Les deux experts en charge d'informer le grand public au sujet du coronavirus n'utilisent pas toujours les mêmes termes, ce qui peut mener à des interprétations. Ainsi, Yves Van Laethem estime qu'il n'y a pas de deuxième vague mais peut-être des clusters en préparation alors que Marc Van Ranst évoque bien un début de deuxième vague en ce moment. Mais au final, les deux experts partagent la même vision.
La crise du coronavirus nous a montré que la communication dans ce genre de situation est primordiale. Le choix des mots est important pour éviter toute ambiguïté et mauvaise interprétation. Pour informer les citoyens belges sur le coronavirus, deux experts se partagent les plateaux de télévision et les colonnes des journaux: Yves Van Laethem côté francophone et Marc Van Ranst côté néerlandophone. Problème: chaque virologue a sa façon de s'exprimer et diffère parfois légèrement. Si bien que certains estiment qu'ils se contredisent.
Par exemple, ce matin sur Bel RTL, Yves Van Laethem s'est montré très rassurant sur une éventuelle 2e vague, expliquant qu'on n'y était pas. "Une seconde vague, non, une problématique qu'il faut résoudre au sein du pays, certainement. Ce n'est pas le retour des vacances en dehors de Belgique qui peut se manifester pour l'instant. Ceci est le signe de problèmes locaux de gestion, probablement dans les comportements", a expliqué Yves Van Laethem ce matin dans le RTL INFO 8H de Bel RTL. "C'est une situation qu'on a surtout dans certaines provinces, essentiellement la province d'Anvers et accessoirement le Limbourg et la Flandre Occidentale. Et donc c'est certainement quelque chose qu'il faut examiner dans les zones en question pour voir s'il ne s'y prépare pas des clusters à certains endroits."
De son côté, sur Radio 1, le virologue n°1 en Flandre Marc Van Ranst a estimé au contraire que "avec ces chiffres, on peut dire qu'on est au début d'une 2ème vague". Il prédit également que le nombre d'hospitalisations va de nouveau augmenter dans la foulée. Sur Twitter, le virologue rappelle que "lundi, il y a eu 216 nouveaux cas. Pour rappel, le 15 mars, nous avions 214 nouveaux cas. Le 17 mars, c'était le début du lockdown".
"C'est un électrochoc absolu. Tout le monde devrait s'y mettre: garder ses distances, porter un masque là où c'est nécessaire et limiter le nombre de contacts sociaux. La règle de 15 contacts par semaine n'a pas été adoptée par hasard et je sais que tout le monde n'y adhère pas", a ajouté le virologue et épidémiologiste à l'Université de Louvain (KUL). Selon M. Van Ranst, ces chiffres incluent déjà des gens qui commencent à revenir de vacances. "Nous devons d'urgence savoir d'où" ils reviennent, a-t-il souligné.
Contacté par notre rédaction, le virologue Marc Van Ranst relativise et affirme qu'il partage en réalité la vision d'Yves Van Laethem. Selon lui, les termes utilisés sont différents, mais les deux experts partagent bien la même vision de la situation: l'augmentation des cas traduirait peut-être la présence d'une vaguelette, mais les chiffres actuels ne permettent pas encore de confirmer cette hypothèse.
Un reconfinement localisé envisagé
Vu la montée des cas, la Première ministre Sophie Wilmès a demandé hier à Sciensano de communiquer à nouveau sur les cas quotidiens et non plus ceux des 7 derniers jours.
Depuis hier, les éventuelles mesures de reconfinement sont de plus en plus discutées. Yves Van Laethem n'exclut pas un reconfinement partiel, allant dans le sens des recommandations des experts qui conseillent le gouvernement. Ceux-ci prévoient déjà le scénario de la 2ème vague et les modalités pour la contrôler, dont un reconfinement local/provincial de tout ce qui avait rouvert petit à petit avec le déconfinement, dans l'ordre inverse. Ce qui avait rouvert en dernier fermera en premier. Seul changement qui ne serait pas un retour en arrière : les écoles ne refermeront pas. Si les chiffres continuent à évoluer dans la même direction, ce sera plutôt un renforcement des mesures, a avancé M. Van Ranst, qui ne prévoit toutefois pas (encore) de reconfinement complet. "C'est difficile à organiser sans (causer) d'énormes dégâts économiques. Nous allons donc devoir être très créatifs", a conclu le virologue.
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