Une stratégie de "pooling" permet de réduire les coûts. Ceux-ci avaient déjà été abaissés par les équipes de recherche de l'université qui produisent elles-mêmes presque l'entièreté du matériel et des produits nécessaires aux tests.
En Belgique, près de trois millions de tests ont déjà été réalisés. Avec l'aide des laboratoires et mutualités, l'Institut national d'assurance maladie invalidité (INAMI) a estimé le coût d'un test à 46,81 euros. Avec plus de 1,9 millions de factures de test reçues jusqu'à présent, l'INAMI a déjà déboursé 90 millions d'euros en remboursement (qu'il assure à 100%). Si le rythme élevé des tests (35.000/jour au cours de la dernière semaine) se poursuivait jusque fin décembre, la note pourrait grimper à près de 280 millions d'euros.
Mais il est possible d'abaisser la facture en se montrant inventif. À l'université de Liège (ULg), une ligne de tests vient d'être mise en route. Elle pourrait à terme atteindre une capacité de 12 à 15.000 tests par jour à un coût annoncé presque 4 fois inférieur. Comment est-ce possible ? Nous avons appelé Fabrice Bureau, le vice-recteur de l'ULg en charge de la Recherche.
6 en 1
La réduction drastique du coût est rendue possible par la stratégie du "pooling". Plutôt que de tester l'échantillon issu du prélèvement salivaire d'une personne (ce n'est pas un prélèvement par le nez comme pour le test standard) de manière individuelle, on rassemble 6 échantillons dans un seul tube. Et c'est ce tube de 6 échantillons qui est testé par PCR.
Si le résultat est négatif, cela signifie que les 6 échantillons sont négatifs. On a donc eu un résultat pour six fois moins cher que si on avait fait la PCR sur chaque échantillons individuel.
Par contre, si le résultat est positif, il faut revenir en arrière et tester chaque échantillon individuellement pour identifier lequel (ou lesquels) est (ou sont) positif(s).
Étant donné que la proportion de personnes contaminées reste extrêmement faible (le taux de positivité, bien qu'il soit en hausse, tourne autour des 3-4% en ce moment), cette technique de réduction du coût doit s'avérer efficace car un grand nombre de tubes à 6 échantillons devrait être négatif.
Lorsque nous avons appelé Fabrice Bureau ce lundi 21 septembre, la procédure achevait sa phase de test et devait être mise en application dans les jours à venir.
Fait maison, y compris les tubes en plastique
Mais, parallèlement, l'université de Liège mène déjà des tests standard (à partir de prélèvement par le nez) depuis plusieurs mois pour le compte de la plateforme fédérale de tests. Entre 6000 et 8000 échantillons sont contrôlés quotidiennement par 22 personnes. Et là encore, l'université de Liège s'est efforcée de réduire les coûts à chaque étape, pour chaque matériel. En fait, hormis les réactifs pour la PCR, l'université produit tout elle-même, des solutions pour extraire l'ADN au kit de prélèvement et jusqu'aux tubes produits en coulant du plastique dans des moules! "On a toute la filière, on est complètement autonome, le reste de la planète peut s'écrouler", dit en riant le vice-Recteur.
Cette voie a été décidée dès le début de l'épidémie alors que la pénurie menaçait de nombreuses fournitures de matériel.
Comme la pénurie n'a jamais touché les réactifs pour la PCR, l'université n'a jamais cherché à les faire elle-même. Aujourd'hui, ces réactifs constituent la partie la plus onéreuse.
Vos commentaires