Sigfox va déployer en Belgique, avec quelques investisseurs bien connus, un réseau cellulaire parallèle dédié à certains (futurs) objets connectés. Vu qu'ils n'ont pas besoin d'envoyer une grande quantité d'information, les antennes peuvent être nettement plus éloignées.
Les objets connectés se multiplient. De la brosse à dent à la voiture, en passant par le thermostat ou la serrure: les puces, de plus en plus petites mais de plus en plus performantes, peuvent transformer nos objets du quotidien en les connectant au réseau.
Alors qu'environ 3,9 milliards d'objets connectés étaient utilisés dans le monde en 2014, ce chiffre devrait passer à 25 milliards d'ici 2020, selon le cabinet d'études Gartner.
L'intérêt de connecter des objets est double: ils peuvent communiquer avec d'autres objets, et être contrôlés à distance, souvent par un smartphone.
Une connexion indépendante de votre Wi-Fi
Si la plupart de ces objets domestiques se connectent à internet via votre routeur (et votre réseau Wi-Fi à la maison), d'autres pourraient avoir besoin d'une connexion indépendante. Le même genre de connexion (3G/4G) qui permet à votre smartphone de se connecter à internet quand vous n'êtes pas chez vous.
Quelques exemples: un compteur d'eau qui envoie tout seul les relevés, des bornes d'incendie qui signalent quand elles ne sont pas opérationnelles, des voitures volées qui communiquent leur géolocalisation, etc, etc…
En cas de panne de votre Wi-Fi ou de votre connexion ADSL, il serait également très pratique que ces petits objets puissent restés connectés, et donc contrôlés à distance au besoin.
Engie est déjà dessus
Bref, les intérêts d'un réseau (avec quelques antennes 'relais', comme celles des réseaux Proximus, Mobistar et Base) dédié à ces petits objets ne manquent pas.
En réalité, il y en a déjà un qui est sur le point d'être déployé chez nous. Il été présenté ce mardi. Engie (ex-GDF Suez) a en effet annoncé le premier réseau cellulaire dédié aux objets connectés en Belgique. Le groupe a créé à cet effet une nouvelle société: Engie M2M.
Elle est chargée de déployer, exploiter et commercialiser le réseau conçu par la start-up Sigfox pour connecter à internet ces objets qui, finalement, ne nécessitent pas de haut débit (quelques signaux permettant d'envoyer un relevé ou une instruction, ça ne "pèse" rien).
Sigfox entend jouer un rôle de premier plan dans cette transition, qu'Engie a aussi intégrée dans sa stratégie d'innovation.
Un réseau moins coûteux
"L'idée du réseau Sigfox, c'est de connecter à internet autre chose que des téléphones portables", explique Thomas Nicholls, directeur de la communication de Sigfox.
"Mais connecter un objet à un réseau haut débit a un prix élevé. Si on veut augmenter le nombre d'objets connectés, il faut que cela ne coûte pas cher et consomme peu d'énergie."
Sigfox est le premier réseau mondial exclusivement dédié aux communications à 'bas débit'. Il est conçu pour traiter des messages courts de maximum 12 octets (donc pas de la voix, et encore moins des vidéos).
Une portée de 100 km par antenne !
L'infrastructure est totalement indépendante des autres réseaux de télécommunication tels que la 3G ou la 4G. Elle utilise des bandes de fréquence radio qui ne nécessitent pas de licence et une seule antenne suffit pour une portée de 100 km.
Trois ans après son lancement, Sigfox couvre déjà plus de 2 millions de km2, principalement en Europe et aux Etats-Unis, d'après Thomas Nicholls. En février, la start-up toulousaine a réussi à lever pas moins de 100 millions d'euros. Engie, Air Liquide, Telefonica ou encore Samsung font partie de son capital.
Couverture complète en 2017
Pour accélérer son développement, Sigfox octroie des licences d'opération de réseau exclusives à des tiers. En Belgique, Engie M2M ambitionne de disposer d'une couverture complète d'ici la fin de l'année 2016. Le réseau est déjà opérationnel à Anvers et dans trois zones pilotes. "D'ici deux ans, les clients seront en mesure de profiter de services de communication Machine-To-Machine (M2M) évolutifs et à faible coût", annonce la nouvelle société.
"Engie M2M, qui représente un investissement de 4 millions d'euros, souligne l'engagement du groupe Engie en Belgique, un marché historique", a commenté dans un communiqué Gérard Mestrallet, le président-directeur général d'Engie.
Electrabel, filiale d'Engie, a déjà manifesté son intérêt pour la technologie. L'entreprise belge souhaite notamment développer son offre de produits permettant de gérer à distance sa consommation d'énergie.
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