés d’un modem 5G, dont on sait que le déploiement officiel a débuté en Belgique il y a quelques jours.
Reno4 Pro: une finesse oubliée, une couleur géniale
Le Reno4 Pro est forcément le plus attrayant de la gamme, avec son design très réussi. Deux choses m’ont plus dès le déballage du smartphone, la première étant la plus visible: une couleur dans les tons bleus très agréable à l’oeil. Bien entendu, Oppo a aussi prévu un noir brillant car ça reste la couleur la plus répandue, mais il y a également un vert assez original. Si j’adore ce bleu, c’est surtout parce que le matériel est texturé. Ce n’est pas un verre lisse qui aspire les poussières et les traces de doigt, c'est tout l’inverse. Le toucher est très agréable, comme si le verre avait été poli au diamant. Après une semaine d’utilisation, je n’ai aucune trace de doigt, aucune griffe, aucune poussière. Ce n’est pas la première fois qu’un tel dos ‘mat’ se retrouve sur un smartphone, mais la proposition d’Oppo est particulièrement réussie.
Autre élément de design réussi: l’épaisseur. Ces dernières années, les smartphones haut-de-gamme ont connu une courbe étonnante. Il y a eu une course à la finesse, mais elle a été mise à mal par la course aux performances, obligeant les ténors à épaissir les appareils pour y loger des batteries suffisamment puissantes, qui alimentent des puces rapides, et tout ça a besoin d’espace pour ne pas trop chauffer (exemple: le Mi 10T Pro dont je viens de parler affiche pratiquement 1 cm d’épaisseur). Par je ne sais quel tour de passe-passe, Oppo est parvenu à casser cette tendance avec le Reno4 Pro, dont l’épaisseur n’est que de 7,6 mm (le poids culmine à 172 grammes, ce qui est également plus léger que la moyenne. Poids plus et taille de guêpe contribuent forcément à une prise en main agréable: il est donc possible d’avoir un très bon smartphone qui n’est pas encombrant. Notez que la finesse et la légèreté de la prise en main légère sont accentuées par les courbures de l’écran, sur les côtés, qui ajoute également une touche d’élégance.
Quatre petites concessions...
Au niveau de la fiche technique le Reno4 Pro n’est en retrait par rapport aux flagships de la concurrence (frôlant ou dépassant les 1.000€) que sur trois points. Le premier, c’est la puce intégrée. Le Snapdragon 765G est un très bon compromis entre performances, prix et consommation, mais il est un peu moins puissant que le 865. Peu de gens s’en rendront compte, moi je ne le remarque pas. Seuls les joueurs les plus exigeants pourraient devoir se priver de quelques images par seconde dans les réglages. Donc en soin, ce n’est vraiment pas un handicap: la puce choisie par Oppo, épaulée par 12 GB de RAM et 256 GB de stockage interne, assure une interface rapide comme l’éclair en toute circonstance.
Les trois autres concessions, inévitables pour faire baisser le prix, ne sont pas tellement plus gênantes. L’absence de certification d’étanchéité vous empêchera de jouer avec dans le bain ou de le laver à grandes eaux, ce n’est pas un vrai problème. Quant à la charge sans fil, il faudra s’en passer, mais à nouveau, seuls les habitués pourraient la regretter. L’absence de Wi-Fi 6 (voir les changements apportés par cette nouvelle norme) est un peu dommage en cette fin d’année 2020, mais c’est un détail.
… mais une foule de bonnes nouvelles
Les autres se réjouiront d’une charge très, très rapide. Effectivement, Oppo est pionnier à ce niveau: sa technologie Super VOOC a fait ses preuves et atteint des sommets: 65W. En réalité, et cette technologie est partagée avec OnePlus pour la première fois sur le 8T (les deux entreprises appartiennent à la même maison-mère, BBK Electronics), il y a deux batteries de 2.000 mAh avec une forme plus allongée, qui sont chargées en même temps à environ 30W. Résultat: ça ne prend pas feu, ce qui serait sans doute le cas si 65W chargeaient une grosse batterie de 4.000 mAh dans un si petit chassis. Et les résultats sont ahurissants: un matin, j’ai mis mon Reno4 Pro à charger avant de me servir et de boire rapidement une tasse de thé. Il n’avait plus que 17%. 13 minutes plus tard, il était à 82% d’autonomie, largement de quoi tenir une grosse journée. Selon Oppo, la charge complète ne demande que 36 minutes (les 20 derniers pourcents se chargent toujours plus lentement).
Autre qualité indéniable du Reno4 Pro: l’écran. Courbé, il a une diagonale de 6,5”, est de type AMOLED (noirs profonds, couleurs vives) et affiche 2400 x 1080 pixels. Mais surtout, il est équipé d’un taux de rafraîchissement élevé de 90 Hz, ce qui devient la norme et assure une fluidité de l’interface très reposante pour les yeux (il n’y a pas la moindre saccade dans le défilement) et très agréable.
La partie photo/vidéo a été soignée. Dans sa communication, Oppo dit que le Reno4 Pro est un “video phone 5G”, partant du principe qu’avec l’arrivée des nouveaux réseaux mobiles, la vidéo va devenir notre manière de communiquer à tous moments. Il est vrai que les jeunes ont tendance à (se) filmer de plus en plus, notamment pour faire des clips amusants et les poster sur TikTok. Et sur tous les réseaux sociaux, la vidéo prend de plus en plus de place: Instagram (les story, notamment) et Facebook en débordent. Donc il est logique que les fabricants insistent sur ce point. Dans les faits, ça se traduit surtout par de nouveaux logiciels de traitement d’image, durant et après l’enregistrement. Stabilisation améliorée, meilleure gestion des faibles conditions lumineuses et des différences de contraste: je vous passe les noms alambiqués et les détails techniques, mais j’avoue que le Reno4 Pro fait d’excellentes vidéos en toutes circonstances. Il y a trois capteurs: 48 MP pour le principal, 12 MP pour le grand angle et 13 MP pour le zoom 2x sans perte de qualité. Ces trois capteurs profitent d’un système de mise au point laser plutôt balaise: c’est rapide et réactif. Dans l’ensemble, les photos sont vraiment bonnes. Evitez cependant le zoom logiciel 5x qui est décevant, et ne vous rapprochez pas trop d’un objet: il n’y a pas de capteur macro qui permet de se rapprocher à 2 ou 3 centimètre, c’est un choix discutable.
Un petit mot sur ColorOS, c’est le nom de la surcouche logicielle appliquée par Oppo sur Android 10. Dommage d’ailleurs de n’avoir pas réussi à utiliser Android 11, sorti depuis quelques semaines, et qui équipe le OnePlus 8T. C’est un détail, cependant, car ColorOS 7.2 est très abouti. Je ne lui trouve aucun défaut: c’est réactif et les menus/notifications sont bien pensés. On peut naviguer avec gestes plutôt qu’avec les trois boutons Android, et les quelques applications maisons installées (médiathèque, mode jeu vidéo, météo et même Oppo Relax qui va essayer de vous calmer avec des sons et des exercices de respiration) sont de petits ajouts qui ont le mérite d’exister. Pour le déverrouillage, on peut utiliser la reconnaissance faciale et/ou le capteur d’empreinte sous l’écran: dans les deux cas, c’est rapide et efficace.
Conclusions
Difficile de mettre en défaut le Reno4 Pro d’Oppo, un smartphone situé dans le haut du milieu de gamme et vendu 799€. Un prix élevé dans l’absolu, mais si on le compare aux smartphones haut de gamme qui dépassent désormais souvent les 1.000 euros au lancement, ça reste raisonnable. D’autant plus qu’en Belgique, si vous achetez le Reno4 Pro avant le 31 octobre, vous recevez la nouvelle Oppo Watch sous wearOS (Android), un bel objet qui vaut 249€ tout de même…
Le Reno 4 Pro a deux grandes qualités à mes yeux, qui le démarquent de la concurrence: sans doute le meilleur design de l’année (finesse et dos texturé mat) et une charge ultrarapide 65W (en 10 grosses minutes, vous passez de 20 à 80% de batterie). Pour le reste, presque tout est au niveau des smartphones premium du moment: qualité des photos/vidéos, écran, haut-parleurs stéréo, 5G, etc.
Les concessions sont maigres: un processeur qui n’est pas le plus puissant du moment, pas d’étanchéité, pas de charge sans fil, pas de Wi-Fi 6. Des caractéristiques qu’on retrouve par exemple sur le Galaxy S20 de Samsung sorti au début de l’année, une référence dont le prix est passé de 899€ à 759€ (prix constaté pour le modèle bleu chez Vanden Borre au moment d’écrire cet article). La concurrence est donc rude car Samsung est une référence en Belgique depuis des années...
De manière globale, la proposition d’Oppo est cependant excellente: la marque chinoise qui est présente pour la première année en Belgique a son produit phare qui pourrait l’aider à atteindre de bonnes parts de marché. Elle va s'en donner les moyens, ai-je appris, avec un marketing et des partenariats locaux.
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