Face aux mauvaises expériences quotidiennes des enfants sur le web, RTL info a rassemblé plusieurs explications et conseils essentiels pour que les parents puissent prévenir, surveiller et aider leurs enfants.
C'est inévitable à notre époque: une partie grandissante de la population doit être connectée une grande partie de la journée, que ce soit pour travailler, se divertir, regarder la télévision ou communiquer.
Mais hélas, il y a des dérives. Cette activité sociale débordante rend certains jeunes accros à cette connexion permanente, les yeux rivés en permanence sur leur smartphone ou leur tablette.
S'il a été prouvé que ça n'était pas spécialement bon pour leur santé (yeux, poignets, dos), il y a des conséquences plus vicieuses: tous les jours, de nombreux enfants, même en Belgique, sont confrontés à une nouvelle forme de harcèlement moral: celui issu des réseaux sociaux.
Quelque 27% des élèves du secondaire ont déjà été insultés sur internet, et un quart d'entre eux (25%) ont affirmé avoir déjà proféré des insultes sur les réseaux sociaux, a révélé dernièrement un sondage Ipsos mené en 2015 sur 2.500 élèves en Fédération Wallonie-Bruxelles. Une campagne contre le cyber-harcèlement baptisée "Le téléphone de Louise" a été lancée, en référence au suicide d'une adolescente namuroise de 16 ans en 2014.
Facebook et certains sites communautaires sont une sorte de cour de récréation virtuelle plus brutale, plus méchante et plus violente où certains jeunes sont victimes de moqueries ou même d'humiliation, par exemple suite à la publication d'insultes, de photos ou de vidéos compromettantes.
D'où l'importance, pour les parents, de s'impliquer dans l'activité digitale de leurs enfants. C'est essentiel avant de contrôler leur activité.
Le site de Childfocus consacré à la sécurité en ligne
S'intéresser, comprendre, en parler
La tâche première des parents est donc de s'intéresser à l'activité digitale des enfants : qui fait quoi, quand, comment ? Par activité digitale, on entend tout ce que font les jeunes sur un ordinateur, une tablette ou un smartphone.
Pour en parler avec eux sans avoir l'air ridicule, il faut comprendre de quoi il s'agit. C'est primordial pour ensuite les éduquer aux bons usages de ces nouveaux moyens de communication et de sociabilisation.
"C'est essentiel, c'est la base, nous ne le répèterons jamais assez", nous a expliqué Jean-Benoit Van Bunnen, responsable Windows au sein de Microsoft. Le géant américain du logiciel, qui s'estime "responsable en tant qu'acteur digital" de premier plan, est impliqué en Belgique dans des campagnes annuelles de sensibilisation au sein des écoles, aux côté de Proximus et Child Focus.
Une excellente plate-forme de prévention et d'information est d'ailleurs celle de Child Focus, baptisée Click safe. On y trouve des informations claires et des conseils concrets à destination des enfants comme des parents.
Mais n'existe-t-il pas des moyens plus concrets pour contrôler l'activité de vos enfants sur les supports informatiques ? C’est ce que nous avons essayé de savoir dans notre dossier.
Plusieurs niveaux de contrôle
Sachez tout d’abord que le fait de protéger ou de contrôler l’activité digitale de ses enfants est quelque chose de relativement neuf. Jusqu’à il y a une petite dizaine d’années, rares étaient les enfants qui approchaient un ordinateur, appareil réservé aux adultes, ou aux adolescents qui jouaient, travaillaient ou allaient sur des forums.
Mais les temps ont changé et l’apparition des tablettes, ainsi que l’explosion des réseaux sociaux et des services de messagerie instantanée, ont rebattu les cartes. L'activité digitale des enfants a décuplé.
Hélas, comme la plupart des services ‘nouveaux’, il n’y a pas encore de règles établies et chacun y va de sa proposition, de son application, de sa nouvelle ‘condition générale’.
Il existe en réalité plusieurs niveaux de contrôle pour les parents soucieux de surveiller l’activité digitale des enfants: le système d'exploitation (Windows, Android, iOS), le site web concerné (les paramètres de Facebook), le recours à un navigateur filtrant spécialisé ou encore le logiciel de sécurité spécial enfant.
Le contrôle parental de Windows, la base
L’une des premières choses que les parents sont tentés de faire, c’est de contrôler la durée et le type d’activité des enfants. C'est qu'on appelle le Contrôle parental de Windows. "Il existe depuis longtemps, sur Windows 7, 8 et 10. Mais les fonctionnalités les plus avancées sont sur Windows 10", nous a expliqué Jean-Benoit Van Bunnen.
Typiquement, sur l'ordinateur familial, les enfants auront chacun un compte, et des limites pourront être appliquées à chaque compte.
Par exemple, vous pouvez définir les heures auxquelles chacun de vos enfants peuvent utiliser l’ordinateur, les jeux auxquels ils peuvent jouer et les programmes qu’ils peuvent exécuter.
"Il est également possible de définir des plages horaires de connexion à internet, pour chaque enfant. Il pourra donc utiliser l'ordinateur comme d'habitude, mais n'aura pas accès au réseau".
Pour les plus jeunes, il est possible de "white-lister (le contraire de black-lister) les sites web et les applications accessibles", le reste étant inaccessible.
C'est relativement simple à gérer, et il est possible de voir, de "monitorer", qui a fait quoi, et quand. "Le but n'est pas de surveiller la moindre activité des enfants, mais de mettre à disposition des parents des outils: rien n'est activé par défaut, d'ailleurs".
Les enfants peuvent également demander aux parents de débloquer un site ou une application, ceux-ci reçoivent alors un email pour les avertir de la requête.
Des limites d'accès à l'ordinateur, au web ou aux applications… c'est un moyen un peu drastique, efficace pour la durée de l'usage des outils informatiques, mais pour la qualité de cet usage (ce que font vos enfants…)
Witigo, une solution de contrôle du web complète… selon les plateformes
Mais ça se complique un peu dès qu'il s'agit de contrôler ce que fait votre enfant sur internet. Bloquer totalement l'accès à internet est devenu pratiquement impossible car contreproductif : il y a certainement des dangers mais on y fait aussi des milliers de choses.
Des recherches pour des travaux scolaires ou pour des voyages, du shopping en ligne, de la messagerie instantanée, des emails, des démarches administratives et bancaires, etc.
ll existe tout de même des filtres, et là aussi, il y a de nombreuses possibilités.
Certains acteurs tiers comme le français Witigo se sont spécialisés dans le domaine du contrôle parental. "Depuis une dizaine d'années, une quinzaine d'ingénieurs travaillent sur nos solutions de contrôle parentale", nous a expliqué Nicolas Lacourte, chef de produit au sein de cette entreprise parisienne (Profil Technology) qui est également connue pour éditer BitDefender en Europe.
Witigo propose des solutions pour la plupart des plateformes (ordinateur sous Windows et Mac, smartphone sous Android et iOS), mais elles n'ont pas toutes la même puissance.
"Cela dépend des possibilités que l'OS nous donne". Attardons nous sur Android qui est très populaires auprès des jeunes générations utilisant principalement des tablettes et des smartphones aux prix moyens voir bas. Rappelons aussi qu'Android est le système d'exploitation le plus utilisé au monde, si on mélange ordinateur, tablette et smartphone (près de 50%).
Le contrôle que Witigo peut effectuer sous Android "est assez puissant", et va très loin. Après avoir installé l'application sur la tablette ou le smartphone d'un enfant, ce dernier en cède une grande partie du contrôle au responsable (aux parents, par exemple).
"L'application de contrôle parental va bloquer l'utilisation d'autres navigateurs internet, lançant automatiquement celui de Witigo à la place".
Un navigateur très intelligent qui, "grâce à notre technologie ICE (Intelligent Content Evaluation), permet une analyse très fine (adresse, mots-clés, liens, images et sémantique), et reconnaît le contenu d’une page Web".
En 55 millisecondes, le contenu est analysé par les serveurs de Witigo (et non par le logiciel sur l'appareil mobile), et la page est autorisée ou bloquée.
Le blocage se fait en fonction de catégorie bien déterminée, que l'on peut cocher ou décocher, et auxquelles peuvent s'ajouter des filtres supplémentaires manuellement.
Witigo permet aussi, surtout sur Android à nouveau (le système d'exploitation des iPhone et des iPad, iOS, est nettement plus fermé et restrictif), d'empêcher l'exécution d'une application, ou d'une programmation horaire permettant un accès contrôlé à certaines applications. "Les parents peuvent décider, par exemple, d'interdire aux enfants d'aller sur Facebook ou sur internet en soirée ou durant la nuit", nous a expliqué Nicolas Lacourte.
Enfin, le site web qui permet aux parents de contrôler le filtrage du web et les accès aux applications, permet également à ces parents de débloquer certains sites ou certaines applications, à la demande des enfants. "Tout peut se faire très rapidement, les parents reçoivent un email et à distance, ils peuvent permettre à leurs enfants d'accéder à un site ou à une application bloqué".
Une bonne solution pour limiter l'accès à des contenus web et à des applications Android, mais qu'en est-il de Facebook ? Witigo est capable d'empêcher l'ouverture de Facebook, mais pas de contrôler ce que vos enfants y font…
Et au niveau de Facebook ?
Il faut donc s'intéresser au réseau social omniprésent dans la vie des enfants et des adultes de plus près. Etre le plu grand et le plus puissant des réseaux sociaux, cela entraîne des responsabilités envers la société qui sont toutes aussi grandes. Facebook assume et fait un gros travail d'éducation et d'information.
Plus qu'aucun autre site ou réseau social, Facebook a réagi face aux nombreux cas de harcèlement et d'atteinte à la dignité ou à la vie privée, investissant du temps, de l'argent et de l'énergie pour rendre son environnement plus sûr. Le réseau social a travaillé avec des universités. Des experts des relations humaines ont mis des mots simples sur des situations compliquées, ont contribué à la rédaction des nombreux conseils à destination des parents ou des adolescents.
Concrètement, cela se traduit par des dizaines de pages d'informations et de sensibilisation à la protection de sa vie privée, sur le site de Facebook. Il exsite, même en français, une "centre de sécurité" s'adressant aux parents dont les adolescents passent de plus en plus de temps sur le réseau social.
Mais l'idée de Facebook est aussi et surtout de s'adresser directement au titulaire du compte. Il existe donc un petit site web qui rassemble de nombreuses informations sur le harcèlement, avec des conseils concrets à l'attention des victimes et des parents. Cette petite plateforme a été rédigée en collaboration avec le "Centre de l'intelligence émotionnelle" de l'université de Yale. Les adolescents sont aiguillés vers les différentes solutions qui s'offrent à eux, et le tout est bien rédigé, en français, et avec beaucoup de justesse dans le ton. "Evitez la vengeance, parlez-en à des proches, etc".
Les logiciels de sécurité
Sachez enfin que les entreprises Norton et Kaspersky, notamment, ont développé des solutions permettant aux parents de surveiller ou limiter l'activité digitale de leurs enfants.
"Les applications dédiées à la sécurité en ligne des enfants ne sont pas nouvelles", nous a expliqué David Emm, un chercheur en sécurité du Kaspersky Lab. "Elles évoluent constamment, et c'est lié au fait que la nature de la menace a changé: jusqu'à il y a quelques années, les réseaux sociaux étaient une activité de niche, alors qu'ils occupent maintenant un rôle important dans la vie des jeunes".
Pour ce spécialiste, il y a différentes approches pour les parents. "Ils doivent prendre celle avec laquelle ils se sentent le plus à l'aise. Certains logiciels de contrôle parental aide les parents à cadrer l'activité de leurs enfants (limite du temps de connexion, blocage de l'accès à des contenus inapproprié, interdiction de publier des informations sensibles comme l'adresse de la maison ou un numéro de téléphone, etc)".
Mais "d'autres solutions vont plus loin, permettant aux parents d'être proactifs, en surveillant les communications des enfants (SMS, appels et réseaux sociaux), ou en pouvant connaître leur position à tout moment (grâce au smartphone)".
Les parents "doivent choisir l'approche qu'ils préfèrent", sachant qu'elle "peut évoluer avec le temps et l'âge des enfants".
Kaspersky Safe Kids existe en version gratuite et payante (une quinzaine d'euros), et rassemble une partie des fonctions vues précédemment: le contrôle parental de Windows au niveau de la limite d'utilisation et le filtrage de contenu web comme Witigo. Il ajoute la surveillance de l'activité publique de vos enfants sur Facebook, et de leurs appels / SMS sous Android (à nouveau, l'iPhone, plus verrouillé, et nettement plus difficile à contrôler) ; ainsi que la localisation (indique la position de votre enfant sur une carte en temps réel et vous envoie des alertes s'ils quittent la zone de sécurité que vous avez définie).
Tout se gère via un compte 'parents' à créer, et via une application ou un site web.
A voir, comme le dit notre spécialiste, jusqu'où vous souhaitez vous impliquez dans la surveillance de l'activité digitale de vos enfants, ou de vos enfants tout simplement…
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