Le professeur en maladies infectieuses Nathan Clumeck, l'épidémiologiste Marius Gilbert et l'infectiologue Leila Belkhir remettent en cause lundi, dans une carte blanche publiée dans Le Soir, la stratégie belge de gestion de crise du coronavirus. Ils proposent un plan B pour contrer l'escalade de désobéissance: une sorte de label "covid safe" pour pouvoir rouvrir divers endroits, non plus par secteur, mais de façon plus individualisée.
Culture, Horeca, commerce : la colère gronde dans plusieurs secteurs. Les demandes de perspectives claires se font insistantes. Face à cette situation et après un an de crise, trois experts parlent d'une seule voix, ce qui est assez rare. Leila Belkhir, Nathan Clumeck et Marius Gilbert publient une carte blanche dans le journal Le Soir, ce matin. Ils demandent une autre stratégie de lutte contre le coronavirus.
Ils veulent en finir avec cette politique d'ouverture-fermeture, secteur par secteur, appliquée maintenant depuis plus d'un an. Ces experts, infectiologues ou épidémiologistes, estiment aujourd'hui que cette approche de fermeture est dépassée. Elle risque même, selon eux, d'être à l'origine d'une escalade de désobéissance.
Marius Gilbert, épidémiologiste, explique cette démarche dans le journal de 8h ce matin sur Bel RTL. Il répond aux questions de Stéphanie Tuetey.
- Rouvrir et fermer des secteurs, ça ne tient plus, selon vous. Pourquoi ?
C'était une stratégie qui répondait à une urgence à un moment où c'était difficile de faire autrement, et qui a été nécessaire, mais la grosse difficulté, c'est qu'à l'intérieur de chaque secteur, les situations épidémiologiques sont différentes, et les risques aussi. Donc ça pénalise une série de lieux dans lesquels le risque de transmission est relativement faible, ou pourrait être réduit par des dispositifs de ventilation, ou des tests rapides, etc.
- On pourrait envisager de rouvrir un salon de coiffure, mais pas un institut de beauté, par exemple ?
Il faudrait voir ce qui est mis en place dans ces établissements pour la qualité de la ventilation, des protocoles, etc. On pourrait décider de garder un salon ouvert, et l'autre non, en fonction des dispositifs existant dans chaque établissement. Cette approche d'évaluation des risques endroit par endroit n'est pas nouvelle. C'est quelque chose qui est fait pour la sécurité incendie de tous les lieux publics. Les lieux sont visités par les pompiers pour vérification. On pourrait imaginer des dispositifs d'évaluation des risques lieux par lieux.
Un label "Covid Safe"
Le problème, selon ces trois experts, ce ne sont pas les restaurants, les coiffeurs ou les salles de spectacle. Ce sont plutôt les situations où "un grand nombre de personnes parlent, sans masque dans un lieu mal ventilé". Pour eux, il est temps de s'adapter : de vivre, non pas avec le virus, mais malgré le virus. Leur proposition : un label "Covid Safe", pour une approche plus individualisée, au cas par cas.
Les 3 experts demandent que chaque lieu fasse l'objet d'une analyse, et qu'en fonction de leur situation, ces lieux puissent rouvrir s'ils offrent suffisamment de garanties.
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