Quantum Dot d'un côté, OLED de l'autre: les deux géants des écrans ne voient pas les choses de la même manière. Quoi de mieux que l'IFA, le plus grand salon des nouvelles technologies, pour comparer et départager ?
Il y a des centaines de télévisions dans les innombrables stands ou halls de l'IFA, le plus grand salon mondial des nouvelles technologies, qui se tient chaque année à Berlin.
Certaines marques chinoises totalement inconnues au bataillon investissent pour préparer, on l'imagine, une arrivée imminente en Europe (sinon, pourquoi payeraient-elles une petite fortune pour s'offrir un grand stand ?).
Mais les vrais acteurs du marché restent LG et Samsung, qui fabriquent eux-mêmes les écrans (et les vendent d'ailleurs à d'autres marques, comme Sony, Panasonic, etc).
Nous avons donc été voir les dernières avancées des deux maîtres de l'image sud-coréens, qui marchent à contre sens. LG continue de croire dur comme fer à l'OLED (Organic LED), qu'il développe depuis plusieurs années, Samsung ne veut pas en entendre parler et améliore toujours un peu plus le LED.
Le slogan: "One dot, a billion colors" (un point, un milliard de couleurs)
Samsung et son Quantum Dot
Premier constat: la course au prototype de la plus grande et la plus courbée des télévisions est enfin terminée. Et c'est tant mieux, ce n'était que de la frime…
Samsung a dévoilé ce qu'il considère, à en croire sa conférence de presse, comme "la nouvelle révolution" en terme de qualité d'image. Et ce, grâce à la technologie dite Quantum Dot. "C'est une technologie à base de nano-cristaux, dont le principal intérêt est d'améliorer la palette de couleurs", nous a confié Koen Dekoning, responsable de la communication pour Samsung Belgique.
Le géant coréen, toujours largement N.1 en Belgique au niveau des téléviseurs, ne veut donc pas entendre parler de la technologie OLED, qu'il réserve à ses appareils de plus petite taille, les smartphones et les tablettes (notons au passage que ces derniers proposent en effet ce qui se fait de mieux sur le marché en terme d'écran).
Samsung a présenté lors de sa conférence de presse à l'IFA, jeudi dernier, une télévision de 88 pouces équipée de cette technologie, qui permet en effet d'atteindre des plus grandes diagonales que l'OLED de LG, qui "plafonne" à 77 pouces. Mais on parle tout de même de près de deux mètres de diagonale, ce qui ne concerne pas grand monde… Il y aura au total 19 modèles allant de 43 à 88 pouces.
A l'œil, le Quantum Dot offre en effet une bien belle image. En réalité, cette technologie affiche plus de couleurs (1 milliard), augmente la luminosité, diminue la consommation et empêche le 'burn-in', le fait que des pixels restent figés sur un logo, par exemple, lorsqu'on zappe. Il y a même une garantie de 10 ans sur ce dernier point. C'est une attaque à peine déguisée envers l'OLED de LG, qu'on accuse d'avoir une durée de vie plus limitée, ce qui n'est pas le cas du "Inorganic LED" de Samsung… La guerre entre les deux marques est constante, et illustrée sur le stand à plusieurs reprises:
Organic (OLED) vs. InOrganic (LED): la guerre est déclarée par Samsung
LG tente de démocratiser l'OLED
Pour ceux qui n'avaient pas encore compris ces dernières années que LG aimait l'OLED, l'autre coréen a prévu un tunnel composé de 216 panneaux flexibles d'OLED, pour rentrer dans son stand de l'IFA, affichant environ 500 millions de pixels… Impressionnant.
LG a présenté deux magnifiques nouveaux téléviseurs OLED de la gamme Signature, de 77 pouces (20.000€) et 65 pouces (8.000€). La "feuille d'OLED", flexible (on vous en a déjà parlé), est posée sur une dalle de verre. L'épaisseur de la télévision atteint dès lors les 5,4 mm, et elle n'a pas besoin de beaucoup d'électronique, qui se cache d'ailleurs en grand partie dans le pied.
Visuellement, le résultat est éblouissant. L'OLED, quoi qu'en dise Samsung, offre une qualité d'image inégalable, notamment grâce à des noirs qui ne sont pas "éclairés", et donc d'une profondeur impossible à atteindre avec du LED. Il suffit de regarder l'un puis l'autre pour se rendre compte du gouffre qui sépare la technologie OLED du reste du monde de la télévision.
Le nouveau fleuron de LG: 77", 20.000€ !
Mais il n'y a pas vraiment de grandes nouveautés techniques cette année. LG se contente de créer des TV de plus en plus en grandes, mais surtout "va investir 1,8 milliard de dollars dans une nouvelle ligne de production d'écran OLED en 2017", nous a expliqué Jeroen Peeters, responsable marketing pour la Belgique.
LG concentre donc ses efforts sur la démocratisation de la technologie. "Les prix ont déjà fortement baissé. On peut aujourd'hui acheter un modèle 55 pouces OLED en Full HD à 1.800€". C'est mieux qu'au début, en effet, mais ça reste très élevé…
Tout l'enjeu est là. "Actuellement, nous vendons 30% de téléviseurs OLED, et on pense passer à 40% l'an prochain, et ainsi de suite".
En passant sous la barre des 1.000€, LG pourrait conquérir le marché de manière fulgurante, car une fois qu'on goute à l'OLED, on a du mal à s'en passer.
Quant à la petite pique de Samsung quant à la durée de vie limitée de l'OLED, LG la balaye du revers de la main. "On promet désormais 100.000 heures de fonctionnement, soit environ 30 ans".
Conclusion
De notre point de vue (et de celui de nombreux spécialistes de l'image), l'OLED de LG offre une qualité d'image impossible à atteindre avec du LED, quels que soient les efforts consentis par Samsung.
Cela se ressent au niveau de la profondeur des noirs, surtout, mais également de la richesse des couleurs. Le tout présente un équilibre parfait, qui affiche l'image parfaite.
Hélas, cette technologie de LG reste nettement plus chère que celle de Samsung. A diagonale égale, on doit frôler le simple au double… Pas étonnant que Samsung reste celui qui vend le plus de TV dans le monde (et en Belgique).
Si LG parvient à faire baisser le prix de l'OLED, la donne pourrait changer. Et en investissant dans une nouvelle ligne de production l'an prochain, cela pourrait être le cas…
Le tunnel d'OLED de LG, à l'entrée de son hall...
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